Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - E

chez J.F. Bassompierre (p. 52-62).

E.

Ebané brandonner, v. a. On dit brandonner un champ, pour dire, garnir de brandons les extrémités d’un champs, pour marquer qu’il eſt ſaiſi : on appelle brandons de la paille tortillée au bout d’un bâton.

Eblavé amuſer, v. a. Arrêter inutilement, faire perdre le temps, il ne faut rien, il ne faut qu’une mouche pour l’amuſer.

Occuper, v. a. Donner à travailler, il ſe débauchera ſi on ne l’occupe à quelque choſe, il y a là de quoi occuper pluſieurs ouvriers.

Eblavé (s’) s’occuper, v. réc. Travailler, s’appliquer à quelque choſe, y donner tout ſon temps, cette femme ne s’occupe que de ſon ménage.

Eblavé affairé, adject. Qui eſt accablé d’affaires ou qui feint de l’être, il eſt ſi fort affairé qu’il n’a pas une heure à lui, il fait l’affairé.

On dit en parlant d’un homme qui a beaucoup d’occupation, c’eſt un homme fort occupé.

Ecaſſé fouler, v. a. Preſſer fortement quelque choſe qui cede, qui ne réſiſte pas baucoup.

Ecellé enſellé, part. du verbe enſeller qui n’eſt point en uſage, il ſe dit d’un cheval qui a le dos un peu enfoncé comme le ſiege d’une ſelle, je ne veux pas de ce cheval là, il eſt enſellé, trop enſellé.

Ecenſe encens, ſ. m. Eſpece de gomme aromatique, il ſignifie auſſi fig. louange. Cette homme aime l’encens, on lui a donné de l’encens.

Ecenſé enſencer, v. a. Donner de l’encens, encenſer le célébrant, le peuple.

On dit fig. Encenſer quelqu’un, pour dire, le flatter par des louanges, on dit auſſi encenſer les défauts de quelqu’un.

Ecenſoir encenſoir, ſ. m. Eſpece de caſſolette qui prend à des petites chaînes & dont on ſe ſert dans l’Egliſe pour encenſer, tenir l’encenſoir.

Mette la main à l’encenſoir ſe dit figurément de ceux qui entreprenne ſur l’autorité de l’Egliſe.

On dit prov. & fig. Donner de l’encenſoir par le nez, pour dire, donner des louanges outrées, qui font voir qu’on ſe moque de celui qu’on loue ; ou donner des louanges groſſieres, qui bleſſent plus qu’elles ne flattent.

Echainé enchainer, v. a. Lier & attacher avec une chaine, enchainer un chien, enchainer des eſclaves.

Eclamé cramponner, v. a. Attacher avec un crampon, il faut cramponner cette piece de bois.

Eclawé enclouer, v. a. Piquer un cheval juſqu’au vif avec un clou lorſqu’on le ferre, ce cheval eſt aiſé à enclouer, le maréchal l’a encloué.

On dit qu’un cheval s’eſt encloué, pour dire, qu’en marchant il a rencontré un clou qui lui eſt entré dans le pied.

Eclawé encloué part. du verbe enclouer.

Ecloppé participe du verbe éclopper, qui n’eſt point en uſage, il ſignifie qui a quelque incommodité qui fait qu’il marche avec peine, il eſt écloppé.

Eclô clos, enclos, ſ. m. Eſpace de terre cultivé, & fermé de murailles, de haies, de foſſés, &c. un clos de vingt arpens, faire un clos.

Eclôre enclorre, v. a. Ce verbe quant aux temps ſimples n’eſt en uſage qu’aux trois perſonnes du ſingulier du préſent de l’indicatif, j’enclos, tu enclos, il enclôt ; au futur de l’indicatif j’enclorrai, & à celui du ſubjonctif, j’enclorois, clorre de murailles, de haies, de foſſés, il faut enclorre ce champ, enclorre ſon jardin de murailles.

Eclûſe entraves, ſ. f. pl. Ce qui ſert à lier les jambes d’un cheval, ou pour le dreſſer à l’amble, ou pour l’empêcher de s’éloigner trop du lieu où l’on veut qu’il paiſſe, mettre des entraves à un cheval.

Menottes, ſ. f. pl. Anneaux de fer qu’on met aux poignets d’un criminel.

Ecluſſî entraver, v. a. mettre des entraves, entraver un cheval.

Emmenotter, v. a mettre des fers ou des menottes aux mains d’un priſonnier, on emmenotte les criminels.

Ecoiſſe de front, façon de parler adverbiale qui ſignifie côte à côte, il marchoient tous trois de front.

Econbré encombré, v. a. Embarraſſer quelque lieu de gravois, de pierres & d’autres choſes, le paſſage étoit encombré.

Ecrâhî engraiſſer, v. a. Faire devenir gras, fertile, engraiſſer des bœufs, des cochons, engraiſſer des terres.

On dit prov. & fig. que l’œil du maître engraiſſe le cheval, pour dire, que quand on prend ſoin de ſes affaires, & que l’on ne s’en repoſe pas ſur les autres, elles en vont mieux.

Il ſignifie auſſi, ſouiller de graiſſe, engraiſſer ſes habits.

Oindre, v. a. J’oins, tu oins, il oint, nous oignons, j’oignois, j’oignis, j’ai oint, j’oindrai, que j’oigne, oignant, frotter l’huile ou de quelqu’autre choſe de ſemblable, oindre une tumeur avec de l’onguent.

On dit prov. & fig. oignez vilain, il vous poindra, poignez vilain, il vous oindra, pour dire, qu’en faiſant du bien à un mal-honnête homme, on n’en reçoit que du déplaiſir ; & qu’au contraire en le gourmandant, on en tire ce qu’on veut.

Graiſſer, v. a. Frotter, oindre de graiſſe, de quelque choſe d’onctueux, graiſſer des bottes, graiſſer les roues d’une charrette, d’un carroſſe.

On dit prov. graiſſez les bottes d’un vilain il dira qu’on les lui brûle, pour dire, que quand on ſe met en devoir de faire plaiſir à un homme de mauvaiſe humeur, il s’imagine qu’on veut li faire de la peine ; ou bien pour dire, qu’un avare pour ſe diſpenſer de la reconnoiſſance, ſe plaint même des ſervices qu’on lui rend.

On dit prov. & fig. graiſſer la patte à quelqu’un, pour dire, donner de l’argent à quelqu’un pour le corrompre, & on dit dans le même ſens, graiſſer le marteau pour dire, donner de l’argent au portier pour avoir une entrée libre.

Ecrâhî (s’) engraiſſer, v. n. & réc. Devenir gras, prendre de l’embonpoint, on a beau prendre ſoin de bien nourrir ce cheval, il n’engraiſſe point, ce cheval prendra corps & s’engraiſſera avec le temps.

On dit prov. d’un homme qui ſe porte bien dans le travail ou dans l’adverſité, qu’il s’engraiſſe de mal avoir.

On dit fig. & fam. qu’un homme s’eſt engraiſſé dans une affaire, pour dire, qu’il y a fait un grand gain, un grand profit.

Ecran écran, ſ. m. Sorte de meuble dont on ſe ſert l’hiver pour ſe parer de l’ardeur du feu, elle ſe mit devant moi pour me ſervir d’écran.

Paravent, ſ. m. Sorte de meuble fait ordinairement d’étoffe attachée ſur de grands chaſſis de bois, qui s’étendent & ſe plient l’un ſur l’autre & dont on ſe ſert dans les chambres en hiver pour ſe parer du vent, pour rompre le vent qui vient des portes. Des feuilles de paravent.

Ecrollé (s’) s’embourber, v. réc. On dit fig. s’embourber dans une méchante affaire, pour dire, s’y engager à ne pouvoir en ſortir que difficilement.

S’engager, v. réc. S’endetter, il eſt déjà endetté, & il s’engage tous les jours de plus en plus, je me ſuis bien engagé pour lui.

Ecrouhî (s’) s’engouer, v. réc. Embarraſſer, empêcher le paſſage du goſier, il buvoit & mangeoit ſi avidement qu’il s’eſt engoué.

Edamé entamer, v. a. Ôter une petite partie d’une choſe entiere, entamer du pain, entamer une piece de drap.

Edameurre entamure, ſ. f.

Edoirmi endormir, v. a. Faire dormir, endormez cet enfant, bercez-le pour l’endormir.

Il ſe prend fig. pour amuſer quelqu’un, afin de le tromper & de l’empêcher d’agir, il l’a endormi de belles paroles, avec de vaines eſpérances, par vaines promeſſes.

Il ſignifie auſſi engourdir, cela m’a endormi la jambe, il y a des remedes qui endorment le mal de dents.

Engourdir, v. a. rendre comme perclus, endormir une partie du corps, enſorte qu’elle ſoit preſque ſans mouvement & ſans ſentiment, le froid engourdit les mains.

On dit fig. étourdir la douleur, pour dire, l’endormir, empêcher qu’elle ne ſoit ſi ſenſible.

On dit auſſi étourdir la groſſe faim, pour dire, l’appaiſer.

On dit encore qu’une viande n’eſt qu’étourdie, pour dire, qu’elle n’eſt qu’à demi-cuite.

Edomagî endommager, v. a. Apporter du dommage à… Cela a endommagé les grains, les fruits, le mur eſt fort endommagé des coups de canon, il ne ſe dit que des choſes.

Intéreſſer, v. a. Faire quelque préjudice, cela ne vous intéreſſe en rien, ne vous intéreſſe en façon du monde.

Efilé enfilet, v. a. Paſſer un fil par le trou d’une aiguille, enfiler une aiguille, des perles, un chapelet.

On dit, enfiler un chemin, pour dire, prendre un chemin & le ſuivre.

Enferrer, v. a. Percer avec une épée, une pique, un hallebarde, un épieu, enferrer ſon ennemi, il s’eſt enferré lui-même.

On dit fig. s’enferrer, pour dire ſe nuire inconſiderément à ſoi-même par ſes paroles, par ſa conduite, il nous a conté ſon affaire, & en nous parlant, il s’eſt enferré lui-même, laiſſez-les venir, laiſſez-les parler, ils s’enferreront d’eux-mêmes.

Efoîhe forces, ſ. f. pl. Eſpece de grands ciſeaux dont on ſe ſert à tondre les draps, à couper des étoffes, des lames de laiton, de fer blanc &c. une paire de forces.

Forcettes, ſubſt. f. pl. Petites forces.

Efoirci (s’) enforcir, v. n. & réc. Devenir plus fort, ce cheval enforcit tous les jours, cet enfant a enforci de moitié, ce vin s’enforcira à la gelée.

Eforné enfourner, v. a. mettre dans le four, enfourner le pain.

On dit prov., à mal enfourner on fait les pains cornus, pour dire, que ſi l’on ne commence pas bien une affaire, & qu’on ne la prenne pas d’abord du bon biais, on a de la peine à en venir à bout.

Efoumî enfumer, v. a. Noircir par la fumée, la grande quantité de bougies, de chandelles enfument les meubles.

Saurer, v. a. Faire ſécher à la fumée, ſaurer des harengs.

Egagî engager, v. a. Mettre en gage, obliger à… Exciter, enrôler.

Egagî (s’) s’engager, v. réc. S’obliger pour quelqu’un ou à quelque choſe, s’embaraſſer dans… S’enrôler.

Eglom enclume, ſ. f. Maſſe de fer ſur laquelle on bat le fer, l’argent & autres métaux, battre ſur l’enclume, plus dur qu’une enblume.

On dit prov. & fig. être entre le marteau & l’enclume, pour dire, avoir à ſouffrir des deux côtés, être entre deux maux également fâcheux, & auſſi pour dire, être fort embarraſſé à ſe déterminer entre deux partis qui paroiſſent également haſardeux & difficiles.

Egordiné encourtiner, v. a. Fermer de rideaux, de courtines.

Egrouwéle écrouelles, ſcrofules, ſ. f. pl. Tumeur pituiteuſe & maligne, cauſée par des humeurs froides, & qui vient aux parties glanduleuſes, mais plus ordinairement à la gorge, le roi de France guérit des écrouelles en touchant les malades.

Ehalé embarraſſer, v. a. Cauſer de l’embarras, incommoder, cette charrette embarraſſe le chemin, ôtez votre manteau, il ne fait que vous embarraſſer.

Empêtrer, v. a. Il ſignifie au figuré embarraſſer, pourquoi m’avez-vous empêtré de cette femme-là ?

Enger, v. a. Embarraſſer, charger, il eſt vieux, il m’a voulu enger du plus ſot valet du monde, qui m’a engé de cet animal ?

Ehaleurre embarras, ſ. m. Tout ce qui embarraſſe.

Ehierchî entraîner, emporter, traîner, v. a. Arracher, enlever, emmener avec effort, avec rapidité, avec violence, les torrens entraînnent tout, la riviere traîne bien des immondices, bien du ſable.

Ejalé geler, v. a. Endurcir par le froit, pénétrer par un froid exceſſif, le froid a gelé les vins dans la cave.

Geler eſt auſſi neutre, les vignes ont gelé, la riviere à gelé, les doigts, les pieds lui ont gelé.

Glacer, v. a. Il ne ſe dit proprement que dans l’action par laquelle le froid fait congeler l’eau ou d’autres liqueurs, le grand froid glace les rivieres, glace le vin même.

Ejalé froidureux, euſe adj. ſujet à avoir froid, vous voilà bien vêtu pour la ſaiſon, vous êtes bien froidureux, il eſt du ſtyle fam. on dit mieux frileux, frileuſe.

Ejalé (s’) ſe geler, ſe congeler, ſe glacer, v. rec.

Glacer, v. n. Les fontaines d’eau vive ne glacent jamais, l’eſprit de vin ne glace point.

Ejaleurre engelure, ſ. f. Enflure aux pieds ou aux mains cauſée par un froid exceſſif, & accompagnée d’inflammation, avoir des engelures aux pieds, aux talons.

Gélivure, ſ. f. Défaut, maladie, dommage qui arrive aux arbres par de fortes gelées.

Ek’neie pincettes, ſ. f. pl. Uſtenſile de fer dont on ſe ſert pour accommoder le feu, une paire de pincettes, attiſer le feu avec des pincettes.

On dit pourtant quelquefois pincette au ſingulier dans cette acception, donnez-moi un peu la pincette.

Ekoidlé eſcogriffe, ſ. m. On appelle ainſi les hommes de grande taille & mal bâtis dont on veut ſe moquer, c’eſt un grand eſcogriffe, il eſt burleſque.

Ekoidleurre crampe, ſ. f. Contraction convulſive & douloureuſe qui ſe fait ſentir principalement à la jambe & au pied. Il lui prit une crampe en nageant.

Elére tirer, v. a. Choiſir, tirer d’un plus grand nombre avec choix, une préférence, trier du café. On a tiré ces ſoldats parmi les meilleurs troupes.

Élire, v. a. Il ſe dit principalement des perſonnes, élire un Pape, élire le plus digne.

Elexir élixir, ſ. m. Liqueur ſpiritueuſe extraite des parties d’une ou de pluſieurs ſubſtances. C’eſt la même choſe que ce que l’on nomme teinture, quinteſſence, extrait, c’eſt la ſubſtance la plus pure que l’on tire de certaines choſes, excellent élixir.

Emacralé enſorceler, v. a. Donner par le ſortilege, par maléfice, des maladies extraordinaires ou de corps o d’eſprit.

On dit fam. & par exagération qu’une femme enſorcelé quelqu’un, pour dire, qu’il en eſt enchanté, qu’il l’aime paſſionnément.

Emacraleurre enſorcellement, ſ. m. Action d’enſorceler, ou l’effet de cette action, le peuple ajoute trop facilement foi aux enſorcellements.

Emanchî emmancher, verb. a. Mettre un manche à quelque inſtrument, il faut emmancher une cognée.

On dit prov. & fig. Cela ne s’emmanche pas ainſi, ne s’emmanche pas comme vous penſez, pour dire, cela n’eſt pas ſi aiſé que vous penſez, ou bien ne s’ajuſte pas de cette ſorte.

Embréver, v. a. Faire entrer une piece de bois dans une autre.

Emboîter, v. a. Enchaſſer une choſe dans une autre, emboîter des tuyaux. C’eſt une merveille de voir comme la nature emboîte les os les uns dans les autres.

Il ſe dit auſſi des aſſemblages de menuiſerie & d’autres ouvrages de bois.

Enjôler, v. a. Tromper, engager par des paroles flatteuſes. Enjôler une femme, une fille, ce marchand l’a enjôlé, il eſt du ſtyle fam.

Emeiné guindé, part. On le dit d’une perſonne qui a l’air contraint, cet homme eſt toujours guindé.

Contraint, contrainte, adj. Gêné, il eſt oppoſé à naturel, il n’y a rien de contraint dans ſes actions.

Emuré murer, v. a. Boucher un porte ou une fenêtre avec de la maçonnerie, murer une porte. Ce marchand vendoit à faux poids, la police a fait murer ſa boutique.

On dit, ville murée, pour dire, une ville entourée de murs.

Enairî (s’) s’efforer, v. réc. Prendre l’eſſor, monter fort haut en l’air.

Enerrî à la renverſe, adv. Tomber à la renverſe, être couché à la renverſe ; c’eſt-à-dire, ſur le dos, le viſage en haut.

Enfantiſe enfantillage, ſ. m. Diſcours, manieres qui ne conviennent qu’à un enfant. Il ne ſe dit que des perſonnes qui ont paſſé l’enfance, pour un homme de votre âge, de votre caractere, voilà bien de l’enfantillage.

Enfleurre enflure, ſ. f. Tumeur, bouffiſſure qui ſurvient extraordinairement en quelque endroit du corps, une enflure qui vient d’une fluxion, d’un coup reçu.

Eng encre, ſ. f. Liqueur noire dont on ſe ſert pour écrire, cette encre eſt trop blanche. Bouteille à encre.

On dit, fig. & fam. Écrire de bonne encre, pour dire, en termes forts & preſſants & même menaçants.

Hameçon, ſ. m. Petit crochet de fer ou de fil d’archal, qu’on met au bout d’une ligne avec de l’appât, pour prendre du poiſſon, prendre du poiſſon à l’hameçon.

Enondaie eſcouſſe, ſ. f. Quelques pas qu’on fait en arriere pour mieux ſauter, pour s’élancer avec plus de force, de légéreté, prendre ſon eſcouſſe. Dans le même ſens on dit mieux, prendre ſon élan.

Ent chin & leû, on dit prov. & fig. Entre chien & loup, pour ſignifier cette partie du crépuſcule, pendant laquelle on ne fait qu’entrevoir les objets, ſans qu’on pût diſtinguer un loup d’un chien. Il étoit entre chien & loup quand nous apperçûmes je ne ſais quoi.

Entdrovi entr’ouvrir, v. a. Ouvrir à demi, entr’ouvrir la porte, les yeux.

Il eſt quelquefois, réc. Les roſes commencent à s’entr’ouvrir, à la fin ſes yeux s’entr’ouvrirent.

Entketté (s’) s’enquêter, s’enquérir, v. réc. S’informer, faire rechercher. Je m’enquiers, tu t’enquiers, il s’enquiert, nous nous enquérons, vous vous enquérez, ils s’enquierent, je m’enquerrai, enquiers-toi, qu’il s’enquiere, que je m’enquiere, que je m’enquiſſe, je m’enquerrois, enquérez-nous ſoigneuſement de cela. Je me ſuis enquis d’un tel, ou à un tel, ſi le bruit qui court eſt vrai, enquérez-vous-en à ceux qui le ſavent, je vous prie enquêtez-vous de cela.

On dit, prov. Il ne s’enquête de rien, ou abſolument, il ne s’enquête, pour dire, il ne ſe ſoucie, il ne ſe met en peine de rien.

Epafé (s’) ſe gorger, v. réc. Se remplir juſqu’à la gorge.

S’empiffrer, v. réc. Manger exceſſivement, il s’empiffra tellement à ce repas, qu’il en fut malade, il eſt du ſtyle fam.

Epaichî (s’) s’empêcher, ſe défendre, v. réc. S’abſtenir de, je ne puis m’empêcher de vous donner cet avis. On l’a prié de ſi bonne grace de faire cela, qu’il n’a pu s’en défendre.

Epak’té empaqueter, v. A. Mettre en un paquet, empaquetez tous ces habits.

Epaſſé empêtrer, v. a. Engager, il ſe dit proprement des pieds. Ce cheval s’eſt empêtré, il s’eſt empêtré dans ſes traits.

Epaſturé entraver, v. a. Mettre des entraves, entraver un cheval.

Epeigne empeigne, ſ. f. La partie de deſſus d’un ſoulier, l’empeigne de ce ſoulier eſt trop dure.

Epoirté emporter, v. a. Prendre une choſe dans un lieu & la porter dans un autre. Couper, entrainer, vaincre.

On dit, prov. Emporter de haute lutte, pour dire, l’emporter de hauteur, malgré l’oppoſition.

Epoirté (s’) s’emporter, v. réc. Se fâcher violemment, s’abandonner à la colere, il s’emporte pour un peu qu’on le contrediſe, s’emporter contre quelqu’un.

Se cabrer, v. réc. Dans le propre il ne ſe dit que du cheval, & ſignifie ſe dreſſer ſur les pieds de derriere ; mais au figuré il ſignifie ſe mettre en colere. Ne lui dites pas cela, vous le ferez cabrer.

Epoirté l’chet emporter le chat, façon de parler adverbiale qui ſe dit d’un homme qui ſort d’une maiſon ſans dire adieu à perſonne.

Epronté emprunter, v. a. Demander & recevoir en prêt, emprunter un cheval de quelqu’un, à quelqu’un.

On dit, avoir un air emprunté, pour dire, avoir un air embarraſſé, contraint, qui n’eſt point naturel.

Epufkiné empuantir, empeſter, v. a. Infecter, répandre une mauvaiſe odeur, la communiquer. Un cloaque, un égoût qui empuantit tout le quartier, il a empuanti, il a empeſté tout le monde de ſon haleine.

Ereinté éreinter, v. a. Fouler ou rompre les reins, ſi vous lui mettez un fardeau ſi peſant ſur le dos, vous l’éreinterez.

Ereſcoulan à reculons, adv. En reculant, allant en arriere, les écreviſſes vont à reculons. Les cordiers travaillent à reculons.

Il ſignifie, fig. En empirant, toutes ſes affaires vont à reculons, il n’eſt que du ſtyle fam.

Eſbaré effaroucher, v. a. Epouvanter, effrayer, faire éloigner, effaroucher des pigeons, effaroucher le gibier.

Eſchanté enchanter, v. a. Charmer, enſorceler par des ſons, par des paroles, par des figures, par des opérations magiques.

Il ſignifie auſſi fig. Surprendre, engager par des paroles, par des attraits. Cette femme eſt belle & artificieuſe, elle l’enchantera.

Il ſignifie auſſi, ravir en admiration. Je vous l’avoue, cette muſique, cette piece m’a enchanté.

Eſkerpin eſcarpin, ſ. m. Sorte de ſoulier à ſimple ſemelle.

Eſnondé ébranler, v. a. Faire mouvoir, ébranler une cloche.

Eſnondé (s’) s’élancer, v. réc. Se lancer, ſe jetter en avant avec impétuoſité, ſon cheval s’étant élancé.

Eſnondé empreſſé, adj. Qui agit avec ardeur, qui ſe donne beaucoup de mouvement pour le ſuccès de ce qu’il a entrepris.

Eſpagnoûlette eſpagnolette, ſ. f. Eſpece de ſerrure pour les fenêtres.

Eſpece eſpece, ſ. f. Sorte, il ſe dit des choſes & des perſonnes. Voilà des poires d’une belle, d’une bonne eſpece.

On dit, il vint une eſpece de valet de chambre, pour dire, un homme qui avoit la mine, l’apparence d’un valet de chambre.

Engeance, ſ. f. Race, il ne ſe dit proprement que de quelques animaux domeſtiques & particuliérement de certaines eſpeces de volatilles. Ces canes ſont d’une belle engeance, des poules de la grande engeance.

Eſprende allumer, v. a. Mettre le feu à quelque choſe de combuſtible, allumer la lampe, allumer de la chandelle. On dit, allumer le feu, du feu, pour dire, allumer le bois qui eſt dans le foyer.

Eſprende (s’) s’allumer, v. réc. Du bois qui a bien de la peine à s’allumer.

S’embraſer, v. réc. Prendre feu. Cette matiere s’embraſe facilement.

Eſs’ â quoir di ſe cink ſen, être à cul, être à bout. Façon de parler adverbiales qui ſignifient ne ſavoir plus que devenir, n’avoir plus aucune reſſource : voilà qu’il eſt à cul.

Eſs’ a ſe croſſe être ſur ſes crochets, prov. & fig. Vivre à ſes dépens.

Eſſe ſot le rin on dit, prov. & fig. Être ſur les crochets de quelqu’un, pour dire, vivre aux dépens de quelqu’un.

Eſtal copeau, ſ. m. Éclat, morceau de bois que la hache, la doloire, le rabot ou quelqu’autre inſtrument tranchant font tomber du bois qu’on abat ou qu’on met en œuvre. Gros copeaux, menus copeaux, ce charpentier gâte bien du bois, il fait plus de copeaux que de bonne beſogne.

Eſtal ou hinon d’gorai attel, ſ. m. Terme de charretier. Morceaux de bois chantournés, qui s’élevent au-deſſus des colliers des chevaux de harnois.

Eſtené étourdir, abaſourdir, v. a. Cauſer dans le cerveau quelqu’ébranlement qui ſuſpend en quelque ſorte la fonction des ſens, rompre la tête à force de bruit & de criaillerie, il lui donna ſur la tête un coup de bâton qui l’étourdit, vous m’étourdiſſez avec votre caquet, vous m’étourdiſſez les oreilles.

Étonner, v. a. Il ſignifie fig. ébranler, faire trembler par quelque grande, quelque violente commotion, le branle des cloches a étonné ces maiſons là, qu’il eſt à craindre qu’elles ne tombent, ce coup ne lui a point fait de plaie, mais il lui a étonné le cerveau.

Et de rawette & haïe au bout, façon de parler proverbiale, qui ſignifie quelque choſe par deſſus. Cet emploi lui vaut par an mille francs & haïe au bout.

Eteré enterrer, v. a. Inhumer un corps mort, enfouie, mettre en terre, on l’a enterré avec beaucoup de pompe, quand on a arraché du plant, il faut l’enterrer promptement de peur qu’il ne ſe ſeche.

On dit fig. Qu’il ne faut pas enfouir, enterrer le talent que Dieu nous a donné, & abſolument qu’il ne faut pas enfouir le talent, pour dire, qu’il ne faut pas laiſſer inutile le talent qu’il a plu à Dieu de nous donner.

Eteré (s’) ſe terrer, v. réc. Il ne ſe dit au propre que de certains animaux, pour ſignifier, ſe cacher ſous terre. Ce lapin, ce renard s’eſt terré quand il s’eſt vu pourſuivi.

On dit communément que des gens de guerre ſe ſont bien terrés, pour dire, qu’ils ſe ſont bien mis à couvert par des travaux de terre, que le feu des ennemis ne leur peut nuire.

Eteſſeu calvanier, ſ. m. Homme de journée qui entaſſe les gerbes dans la grange.

Etonné entonner, v. a. Verſer une liqueur dans un tonneau, il faut prendre garde que les futailles ſoient bonnes avant que d’y entonner le vin.

Il ſignifie auſſi, chanter le commencement, les premieres paroles d’une Hymne d’un Pſeaume, d’une Antienne, entonner le Magnificat.

On dit, fam. d’un homme qui boit beaucoup, qu’il entonne bien.

Etoûré entourer, ceindre, enceindre, v. a. Environner, le prince étoit entouré de ſes gardes, ceindre, enceindre, entourer une ville, un pré de murailles, de haies, &c.

Euraie repas, ſ. m. Réfection, nourriture que l’on prend à certaines heures réglées. Il ſe dit principalement du dîner & du ſoupé.

On dit, faire ſes quatre repas, pour dire, déjeûner, dîner, goûter, & ſouper.

Evairî emblaver, v. a. Semer une terre de blé, emblaver une terre.

Ewal à l’uni, adv. De niveau, il y avoit du haut & du bas dans ce jardin, on a mis tout à l’uni.

Ewalé égaler, dreſſer, v. a. aplanir, rendre uni. Cette allée eſt raboteuſe, il faut l’égaler, la dreſſer.

Ewalpé envelopper, v. a. Mettre autour de quelque choſe une étoffe, un linge, &c. qui enferme, qui environne de tous côtés. Envelopper des habits.

Emmitoufler, v. a. Envelopper quelqu’un de fourrures & autres choſes pour le tenir chaudement & à ſon aiſe, principalement par la tête & par le cou, il faut bien emmitoufler ce vieillard par le froid qu’il fait, il eſt du ſtyle fam.

Embéguiner, v. a. Envelopper la tête de linge ou d’autre choſe en forme de béguin, qui vous a embéguiné ſi plaiſamment ?

Empailler, v. a. Envelopper de paille, il faut bien empailler ces boîtes, ces porcelaines.

Ewalpé (s’) s’emmitoufler, s’empaqueter, v. réc. S’envelopper, il s’empaqueta dans ſon manteau, cette femme étoit empaquetée, emmitouflée dans ſes coiffes.

On dit, prov. Jamais chat emmitouflé ne prit ſouris, pour dire, que pour faire certaines choſes qui demandent quelque liberté d’action, il ne faut être embarraſſé de rien qui empêche d’gir.

Ewaré épouvanter, effrayer, étourdir, étonner, v. a. Cauſer de l’épouvante, de la frayeur, de l’étonnement. Vous m’avez effrayé, étourdi par cette nouvelle, il penſoit m’épouvanter, mais je ne m’étonne pas pour le bruit.

Surprendre, émerveiller, v. a. étonner, donner de l’admiration, cela a émerveillé tout le monde, il n’a guère d’uſage qu’au paſſif & au réciproque, tout le monde en a été émerveillé, qui ne s’en émerveilleroit ?

Effaroucher voy. esbaré.

Ewaré alarmé, effrayé, épouvanter, adj. Ces mots déſignent en général l’état actuel d’une perſonne qui craint & qui témoigne ſa crainte par des ſignes extérieurs, épouvanté eſt plus fort qu’éffrayé, & celui-ci qu’alarmé.

On eſt alarmé d’un danger qu’on craint ; effrayé d’un danger paſſé qu’on a couru ſans s’en appercevoir ; épouvanté d’un danger préſent.

Effaré, ſtupéfait, part. Qui eſt tout troublé, tout hors de ſoi, il eſt venu tout effaré nous dire que …

Ewareurre alarme, terreur, frayeur, crainte, peur, appréhenſion épouvante, ſ. f. Effroi, ſ. m. Termes qui déſignent tous les mouvements de l’ame, occaſionés, par l’apparence ou par la vue du danger.

L’alarme naît de l’approche inattendue d’un danger apparent ou réel, qu’on croyoit d’abord éloigné.

La terreur naît de la préſence d’un événement ou d’un phénomene que nous regardons comme le pronoſtic & l’avant-coureur d’une grande cataſtrophe, la terreur ſuppoſe une vue moins diſtincte du danger que l’alarme, & laiſſe lus de jeu à l’imagination, dont le preſtige ordinaire eſt de groſſir les objets. Auſſi l’alarme fait-elle courir à la défenſe, & la terreur fait-elle jetter les armes.

L’effroi & la terreur naiſſent l’un & l’autre d’un grand danger ; mais la terreur peut être panique, & l’effroi ne l’eſt jamais, il ſemble que l’effroi ſoit dans les organes & que la terreur ſoit dans l’ame, la terreur a ſaiſi les eſprits, les ſens ſont glacés d’effroi : un prodige répand la terreur, la tempête glace d’effroi.

La frayeur naît ordinairement d’un danger apparent & ſubit : vous m’avez fait frayeur, mais on peut être alarmé ſur le compte d’un autre, & la frayeur nous regarde toujours en perſonne : ſi l’on a dit à quelqu’un, le danger que vous alliez courir m’effrayoit, on s’eſt mis alors à ſa place, la frayeur ſuppoſe un danger plus ſubit que l’effroi, plus voiſin que l’alarme, moins grand que la terreur.

L’épouvante a ſon idée particuliere : elle naît, je crois, de la vue des difficultés à ſurmonter pour réuſſir, & de la vue des ſuites terribles d’un mauvais ſuccès, le projet de la fameuſe conjuration contre la république de Veniſe auroit épouvanté tout autre que le marquis de Bédemar, dont le génie puiſſant planoit au-deſſus de toutes les difficultés.

La crainte naît de ce que l’on connoît la ſupériorité de la cauſe qui doit décider de l’événement. La peur d’un amour exceſſif de ſa propre conſervation, & de ce que, connoiſſant ou croyant connoître la ſupériorité de la cauſe qui doit décider de l’événement, on eſt convaincu qu’elle ſe décidera pour le mal, on craint un méchant homme ; on a peut d’une bête farouche. Il eſt juſte de craindre Dieu, parce que c’eſt reconnoître ſa ſupériorité infinie en tout genre & avouer notre foibleſſe : mais en avoir peut c’eſt en quelque ſorte blaſphêmer, parce que c’eſt méconnoitre celui de ſes attributs dont il ſemble lui-même ſe glorifier le plus, ſa bonté toujours miſéricordieuſe.

L’appréhenſion eſt une inquiétude qui naît ſimplement de l’incertitude de l’avenir, & qui voit le même degré de poſſibilité au bien & au mal.

L’alarme naît de ce qu’on apprend, l’effroi de ce qu’on voit, la terreur de ce qu’on imagine, la frayeur de ce qui ſurprend, l’épouvante de ce qu’on préſume, la crainte de ce qu’on ſait, la peur de l’opinion qu’on a, & l’appréhenſion de ce qu’on attend.

La préſence ſubite de l’ennemi donne l’alarme, la vue du combat cauſe l’effroi, l’égalité des armes tient dans l’appréhenſion, la perte de la bataille répand la terreur, les ſuites jettent l’épouvante parmi les peuples & dans les provinces ; chacun craint pour ſoi ; la vue du ſoldat fait frayeur ; on a peur de ſon ombre.

Étonnement, ſ. m. Surpriſe, conſternation, ſ. f. Un événement imprévu, ſupérieur aux connoiſſances & aux forces de l’arme, lui cauſe les ſituations humiliantes qu’expriment ces trois mots, mais l’étonnement eſt plus dans les ſens & vient de choſes blâmables ou peu approuvées, la ſurpriſe eſt plus dans l’eſprit, & vient de choſes extraordinaires, la conſternation eſt plus dans le cœur, & vient de choſes affligeantes.

Le premier de ces mots ne ſe dit guere en bonne part ; le ſecond ſe dit également en bonne & mauvaiſe part ; & le troiſieme ne s’emploie jamais qu’en mauvaiſe part, la beauté d’une femme ne cauſe point d’étonnement, & ſa laideur produit quelquefois cet effet, la rencontre d’un ami, comme celle d’un ennemi, peut cauſer de la ſurpriſe, un accident qui attaque l’honneur ou qui dérange la fortune eſt capable de jetter dans la conſternation.

L’étonnement ſuppoſe dans l’événement qui le produit une idée de force ; il peut frapper juſqu’à ſuſpendre l’action des ſens extérieurs, la ſurpriſe y ſuppoſe une idée de merveilleux ; elle peut aller juſqu’à l’admiration, la conſternation y en ſuppoſe une de généralité ; elle peut pouſſer la ſenſibilité juſqu’à un entier abattement.

Les cœurs bien placés ſont toujours étonnés des perfidies, quelque fréquentes qu’elles ſoient, le peuple eſt ſurpris de beaucoup d’effets naturels, dont il enrichit la liſte des miracles ou des ſortileges. Dans les calamités publiques & dans les maux preſſants, on eſt conſterné, parce qu’on manque de reſſources, ou qu’on ſe défie de celles qu’on a. Synonymes françois de M. l’abbé Girard.