Dieu gard celuy qui les sauts inventa
XL.
Arbres fueillus, dont la verdeur premiere
ombrage l’huis du palais nompareil,
Où le deſtin tient enclos ce bel œil
Qui me rauit de ſa viue lumiere,
Las ! pleuſt au fils de la blonde Eſcumiere
Qu’un iour prefix des l’Aube au doigt vermeil,
Iuſqu’au coucher des courſiers du Soleil,
Ie fuſſe vif ſous voſtre eſcorce Ormiere.
Deſpuis ce point, ie verrois curieux
Ma belle Nymphe, eſclatante à mes yeux,
Sans offenser ſes beautez que i’adore.
Ô grand amour, des grands Dieux le plus beau,
Pour exalter le brandon qui t’honore
Fay qu’en ce lieu ie reſſemble vn Ormeau.
XLI.
Dieu gard celuy qui les ſauts inuenta,
Soit Apollon, Philete, ou Athalante :
Sous les lauriers de ma dame excellente
I’eſtois-vn ſoir, dont mon feu s’augmenta.
Son frere aiſné de ſauter me tenta,
Moytout ſoudain ie diſpoſay ma plante
A ce contraſte, & la belle preſente
Promit le prix dont il ſe contenta.
Quand ie la vey, mon pied foible, & debile,
Par ſes atraicts, deuint fort, & agile,
Plus que jamais de gloire ambitieux :
Ô faict d’Icare ! ou du fils de Clymene !
Preſque mon chef il planta dans les Cieux,
Croyant ſauter entre les bras d’Helene.