Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Savoie

SAVOIE, Sabaudia ou Sapaudia, contrée de la France, située entre 45° 4'-46° 24' lat. N. et 3° 16'-4° 48' long E., est bornée au N. par le lac Léman et le canton suisse de Genève, à l'E. par le Valais, au S. E. par le Piémont, au S. par les dép. des Htes-Alpes et de l'Isère, à l'O. par le Rhône qui la sépare du dép. de l'Ain ; 146 k. du N. au S. sur 119 de l'E. à l'O.; env. 550 000 hab.; ville principale, Chambéry. Pays très-montagneux (Mont-Blanc, Mont-Cenis, petit St-Bernard, Mont-Buet, Thabor, etc.), sites pittoresques ; plusieurs lacs (ceux du Bourget, d'Annecy, d'Aiguebelle) ; eaux minérales, dont les principales sont celles d'Aix ; mines de plomb, de fer, d'étain, de cuivre ; houille, marbre, gypse ; miel, vers à soie, bétail, etc. Les habitants, appelés Savoyards ou Savoisiens, sont en général très-pauvres : ils émigrent en partie, et vont dans les pays voisins exercer les professions de commissionnaires, de colporteurs, de ramoneurs, de domestiques ; leur probité est proverbiale. Très-attachés à leur patrie, ils y retournent dès qu'ils ont amassé un petit pécule. La Savoie a produit plusieurs hommes remarquables : les papes Nicolas II et Innocent V, S. Bernard de Menthon et S. François de Sales, le cardinal Gerdil, Vaugelas, St-Réal, les deux De Maistre, Berthollet, le général de Boigne, les frères Michaud, etc. — La Savoie correspond aux provinces que les Latins nommaient Alpes Graiæ et Penninæ ; on y trouvait les Allobroges, les Centrones, les Nantuates, les Veragri. Le nom de Sapaudia, d'où dérive le nom actuel, ne date guère que de la fin du IVe siècle. Après avoir fait partie de l'empire romain et de celui de Charlemagne, la Savoie passa, en 888, sous la domination de Rodolphe, roi de la Bourgogne Transjurane ; elle fut réunie à l'Empire germanique par Conrad le Salique, qui l'érigea en comté vers l'an 1027, en faveur d'Humbert aux Blanches Mains, tige des comtes de Savoie ; elle devint duché en 1416. Après de nombreuses vicissitudes (dont on trouvera le détail aux art. États Sardes et Maison de Savoie), elle a été cédée à la France en 1860 par le roi de Sardaigne, et cette cession a été aussitôt confirmée par le suffrage universel des habitants. — Sous le 1er Empire français, la Savoie, alors réunie à la France, forma le dép. du Mont-Blanc et une partie de celui du Léman. Sous l'administration sarde, elle forma une intendance générale, qui se divisait en 8 prov. : Savoie propre (Chambéry), Hte-Savoie (Albert-Ville), Carouge (St-Julien), Chablais (Thonon), Faucigny (Bonneville), Génevois (Annecy), Maurienne (St-Jean-de-Maurienne), Tarantaise (Moutiers). Depuis 1860, elle forme les deux dép. français de Savoie et de Hte-Savoie. Le 1er, au S., compte 275 039 h., a pour ch.-l. Chambéry, et se divise en 4 arr., Albert-Ville, Chambéry, Moutiers, St-Jean-de-Maurienne ; il a un archevêché et une cour impériale à Chambéry. Le 2e, au N., compte 267 496 h., a pour ch.-l. Annecy, se divise en 4 arr., Annecey, Bonneville, St-Julien, Thonon, et a un évêché à Annecy. Les deux dép. réunis forment une Académie universitaire, qui a son ch.-l. à Chambéry.