Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - A

chez J.F. Bassompierre (p. 7-15).

A.


Abatou appentis, ſ. m. Bâtiment bas, qui eſt appuyé contre un plus haut & dont la couverture n’a qu’un égout. Angar ou Hangar, ſubſt. maſc. (H. s’aſpire) eſpèce de remiſe deſtinée pour des charettes.

Abatte deux geie d’on cô d’warokai, faire d’une pierre deux coups, prov. Qui ſignifie, prendre occaſion en faiſant une affaire d’en faire une autre dans le même temps.

Abeie aloſe, ſ. f. Sorte de poiſſon de mer, qui remonte ordinairement au printemps dans les rivieres.

Abîmé ſalir, ſouiller, crotter, v. a. Vous crotterez votre ſoutane, ſi vous la laiſſez traîner.

Abloucné boucler, v. a. Attacher avec une boucle, boucler ſes ſouliers.

Abois’né abreuver ou combuger, v. a. Remplir d’eau des Tonneaux pour les imbiber avant que de les employer.

Aviner, v. a. Imbiber de vin, on l’employe principalement au participe. Les futailles avinées ſont les meilleures.

Abon aubier ou aubour, ſubſt. maſc. La partie du bois la plus tendre & la plus proche de l’écorce, & qui eſt d’un blanc jaunâtre.

Abouté avancer, v. a. Pouſſer en avant, porter en avant.

Abrokeg afforage, ſ. m. Droit qui ſe paye à un Seigneur pour la vente du vin.

Abrokî mettre en perce, v. a. Faire une ouverture au Tonneau pour en tirer la liqueur.

Foncer ou fondre, v. n. Attaquer impétueuſement & tout-à-coup, le chien fondit ſur moi.

Abuvré abreuver, v. a. Faire boire, mener à l’abreuvoir, en ce ſens il ne ſe dit proprement que des bêtes & particuliérement des Chevaux.

Acalandé achalander, v. a. Faire avoir des chalands, des pratiques.

Acatt’, acatte au chat, au chat, expreſſion dont on ſe ſert pour faire fuir un chat.

A Cavaïe à califourchon, adv. Il ſignifie la ſituation d’une perſonne qui eſt aſſiſe jambe de-cà jambe de-là ſur quelque choſe, être à califourchon ſur un bâton.

Aclapé (s’) s’acculer ou s’adoſſer, v. réc. Se mettre contre quelque choſe, il s’accula contre la muraille.

Acmoid (s’) s’habituer v. réc. s’accoutumer en un lieu.

Acoï accueillir, aſſaillir, v. a. Ils ſe diſent fig. De tous les accidents fâcheux, qui arrivent à quelqu’un, tous les malheurs du monde l’ont accueilli, l’orage nous aſſaillit.

Acomôdâve accommodant, adj. Perſonne accommodante.

Acomôdé (s’) com chins & chet, s’accorder comme chiens & chats, prov. Ne pouvoir vivre enſemble.

Acoufté (s’) ſe blottir, ſe tapir, v. réc. Se mettre tout en un tas, ſe blottir dans le lit, les perdrix ſe blottiſſent devant le chien.

Acoukî (s’) accoucher, v. n. Enfanter, elle eſt accouchée de deux jumeaux.

Acreure faire crédit, & acheter à crédit, on dit, prov. Faire crédit depuis la main juſqu’à la bourſe, pour dire, ne faire aucun crédit.

Acropi (s’) s’accroupir, v. réc. Les peuples du levant s’accroupiſſent pour uriner.

Acſeignî indiquer, v. a. Montrer, il m’indiqua ce paſſage, cette loi.

Acſûre atteindre, v. a. Frapper de loin avec quelque choſe, il l’atteignit d’un coup de pierre.

Adaré, fondre voyez Abroki.

Adegnî bonneter, v. a. Faire des ſollicitations ſoumiſes & fréquentes. Je ne ſaurois tant bonneter ces Meſſieurs, il veut être bonneté, il eſt du ſtyle fam.

Adg’té on chet d’vin on ſeg, acheter chat en poche, prov. Qui ſignifie faire marché d’une choſe ſans la connoître & ſans la voir.

Adiercî réuſſir, v. n. Le tailleur a réuſſi dans la façon de cet habit & non pas, a réuſſi cet habit. On dit que des fruits réuſſiſſent dans un terroir, pour dire, qu’ils y viennent bien.

Adieſſe adreſſe, dextérité, ſ. f.

Adioſſe façon, ſ. f. Manière d’agir contrainte & embarraſſante par trop de cérémonies, voilà bien des façons pour une choſe de rien.

Aduré daigner, v. a. S’abaiſſer jufqu’à vouloir bien, il eſt toujours ſuivi d’un infinitif, il demande que vous daigniez l’écouter, il n’a pas daigné lui faire réponſe.

Aduri endurcir, v. a. Le travail endurcit le corps, s’endurcir au travail.

Aduzé toucher, v. a. Mettre la main ou le pied ſur quelque choſe.

Advinat énigme, ſ. f. Sorte d’ouvrage d’eſprit où ſans nommer une choſe, on la décrit par ſes cauſes, ſes effets & ſes propriétés, choſe obſcure, deviner un énigme, vous parlez par énigme.

Afait à fur & à meſure, adv. À meſure que.

Afamé affamer, v. a. Irriter la faim, épargner l’étoffe à quelque choſe, affamer un habit.

Afii (s’) ſe confier, v. réc. Compter, ſe repoſer, je me confie en la providence de Dieu, il s’eſt confié en ſes amis, en ſes forces.

Afilé affiler, v. a. donner le fil à un inſtrument qui coupe, l’affuter, l’aiguiſer, affiler le tranchant d’un raſoir.

Afilouté filouter, v. a. voler avec adreſſe, tromper.

Afiné ébouillir, v, n. (Il ne s’emploie guere qu’à l’infinitif & au part.) Diminuer à force de bouillir, ne laiſſez pas tant ébouillir cette ſauce, elle ſera trop ébouillie.

Aflig Bardane, ſ. f. Glouteron, ſ. m. Plante qui croit le long des chemins & qui porte des petits boutons barbus, qui s’attachent aiſément aux paſſants.

Afolé eſtropier, v. a. Ôter l’uſage d’un membre ſoit par une bleſſure, ſoit par quelque coup.

Afoleurre foulure, ſ. f. Mal qui vient pour avoir quelque nerf foulé.

Afoncé fouir, v. a. Creuſer, il ne le dit proprement que de la terre, fouir un puits.

Enfoncer, v. a. Mettre au fond, enfoncer un vaiſſeau dans l’eau, il eſt auſſi neutre, & ſignifie aller au fond, pénétrer bien avant. La nacelle enfonça dans l’eau, un Cheval qui enfonce dans la boue juſqu’au poitrail.

Afondré abymer, v. a. Précipiter dans un abyme, les cinq villes que Dieu abyma.

Afondré (s’) abymer, v. n. Tomber dans un abyme, toute cette ville abyma en une nuit.

Embourber, (s’) v. réc. Se mettre dans la bourbe. Le Carroſſe s’eſt embourbé, on dit qu’un cocher, qu’un charretier s’eſt embourbé, pour dire, qu’il a embourbé ſa voiture.

Afroï frayer, v. a. Frayer le chemin.

Afroï (s’) prêter, v. n. Il ſe dit du cuir & des étoffes qui s’étendent aiſément, ce ſoulier prêtera.

Afronté affronter, v. a. Tromper ſous prétexte de bonne foi.

Abuſer une fille, la ſéduire, la ſuborner, il a abuſé cette pauvre fille ſous promeſſe de mariage.

Afûlé affubler, v. a. Couvrir le corps ou le viſage de quelque habillement, de quelque voile, on l’affubla d’une longue robe, il eſt du ſtyle fam. On s’en ſert plus ordinairement avec le pronom perſonnel, elle s’affubla d’une longue mante.

Enchauſſer, v. a. Terme de jardinage ; il ſe dit des légumes que l’on couvre de paille ou de fumier pour les faire blanchir ou pour les préſerver de la gelée.

Agenî (s’) s’agenouiller, v. réc. Se mettre à genou.

Agrafé (s’) ſe cramponner, v. réc. S’attacher fortement à quelque choſe pour n’en être pas arraché, il ſe cramponne ſi fort à ces barreaux, qu’on ne peut l’en tirer.

Agriffer, (s’) v. réc. S’attacher avec les griffes, le chat s’agriffa à la tapiſſerie.

Agrap agrafe, ſ. f. Sorte de crochet qui paſſe dans un anneau, qu’on appelle la porte de l’agrafe, & qui ſert à attacher enſemble différentes choſes.

Agrapé agrafer, v. a. Attacher avec une agrafe.

Agrawî gripper, v. a. Attraper, ravir ſubtilement, il ſe dit proprement du chat & de quelques autres animaux, le chat a grippé ce morceau de viande, il a grippé la ſouris à la ſortie du trou.

Agrigî (s’) s’évertuer, v. réc. S’exciter ſoi-même & s’efforcer pour ſe porter à quelque choſe de bon, il languiſſoit dans l’oiſiveté, mais à la fin il s’eſt évertué.

Agueſſe pie ou agace ſ. f. On dit prov. Jaſer comme une pie, jaſer comme une pie borgne, pour dire, parler beaucoup, on dit prov. & par plaiſanterie d’un homme qui croit avoir fait quelque découverte importante, qu’il croit avoir trouvé la pie au nid. On appelle pie ou Cheval Pie, un Cheval blanc & noir, il montoit une pie.

Cor, ſ. m. Sorte de durillon qui vient aux pieds, avoir un cor à l’orteil, arracher les cors des pieds.

Ahafté accrocher, v. a.

Ahafté (s’) s’accrocher, v. réc, S’attacher à quelque choſe, ſa robe s’accrocha à des ronces.

Ahâî agréer, v. n. Être au gré, cela ne m’agrée pas.

Ahap à peine, adv. Preſque pas. À peine a-t-il le néceſſaire.

Ahené herſer, v. a. Paſſer la herſe dans un champ pour recouvrir les grains qu’on y a ſemés ou pour rompre les mottes d’une terre labourée.

Aheré avancer, voyez abouté.

Aheſſi accommoder, v. a. Il ſe dit en parlant de certaines choſes dont on convient enſemble dans le commerce de la vie, j’ai beſoin d’un Cheval, voulez-vous m’accommoder du vôtre ?

Ahontî faire honte à quelqu’un de quelque choſe.

Ahoré égorger, v. a. Égorger un bœuf, un mouton.

Air arrhes, ſ. m. pl. L’argent qu’on donne pour l’aſſurance de l’exécution d’un marché. Le marché eſt-il conclu ? donnez des arrhes.

Cintre, ſ. m. Arcade de bois ſur laquelle on bâtit des voûtes.

Airchi ſoupirail, ſ. m. Ouverture que l’on fait pour donner du jour à une cave, faire des ſoupiraux.

Martinet, ſ. m. Eſpece d’hirondelle.

Airget arc-en-ciel, ou iris ſ. m. Couleurs diſpoſées en arc, qui paroiſſent dans un temps pluvieux, dans la partie de l’air oppoſée au ſoleil.

Airſon archet, ſ. m. Maniere de petit bâton poli, plié en forme de demi arc avec du crin au deſſous, qui ſert à faire réſonner certains inſtruments à cordes quand on les en touche.

Aiſe cendrier, ſ. m. La partie du fourneau qui eſt au-deſſous de la grille ou du foyer dans laquelle tombent les cendres du bois ou du charbon qu’on y a allumé.

Aiwe eau, ſ. f. Verre d’eau, ſeau d’eau, eau ſe dit à l’égard de ſes différens uſages, eau ferrée où l’on a éteint un fer chaud, eau panée, dans laquelle on a fait tremper du pain, eau battue, une l’on a verſée pluſieurs fois d’un vaſe dans un autre, eau blanche où l’on met du ſon pour la faire boire aux Chevaux, on dit fig. porter de l’eau à la riviere, pour dire, porter des choſes en un lieu où il y en a déjà une grande abondance ; on dit dans le même ſens, c’eſt une goutte d’eau dans la mer, on dit auſſi battre l’eau pour dire, travailler inutilement, nager entre deux eaux, ſe ménager entre deux partis contraires ſans ſe déclarer, pêcher en eau trouble, pour dire, faire bien ſes affaires pendant le trouble, on dit auſſi fam. tenir le bec dans l’eau, pour dire, amuſer de belles paroles ſans donner de réponſe poſitive.

Aiwî puiſoir, ſ. m. Vaiſſeau de cuivre pour tirer la bière de la cuve & qui ſert à d’autres uſages.

Aiw’lenne hydropiſie, ſ. f. Enflure cauſée en quelque partie du corps par les eaux qui ſe forment & qui s’épanchent.

Akuſiné couſiner, v. a. appeller quelqu’un couſin, il vous couſine, de quel côté eſt-il votre parent ? je ne ſais s’ils ſont parents ; mais ils ſe couſinent.

Alaie allée, ſ. f. Paſſage entre deux murs dans une maiſon.

Alé a ſtok heurter, v. a. (H. s’aſpire) choquer, toucher ou rencontrer rudement, il eſt mal-aiſé de paſſer par les rues de Liége, ſans heurter quelqu’un, heurter eſt auſſî neutre, heurter contre une pierre.

Alé al moſtâte avou inne novel, en aller à la moutarde ou bien être abreuvé d’une nouvelle. Maniere de parler fam. dont on ſe ſert en parlant d’une nouvelle qui eſt répandue partout, tout le monde en va à la moutarde, tout le monde en eſt abreuvé.

Alé ktoir biaiſer, v. n. Aller plus d’un côté que de l’autre ce chemin biaiſe.

Alenne alêne, ſ. f. Inſtrument dont le cordonnier ſe ſert pour percer le cuir qu’il employe.

Haleine, ſ. f. Le ſoufle qui ſort de la bouche.

Alon alun, ſ. m. Sorte de minéral.

Alonn’reie alumiere, & aluniere ſ. f. L’endroit où l’on travaille l’alun.

Aloumé éclairer, v. imperſonnel, faire des éclairs.

Aloumîr éclair, ſ. m. Éclat de lumière qui précède le tonnerre.

Alouwé uſer, v. a. Conſommer les choſes dont on ſe ſert, les détériorer peu-à-peu, on uſe bien du bois dans cette maiſon là. Le pavé uſe les fers des Chevaux.

Se défaire de quelque choſe.

Alouwed luette, ſ. f. Morceau de chair molaſſe qui eſt à l’extrémité du palais, il a la luette relâchée, tombée, remettre la luette.

Amadoûlé amadouer, emboiſer, embabouiner v, a. Engager quelqu’un par des paroles flatteuſes à faire ce qu’on ſouhaite de lui.

Amagnî mangeaille, ſ. f. Il ſe dit proprement de ce qu’on donne à manger à quelques animaux domeſtiques. Faire de la mangeaille pour des volailles, il ſe dit auſſi dans le ſtyle fam. de ce que mangent les hommes ; mais dans ce ſens on dit mieux manger ou aliment, ſ. m. Le pain eſt un bon aliment, un pâté de bécaſſes eſt un délicat, un friand un délicieux manger.

Amaie taure, ſ. f. Jeune vache qui n’a pas encore porté.

Amaké ſtupéfier. v. a. Étonner, rendre immobile, ce verbe & ſon participe ſtupéfait ne ſont que du diſcours familier.

Amande, amygdale ſ. f. Glandes en forme d’amande qui ſont aux deux côtés de la gorge ſous la luette.

Amendé amender, v. a. Améliorer, amender des terres avec de la marne, avec du fumier.

Amiſtâve accort, adj. qui s’accommode à l’humeur des autres, femme accorte.

Amoirci amorcer, v. a. Garnir d’amorce, attirer avec de l’amorce, amorcer un piſtolet, un hameçon.

Amône framboiſe, mûre, ſ. f, ſorte de fruit noir ou blanc qui eſt formé de petits grains réunis & qui eſt produit par le framboiſier & par le mûrier, on appelle auſſi mûre ſauvage le fruit de certaines ronces qui eſt preſque fait comme le fruit du mûrier noir, on dit prov. d’un homme qui fait ſemblant de mépriſer une choſe parce qu’il ne peut l’avoir qu’il fait comme le renard des mûres, on dit fig. & prov. Qu’il ne faut point aller aux mûres ſans crochet, pour dire qu’avant que de s’engager dans une affaire, il faut s’être pourvu de ce qui eſt néceſſaire pour la faire réuſſir.

Andi candi, adj. Le ſucre candi eſt un ſucre dépuré & réduit en forme de criſtal.

Andi chenet, ſ. m. Métal façonné pour parer la cheminée ou pour tenir les bois du feu. Chevrette, ſ. f. Petit chenet qui n’a pas de branche devant. Landier ſ. m. Gros chenet de fer.

Anſenne fumier, ſ. m. Paille qui a ſervi de litiere aux chevaux, aux beſtiaux & qui eſt mêlée avec leur fiente, ôter le fumier d’une écurie, on dit prov. mourir ſur un fumier, pour dire, mourir miſérable après avoir perdu tout ſon bien.

Anſinné fumer, v. a. Épandre du fumier ſur une terre cultivée.

Ansinnî mare à fumier, foſſe à fumier ſ. f.

Anuti, (s’) s’anuiter, v. réc. Se mettre à la nuit, s’expoſer à être ſurpris par la nuit en chemin, ſi vous m’en croyez ne vous anuitez pas.

Anweie anguille, ſ. f. Poiſſon d’eau douce fort connu.

Aouſſe Août, ſ. m. (On prononce oût) lorſque ce mot eſt mis avec l’article le il ſignifie la moiſſon, on a tant promis à ce valet pour ſon Août, c’eſt-à-dire pour ſa peine d’avoir moiſſonné.

Apairî apparier, v. a. Mettre enſemble deux choſes qui ſont pareilles, apparier des chevaux, on a brouillé tous ces gants, démêlez-les & les appariez, il ſignifie auſſi mettre enſemble le mâle & la femelle en parlant de certains oiſeaux, apparier des pigeons, des tourterelles.

Apeinſé (s’) s’aviſer, v. rec. S’imaginer quelque choſe, faire réflexion ſur quelque choſe, il s’en eſt aviſé trop tard, il s’aviſa d’un bon expédient.

Apel appeau, ſ. m. Sorte de ſifflet avec lequel on appelle les oiſeaux, on appelle auſſi appeau ou appelant l’oiſeau dont on ſe ſert pour appeller les autres.

Apétihâve appétiſſant, adj.

Aplaki (s’) s’attacher, v. réc. La poix s’attache ſi fort à l’étoffe qu’elle emporte la pièce.

Se coller, v. réc. Se tenir droit contre quelque choſe, comme ſi l’on y étoit attaché, il ſe colla contre le mur.

Aploûr affluer, v. n. Arriver en abondance. Les vivres affluoient dans le camp.

Apontî apprêter, v. a. Préparer.

Apontî (s’) ſe préparer, v. réc. S’apprêter, il ſe prépare pour parler en public.

Apoſté apoſtême, ſ. m. Enflure extérieure avec putréfaction, un abcès eſt un apoſtême ouvert.

Apougnî empoigner, v. a. Serrer avec le poing, cela eſt trop gros, on ne ſauroit l’empoigner.

Aprem ſeulement, adv. Le courrier eſt ſeulement arrivé aujourd’hui.

Aprendiſſe apprenti, apprentie, ſ. Celui ou celle qui fait ſon apprentiſſage. L’apprentie d’une coëffeuſe.

Apret après, entre dans pluſieurs manieres de parler qui demandent d’être expliquées. Il eſt après à bâtir ſa maiſon ou à faire telle choſe, il y travaille actuellement. Être après un emploi, un bénéfice, travailler à l’obtenir. Être après quelqu’un, s’en occuper beaucoup. Se mettre après quelqu’un, le tourmenter. Crier après quelqu’un, le quereller, n’avoir qu’un cri après quelqu’un, l’attendre avec empreſſement, on dit prov. Après lui il faut tirer l’échelle, pour dire, qu’on ne peut pas l’atteindre dans le genre où il excelle.

Apret-diné après-midi, ou après-dînée, ſ. f. L’eſpace du temps qui eſt depuis le dîner juſqu’au ſoir.

Apret-ſopé après-ſoupée, ſ. f. Le temps d’entre le ſouper & le coucher.

Aprette apprêt, ſ. m. Il ne ſe dit guere qu’au pluriel dans ce ſens. Faire de grands apprêts pour le feſtin d’une noce.

Aprieſté (s’) ſe faire prêtre, v. réc.

Aqueri (s’) s’attirer, v. réc. S’attirer de méchantes affaires.

Arâi élargir, v. a. Donner plus d’ouverture, on dit auſſi dans le ſtyle fam. Écarquiller les jambes, les yeux, pour dire, les écarter, les ouvrir.

Arainî aborder & accoſter, v. a. Approcher de quelqu’un pour lui parler. On accoſte le paſſant qu’on rencontre ſur ſa route ; on aborde les gens de connoiſſance.

Aregî ſignalé, adj. important, remarquable, un ſignalé frippon, il m’a rendu un ſervice ſignalé.

Areni rouiller, v. a. Faire venir de la rouille. L’oiſiveté rouille l’eſprit, il eſt auſſi, réc. Le fer ſe rouille aiſément.

Areniheurre, rouille, ſ. f. Eſpece de craſſe rougeâtre qui ſe forme ſur la partie du fer la plus expoſée à l’air, la rouille mange le fer.

Arezé araſer, v. a. Terme de maçonnerie, mettre de niveau un mur, en élevant la partie la plus baſſe à la hauteur du reſte, auſſi-tôt qu’on aura araſé les fondations de ce mur, de ce bâtiment, on poſera la premiere aſſiſe de pierre de taille.

Argen argent, ſ. m. On dit, payer argent ſec, argent bas, argent ſous corde, pour dire, payer en argent, comptant : on appelle argent mignon un argent de réſerve que l’on peut employer comme on veut, ſans toucher à ſon revenu ordinaire, on dit, prov. Prendre quelque choſe pour argent comptant, pour dire, croire légérement quelque choſe. Mettre de bon argent contre du mauvais, pour dire, faire des avances, des fraix dans une affaire dont on court riſque de ne rien retirer, on dit auſſi, prov. & fig. d’une choſe qui eſt de prompt & de bon débit, que c’eſt de l’argent en barre ; & d’un argent qui n’eſt pas appliqué, que c’eſt de l’argent mort. On dit auſſi tout cela eſt bel & bon, mais de l’argent vaut mieux, pour dire, qu’on ne prétend pas ſe payer de belles promeſſes

Argouwé tancer, v. a. Réprimander ; ſa mere l’a tancé, il en fut tancé par ſon ſupérieur.

Ariâve ſaliſſant, adj. Le blanc eſt une couleur fort ſaliſſante.

Arié, voyez abîmé.

Arincret toile d’araignée, ſ. f.

Arir-ſaiſon, arriere-ſaiſon, ſ. f. Automne, ſ. m. & f. Prononcez autonne. On dit que des fruits ſont pour l’arriere-ſaiſon pour dire, qu’ils ne ſont bons à manger qu’à la fin de l’automne ou même bien avant dans l’hiver. En parlant du blé & du vin, on appelle arriere-ſaiſon, les derniers mois qui précedent la récolte & les vendanges ſuivantes. Le blé ſe vend plus cher dans l’arriere-ſaiſon, c’eſt-à-dire, dans les mois de Juin & de Juillet ; & ce vin ne ſe boit que dans l’arriere-ſaiſon, c’eſt-à-dire, dans les mois de Juillet & d’Août.

Armanak almanach, ſ. m. Prononcez almana.

Arogué apoſtropher, v. act. Adreſſer la parole à quelqu’un pour lui dire quelque choſe de déſagréable.

Aronde hirondelle, ſ. f. L’hirondelle gazouille, on dit prov. & fig. qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, pour dire, qu’il n’y a point de conſéquence à tirer d’un ſeul exemple.

Aſagh’né aſſaiſonner, v. a. accommoder une viande ou autre choſe à manger avec les ingrédiens qu’il faut pour la rendre plus agréable au gout, aſſaiſonner une ſalade.

Aſagh’né aoûté, part. Du verbe aoûter. Prononcez l’a, mûri par la chaleur du mois d’août, citrouille aoûtée.

Aſcoheie enjambée, ſ. f. Le pas, l’eſpace que l’on enjambe.

Aſcohî enjamber, v. n. Étendre la jambe plus qu’à l’ordinaire pour paſſer par deſſus ou au de là de quelque choſe, il faut bien enjamber pour paſſer le ruiſſeau, il a enjambé par deſſus, il ſignifie auſſi marcher à grands pas, voyez comme il enjambe, il eſt quelquefois actif, enjamber un échalier, enjamber deux marches à la fois.

Aſpaté ſerrer, preſſer, v. a. Je me retire de peur de vous ſerrer, il veut être à ſon aiſe à table, il n’aime point à y être preſſé, on dit en parlant des gens qui ſont preſſés & entaſſés les uns ſur les autres, qu’ils ſont encaqués comme des harengs.

Aſpergeſſe Aſpergès, ſ. m. Il ſe dit du temps où ſe fait la cérémonie de jeter l’eau-bénite, on en eſt à l’aſpergès, il ſignifie auſſi le petit bâton garni de ſoie dont le prêtre ſe ſert pour répandre l’eau-bénite ſur le peuple, mais dans cette acception il eſt du ſtyle fam. On dit mieux aſperſoir ou goupillon, ſ. m. Préſenter l’aſperſoir, goupillon de bois, d’argent.

Aſpouï (s’) s’appuyer, v. réc. S’aider de quelqu’un ou de quelque choſe qui ſert d’appui, s’appuyer ſur un bâton.

S’accouder, v. réc. S’appuyer du coude. On dit auſſi s’accotter, pour dire s’appuyer de côté, mais il eſt fam.

Aſpouiat appui, accoudoir, accottoir, ſ. m. La différence d’accoudoir à accottoir eſt que l’accottoir ſert pour s’appuyer de côté & l’accoudoir pour s’appuyer en avant. Les accottoirs d’un carroſſe, d’un confeſſional, l’accoudoir d’un prié-Dieu.

Aſené aſſener, v. a. Porter un coup rude & violent, il lui aſſena un coup de maſſue, il l’a aſſené d’un coup de pierre entre les deux yeux.

Astans’né étayer, étréſillonner étançonner, v. a. Appuyer avec des étaies, des étréſillons des étançons, on a bien étayé ce bâtiment, il ne tombera pas, ce mur déverſe, il faut l’étréſillonner. Quand on reprend une muraille ſous œuvre on y met des étançons.

Aſtaplé campé, part. du verbe. Se camper qui ſignifie ſe placer de certaine maniere ſur ſes pieds. Il eft bien campé ſur ſes jambes.

Aſtargi amuſer, v. a. Faire perdre du temps.

Reculer, v. a. Cauſer du retardement. Cet événement imprévu a fort reculé ſes deſſeins.

Aſtem fondement, ſ. m. En parlant de quelqu’un en qui l’on ne peut prendre de confiance, on dit, qu’on ne peut aſſeoir aucun fondement ſur ce qu’il dit.

Attention, ſ. f. Ne faites point attention à ce qu’il dit, c’eſt un vieux radoteur.

Aſtoké bacler, v. a. Fermer une porte ou uns fenêtre par derriere avec une barre ou autre choſe.

Atake attaque, ſ. f. Reproche, il m’a déja fait une attaque la-deſſus.

Ateg épingle, ſ. f. On dit, prov. & fig. Tirer ſon épingle du jeu, pour dire, ſe retirer ſe dégager d’une mauvaiſe affaire. On dit d’une perſonne fort ajuſtée, qu’elle eſt tirée à quatre épingles.

Épingles au pluriel, ſignifie fig. ce qu’on donne à des ſervantes d’hôtellerie pour les ſervices qu’elles ont rendus. Donnez quelque choſe pour les épingles des filles, cela s’étend auſſi à ce qu’on donne à une femme, quand on fait quelque traité avec le mari, un tel vous a vendu ſa terre, mais ſa femme ne ſignera jamais au contrat, ſi vous ne lui donnez tant pour ſes épingles.

Atelé atteler, v. a. Attacher des chevaux ou d’autres bêtes de voiture à un carroſſe, à un chariot.

Équiper, v. a. Pourvoir quelqu’un des choſes qui lui ſont néceſſaires, il l’a équipé de toutes choſes, il eſt auſſi rec., il lui faut tant pour s’équiper.

Ateni tiédir, v. n. Devenir tiéde, faire tiédir de l’eau.

Atenri attendrir, v. a. Rendre tendre & facile à manger, la gelée attendrit les choux.

Atomeie ſquelette, ſ. m. Tous les oſſements d’un corps mort & décharné, joints enſemble, comme ils le ſont dans leur ſituation naturelle, on dit fig. d’une perſonne extrêmement maigre, que c’eſt un vrai ſquelette.

Atoû autour, prépoſition, rôder tout autour d’une maiſon, on dit prov. & fig. tourner autour du pot, pour dire, biaiſer, uſer de détours, au lieu d’aller au fait, autour ſignifie quelquefois auprès & ſert à marquer attachement, aſſiduité, il eſt toujours autour d’elle.

Atoûr à toute volée. On dit ſonner à toute volée, pour dire mettre les cloches tout-à-fait en branle.

Atouwé tutoyer, v. a. Uſer du mot tu & toi en parlant à quelqu’un.

Atrouwandi (s’) s’appeſantir, s’acagnarder, v. r. Il s’acagnarde dans ſa terre.

Atterminé atermoyer, v. a. terme de pratique & de commerce, prolonger les termes d’un payement, atermoyer une lettre de change, il eſt auſſi réc. & ſignifie s’acommoder avec ſes créanciers pour les payer à certains termes, il s’eſt atermoyé avec ſes créanciers à fix termes d’année en année.

Att’ni appartenir, v. n. Être parent, il appartient à d’honnêtes gens.

Avachî (s’) s’avachir, v. réc. Il ſe dit des branches qui au lieu de ſe tenir droites, ont leur extrémité penchante.

S’affaiſſer, v. réc. S’abaiſſer par ſa propre peſanteur.

Avinaie fringante, adj. Fort éveillée, il a épouſé une femme bien fringante.

Av’ni atteindre, v. a. Parvenir, atteindre un certain âge, il ſignifie auſſi fig. égaler, il ſe flatte d’atteindre Corneille, atteindre ſignifie encore toucher à une choſe qui eſt à une diſtance aſſez éloignée, pour qu’on ne puiſſe pas y toucher facilement, je ne ſaurois atteindre là, juſque-là, je ne puis atteindre au plancher.

Avu de geie kuan on n’le ſé pu crohî. Avoir du pain quand on n’a plus de dents, prov. qui ſignifie avoir du bien quand on n’eſt plus en état de s’en ſervir.

Avu le din lon, avoir les dents agacées.

Avu les ouie pu gran ki l’vente, avoir les yeux plus grands que la panſe, prov. qui ſe dit d’un homme qui s’étant mis à table, comme croyant tout manger, ſe trouve raſſaſié bien plutôt qu’il n’avoit cru.

Avu magnî s’blan pan d’van s’neûr, avoir mangé ſon pain blanc le premier, prov. avoir été à ſon aiſe & n’y être plus.

Awaitî lorgner, v. a. Regarder en tournant les yeux de côté & comme à la dérobée.

Guetter, v. a. Épier, le chat guette la ſouris.

Aweie, aiguille, ſ. f. Aiguille à coudre, aiguille d’emballeur.

Tenon, ſ. m. Terme commun à pluſieurs arts, & principalement à la charpenterie, où il ſe dit du bout d’une piece de bois qui entre dans la mortoiſe.