Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Quiétistes

QUIÉTISTES (de quies, repos), mystiques qui, par une fausse spiritualité, font consister la perfection chrétienne dans le repos ou l’inaction complète de l’âme, se livrant exclusivement à une contemplation toute passive et négligeant tout autre soin. Chaque époque a eu ses Quiétistes. Les plus connus sont les Hésychastes au XIVe s. et les Molinosistes au XVIe s. Les Hésychastes (Quiescentes) étaient des moines grecs du mont Athos qui passaient les journées entières dans l’immobilité, contemplant leur nez ou leur nombril, et trouvant par l’effet de cette contemplation la lumière divine ; ils avaient pour chefs Siméon, prieur d’un de leurs couvents, et Grégoire Palamas, depuis évêque de Salonique. Combattus par Barlaam, ils furent alternativement condamnés et absous par divers synodes. — Les Quiétistes du XVIIe s. eurent pour chef le prêtre espagnol Molinos, qui fit paraître à Rome en 1675 la Guide spirituelle, livre ascétique dans lequel il enseignait des pratiques faciles pour élever l’âme à un état de contemplation et de quiétude où elle ne fait plus aucun usage de ses facultés, et demeure indifférente à la pratique des bonnes œuvres et à tout ce qui peut lui arriver, même à son salut. Molinos trouva de nombreux partisans en Italie et en France, entre autres la célèbre dame Guyon, qui écrivit en faveur du quiétisme de singuliers écrits : le Moyen court, les Torrents spirituels, etc. Fénelon lui-même parut approuver en partie cette doctrine dans son Explication des maximes des saints (1694). Les erreurs de Molinos furent condamnées par le pape Innocent XI en 1685 ; celles de Mme Guyon furent foudroyées par Bossuet en 1695 ; Fénelon lui-même, attaqué vivement par l’évêque de Meaux, vit censurer son livre par le pape (1699) ; il se soumit avec humilité. Nicole a écrit une Réfutation du Quiétisme ; Phélippeaux a donné une Relation du Quiétisme, 1732, fort hostile à Fénelon. On peut consulter sur cette querelle l’Hist. de Bossuet et celle de Fénelon par M. de Beausset.