Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Zénon d'élée

ZÉNON d'Élée, philosophe grec, de la secte des Éléates, né à Élée, dans la Grande-Grèce, vers 504 ou 490 av. J.-C, étudia sous Parménide, accompagna ce philosophe dans un voyage à Athènes vers 464, enseigna dans cette ville la doctrine de son maître, ainsi que la dialectique, qu'il réduisit en art, et fut un des premiers à faire payer ses leçons. Ardent patriote, il voulut délivrer sa patrie, qui était tombée au pouvoir d'un tyran, mais il échoua, et fut livré à des supplices horribles, qu'il supporta avec un courage héroïque : pour ne pas trahir ses complices, il se coupa la langue avec les dents, et la cracha à la face du tyran. Zénon professa la doctrine de l'unité absolue de Parménide, et s'attacha à réfuter les adversaires de cette doctrine en montrant les contradictions et les absurdités qu'entraîne l'opinion vulgaire sur la diversité des êtres, leurs changements perpétuels, la divisibilité à l'infini. On raconte qu'un jour qu'il argumentait contre le mouvement devant Diogène, ce philosophe se contenta pour le réfuter de marcher devant lui ; malheureusement pour cette ingénieuse anecdote, Diogène vivait environ 100 ans après Zénon. Il avait écrit en prose plusieurs traités qui ne nous sont point parvenus. Aristote (Physique, VI, ch. ix) nous a conservé les arguments par lesquels il combattait la réalité du mouvement.