Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - O
O.
Odé fleurer, v. n. Répandre une odeur, exhaler une odeur, cela fleure bon.
On dit prov. & fig., d’une affaire qui paroît bonne & avantageuſe, cela fleure comme baume.
Flairer, ſentir, v. a. Sentir par l’odorat ; quand les chiens flairent la bête, flairez un peu cette roſe, il eſt enrhumé, il ne ſent rien.
Il ſe dit auſſi fig. & fam., pour dire, preſſentir, prévoir, il a flairé cela de loin.
Odeûre odeur, ſ. f. Senteur ; mauvaiſe odeur, bonne odeur.
Odeurs au pluriel ſe prend quelquefois pour toutes ſorte de bonnes odeurs ; ainſi on dit, qu’un homme craint les odeurs, pour dire, qu’il craint les odeurs, même celles qui ſeroient agréabes pour d’autres que lui.
Fumet, ſ. m. Vapeur qui s’exhale de certains vins & de certaines viandes & qui frappe agréablement l’odorat & le goût, un lapin qui a un grand fumet.
Ognai agneau, ſ. m. Le petit d’une brebis.
On dit d’une perſonne fort douce, qu’elle eſt douce comme un agneau, que c’eſt un agneau.
Ogn’lé agneler, v. n. Il ſe dit de la brebis qui met bas, une brebis prête à agneler.
Ogn’lïn agneline, adj. f. Il ſe dit de la laine des agneaux, Trév.
Ohai os, ſ. m. Partie du corps de l’animal, laquelle eſt dure, ſolide, compacte, deſtituée de ſentiment & qui ſert à attacher, à ſoutenir toutes les autres parties.
Il y a quelques poiſſons deſquels on dit les os quoiqu’en général on ſe ſerve du mot arête, pour déſigner leurs parties ſolides, os de baleine, os de ſêche.
On dit fam. d’une perſonne fort maigre, qu’elle n’a que la peau & les os, qu’elle a la peau collée ſur les os, que les os lui percent la peau.
On dit fam. qu’un homme ne fera pas vieux os, pour dire, qu’il mourra jeune.
On dit prov. & fig. de deux perſonnes qui pourſuivent la même choſe, que ce ſont deux chiens après un os.
Ohai â châſe affiquet, ſ. m. Petit bâton creux que les femmes portent à la ceinture pour ſoutenir leurs aiguilles lorſqu’elles font des bas.
Ohion oſſelet, ſ. m. On appelle oſſelets, de petits os avec leſquels les enfants jouent & qui ſont tirés de la jointure d’un gigot de mouton, jouer aux oſſelets.
Okulé écuſſonner, v. a. Enter en écuſſon ; tous les arbres que ce jardinier a écuſſonnés ſont bien venus.
Om homme, ſ. m. On dit prov. d’un méchant homme capable de faire toutes ſortes de mauvaiſes actions, que c’eſt un homme de ſac & de corde.
Mari, ſ. m. Epoux, celui qui eſt joint avec une femme par le lien conjugal, mari fâcheux.
On appelle mari commode un mari qui par intérêt ou par quelque autre raiſon, laiſſe vivre ſa femme peu réguliérement.
Onai aune, ſ. m. Arbre de bois blanc qui croît dans les lieux humides, des ſabots d’aune.
Onde oindre, v. a. J’oins, tu oins, il oint, nous oignons, j’oignois, j’oignis, j’ai oint, j’oindrai, que j’oigne, oignant, frotter d’huile ou de quelque autre choſe de ſemblable.
On dit prov. & fig. oignez vilain, il vous poindra, poignez vilain il vous oindra, pour dire, qu’en faiſant du bien à un mal-honnête homme, on n’en reçoit que du déplaiſir ; & qu’au contraire, en le gourmandant, on en tire ce qu’on veut.
On dîreu ki n’ſâreu d’coplé deu chin, on dit prov. d’une perſonne qui paroît ſimple & qui ne l’eſt pas, on diroit qu’elle ne ſait pas l’eau troubler.
One aune, ſ. f. Bâton qui ſert à meſurer, aune briſée.
Il ſe dit encore de la choſe meſurée, une aune de toile.
On dit prov. au bout de l’aune faut le drap, pour dire que les choſes iront juſqu’où elles pourront aller.
On dit prov. & fig. que les hommes ne ſe meſurent pas à l’aune, pour dire, qu’il ne faut pas juger de leur mérite par leur taille.
On dit auſſi prov. & fig., d’une choſe dont on a fait expérience à ſes dépens, qu’on ſait ce qu’en vaut l’aune.
Onk parmi l’ôte l’un portant l’autre, l’une portant l’autre, façon de parler adverbiale, pour dire, faiſant compenſation de ce qui eſt moindre dans l’un avec ce qui eſt meilleur dans l’autre.
Onnai anneau, ſ. m. Cercle qui eſt fait d’une matiere dure & qui ſert à attacher quelque choſe, paſſer une corde dans un anneau.
Anneau ſe dit particuliérement d’une bague, anneau nuptial.
Gimblette, ſ. f. Petite pâtiſſerie dure & ſeche, faite en forme d’anneau.
Oreie di lîve doucette, ſubſt. f. Sorte de petite herbe qu’on mange en ſalade.
Orîelette boucle, ſ. f. Ce que les femmes attachent à leurs oreilles pour ſe parer, des boucles d’oreilles, des boucles d’or, de diamans.
On appelle pendans d’oreilles, les parures de pierreries que les femmes attachent aux boucles qu’elle portent à leurs oreilles, des pendans d’oreilles de diamants
Oſteie pain à chanter, ſ. m. Pain ſans levain, coupé en rond, portant l’empreinte de la figure ou de quelque ſymbole de Jeſus-Chriſt, & que les prêtres conſacrent à la meſſe.
Oû œuf, ſ. m.
Ouhai oiſeau, ſ. m. Animal à deux pieds ayant des plumes & des ailes.
On dit prov. la belle plume fait le bel oiſeau, pour dire, que les beaux habits parent & ſervent à relever la bonne mine.
On dit prov. qu’à chaque oiſeau ſon nid eſt beau, pour dire, que chacun trouve ſa maiſon, ſa demeure belle.
On dit prov. il a battu les buiſſons & un autre a pris les oiſeaux, pour dire, il a bien eu de la peine, & un autre en a eu le profit.
On dit prov. ce n’eſt pas viande pour vos oiſeaux ; & cela ſe dit, ſoit pour faire entendre à quelqu’un que la choſe dont on parle eſt trop bonne pour un homme comme lui, ſoit pour lui faire connoître que ce que l’on dit excede ſa capacité. Ne touchez pas à cela, ce n’eſt pas viande pour vos oiſeaux, ce diſcours-là vous paſſe, ce n’eſt pas viande pour vos oiſeaux.
Oiſeau, ſ. m. Certaine petite machine dont les manœuvres ſe ſervent pour porter le mortier ſur leurs épaules, porter l’oiſeau.
Ouhe porte, ſ. m. Ouverture faite pour entrer dans un lieu fermé & pour en ſortir.
Porte ſe dit auſſi d’un aſſemblage de bois ou de fer qui tourne ſur des gonds, & qui ſert à fermer l’ouverture de la porte.
Oûïade œillade, ſ. f. (on prononce œuillade) regard, coup d’œil, jetter des œillades à la dérobée, il ſe prend ordinairement en bonne part.
Oûïe œil, ſ. m. L’organe de la vue, (on le prononce comme s’il y avoit un u entre l’e & l’i, & qu’il fût écrit œuil,) il fait au pluriel yeux, avoir les yeux creux, enfoncés, les yeux rudes, hagards, les yeux battus, effarés, chaſſieux, je n’ai pas fermé l’œil.
On dit qu’un homme a des yeux d’aigle, des yeux de lynx pour dire qu’il voit, qu’il decouvre les objets de loin.
On dit auſſi fig. qu’un homme a de bons yeux, pour dire qu’il a de la pénétration dans les affaires, qu’il n’eſt pas aiſé de le tromper, & qu’il a des yeux d’argus, pour dire, qu’il eſt fort vigilant, qu’il obſerve toutes choſes, & que rien n’échappe à ſon attention.
On dit par un proverbe tiré de l’évangile, qu’un homme voit une paille dans l’œil de ſon prochain, & qu’il ne voit pas une poutre dans le ſien, pour dire, qu’on s’apperçoit aiſément des défauts d’autrui quelque légers qu’ils puiſſent être, & que la plupart du temps on ne voit pas les ſiens, quelque grands qu’il ſoient.
On dit avoir l’œil à quelque choſe, ſur quelque choſe, pour dire, en avoir ſoins, y veiller, & avoir l’œil ſur quelqu’un, pour dire, prendre garde à ſa conduite.
On dit prov. que l’œil du maître engraiſſe le cheval, pour dire que quand un maître a ſoin de prendre garde à ce qui ſe paſſe dans ſon domeſtique, tout en va mieux.
On dit prov. en parlant des accidents communs de la vie, autant nous en pend à l’œil, pour dire, qu’il nous en peut arriver autant.
Oûïe di criſtal, on dit qu’un cheval a l’œil vairon, pour dire, qu’il a l’œil dont la prunelle eſt entourée d’un cercle blanchâtre, l’autre œil n’étant pas de même.
Oûïe aujourd’hui, adv. de temps qui ſignifie le jour où l’on eſt.
Oûïet œillet, ſ. m. (on prononce œuillet) petit trou qu’on fait à du linge, à des habits, pour paſſer un lacet, une aiguillette, un cordon, &c. faire un œillet à.
On appelle la porte de l’agrafe, la petite ouverture dans laquelle on paſſe le crochet d’une agraffe.
Ourbî orniere, ſ. f. Trace profonde que les rouges d’une charrette, d’un chariot, tomber dans une orniere, les chemins de traverſe ſont ordinairement pleins d’ornieres.
Ourdî ourdir, v. a. Diſpoſer les fils pour faire la toile, oudrir de la toile, ourdir la trame d’un drap.
Ourlet ourlet, ſ. m. Le repli, le rebord que l’on fait à du linge, à des étoffes de laine ou de ſoie, ſoit pour ornement, ſoit pour empêcher qu’elles ne s’effilent, ourlet rond, ourlet plat, faire un ourlet.
Ourli ourler, v. a. Faire un ourlet à du linge ou à quelque autre étoffe, ourler des ſerviettes.
Ourteie ortie, ſ. f. Eſpece de plante ſauvage & fort commune, dont la tige & les feuilles ſont piquantes, on appelle ortie morte, certaine ortie qui ne pique preſque pas.
Ourti ortier, v. a. Piquer avec des orties. Trév.
Oûve œuvre, ſ. f. Ce qui eſt fait, ce qui eſt produit par quelque agent & qui ſubſiſte après l’action.
Dans le ſtyle ſoutenu œuvre eſt quelquefois maſculin au ſingulier, un ſi grand œuvre, ce ſaint œuvre.
On dit prov. à l’œuvre on connoît l’ouvrier, pour dire, qu’on ne ſauroit juger d’un homme qui n’a encore rien fait ; que c’eſt par le mérite de l’ouvrage, qu’on juge du mérite de celui qui l’a fait.
On dit prov. & ironiquement bon jour bonne œuvre, quand on veut parler d’une méchante action faite le jour d’une grande fête, il avoit un ennemi, il le rencontra le jour de pâques ; & ce jour-là même, bon jour bonne œuvre il le tua.
On appelle œuvre pie, une œvre de charité faite dans la vue de Dieu.
On appelle œuvres de ſurérogation, les bonnes œuvres qu’on fait ſans y être obligé & généralement tout ce qu’on fait au-delà du devoir, ou au-delà de ce qui eſt néceſſaire pour l’affaire dont il s’agit, tout ce qui eſt obligation doit aller avant toutes les œuvres de ſurérogation. Ce ſont des œuvres de ſurérogation dont on ſe paſſeroit bien.
Ovrâve ouvrable, adj. de t. g. Il n’a d’uſage que dans ces phraſes, jour ouvrable, jours ouvrables, pour dire, les jours où les loix de l’Egliſe permettent de travailler.
On dit auſſi jour ouvrier.
Ovreg ouvrage, ſ. m. Œuvre, la façon, le travail que l’on emploie à faire quelque choſe, travailler à un ouvrage, vous ne regardez point combien il y a d’ouvrage à ce vaſe, à ce plafond.
Beſogne, ſ. f. Travail, ouvrage, ce que vous lui donnez à faire eſt une forte beſogne.
Il ſignifie auſſi l’effet du travail, l’ouvrage même qui réſulte du travail, gâter de la beſogne, il fait plus de beſogne que quatre.
On dit prov., ſelon l’argent la beſogne, pour dire, que les ouvriers travaillent ſelon qu’ils ſont payés, faire plus de bruit que de beſogne, pour dire, avoir plus de paroles que d’effet, tailler de la beſogne à quelqu’un, pour dire, lui donner de la peine, de l’exercice, & de l’embarras, aimer beſogne faite, pour dire, n’aimer pas à travailler, & s’endormir ſur ſa beſogne, pour dire, travailler nonchalamment.
Et ironiquement en parlant à un homme qui a gâté une affaire dont il s’eſt mêlé, on lui dit, vous avez fait une belle beſogne.
Ovreu ouvroir, ſ. m. Lieu où quelques ouvriers travaillent.
Ovrî ouvrier, ouvriere, ſ. celui, celle qui fait travaille de la main, qui fait quelque ouvrage, excellente ouvriere.
On dit, qu’une choſe eſt du bon ouvrier, pour dire, qu’elle eſt faite par l’ouvrier qui a le plus de réputation dans ce genre.
On dit prov., à l’œuvre on reconnoît l’ouvrier.