Œuvres complètes de François CoppéeLibrairie Aldre HoussiauxPoésies, tome IV (p. 71-72).

DIMANCHE DE JUIN


 

NUL ne sait s’amuser que les petites gens,
Dont le repos plus rare a la gaîté plus franche.
Je m’en vais aujourd’hui ― c’est l’été, c’est dimanche ! ―
Laisser mes prétendus plaisirs intelligents.

Ma mignonne, les nids vibrent de joyeux chants ;
Dans le ciel enivré la lumière s’épanche.
Je veux, par les blés verts, suivre ta robe blanche,
Et cueillir avec toi de gros bouquets des champs.


Car, toi, tu sors du peuple, et jadis, pauvre fille,
Cachant sous tes gants frais des piqûres d’aiguille,
Tu connus la valeur des dimanches d’été.

A toi seule je dois quelques heures fleuries.
En route, et plantons là mes vaines rêveries.
Le bon soleil et toi, voilà la vérité !