Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Quintana

QUINTANA (don Manuel), poëte espagnol, né à Madrid en 1772, m. en 1857, se fit recevoir avocat, entra de bonne heure dans l'administration, fut agent fiscal de la junte du commerce, et unit la culfure des lettres au soin des affaires. Il se fit remarquer dès 1797 par des poésies lyriques, donna en 1801 une tragédie, le Comte de Viseu, en 1805 Pelage, sujet national, commença en 1807 les Vies des Espagnols célèbres, prit part en 1808 au mouvement national contre l'invasion française et publia des Odes à l'Espagne libre pour enflammer l'ardeur de ses compatriotes, fut attaché à la junte centrale comme secrétaire des affaires étrangères pour l'interprétation des langues et rédigea la plupart des proclamations des Cortès. Il n'en fut pas moins emprisonné en 1814 par Ferdinand VII, et ne recouvra la liberté qu'à la faveur de la révolution de 1820. Après le triomphe du pouvoir absolu (1823), il se retira dans l'Estramadure. En 1833, à la mort de Ferdinand VII, il fut replacé dans son ancien poste aux Affaires étrangères ; en 1836, il fut nommé directeur général des études, conseiller d'État, sénateur ; de 1840 à 1843, il fut gouverneur de la reine Isabelle. Il était depuis longtemps membre de l'Académie de Madrid ; il reçut en 1845 la couronne d'or de poëte lauréat. Quintana continua la tradition des grands poètes espagnols : il éleva le vol de la poésie populaire, et par ses vers, où respirait un enthousiasme vrai, il enflamma toutes les âmes. Outre ses œuvres originales, on lui doit un recueil estimé des poètes castillans (Tesoro del Parnasso). J. M. Maury a traduit quelques-unes de ses poésies dans l’Espagne poétique (1826) ; Laffon de St-Marc a trad. sa Vie du Cid (1843).