Dictionnaire wallon-français (Remacle, 1e éd.)/Abahi

Chez C. A. Bassompierre (p. 65-66).
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Abahi, v. a. Abaisser, diminuer de hauteur, déprimer, dépriser, humilier, ravaler, avilir, disgracier. — Abahi on meur : Abaisser un mur, une muraille. — Abahi inn marchandeie : Dépriser une marchandise. — Abahi inn gin diss kiet tèr : déprimer, humilier, ravaler, avilir, quelqu’un sans pitié.

Abahi (s’), v. r. s’Abaisser, se soumettre, s’humilier, se ravaler, s’avilir, s’incliner, se baisser. — On deu s’abahi po s’maîss : On doit obéir, se soumettre à son maître. — Ginn sé k’main kon pou s’abahi komm soula : Je ne sais comment on peut se ravaler ainsi, s’avilir de cette manière. — S’abahi po woisté s’chapai : s’incliner pour saluer. — S’abahi po ramassé in ateg : Se baisser pour ramasser une épingle. — Abaisser au propre signifie diminuer la hauteur, la valeur, d’une chose : fig. compromettre sa dignité, perdre dans l’opinion, de son mérite personnel. Rabaisser, est abaisser de plus en plus ; il est le diminutif de ravaler. Déprimer s’emploie au propre et au figuré ; Dépriser ne se dit guère qu’en parlant de marchandises. Humilier quelqu’un, c’est le mortifier, le couvrir de confusion : on dit en terme de piété, humilier son cœur et son esprit devant Dieu. Avilir est rendre vil, abject, méprisable. L’homme modeste s’abaisse par noblesse de caractère ; le simple se rabaisse par inertie d’âme ; le rusé se ravale par une politique artificieuse. Les lâches et les méchans s’avilissent par bassesse, abjection, ou par l’instinct du crime. Enfin, lorsque s’abaisser est joint à la particule à, il signifie se dégrader : joint à la préposition devant, il signifie s’humilier : S’abaisser à des actions indignes d’un honnête homme : s’abaisser devant la justice divine. S’incliner, se baisser sont assez compris par les phrases wallonnes.