Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Préface 1842
EXTRAIT DE LA PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION
(1842)
Le Dictionnaire d’histoire et de géographie offre une réponse succincte aux diverses questions que l’on peut s’adresser sur les personnages historiques ou fabuleux, sur les lieux, les événements, les institutions, les cultes, les sectes qui ont attiré l’attention des hommes à quelque titre que ce soit. Réunissant une foule de notions utiles qui sont disséminées dans des collections volumineuses ou dans des ouvrages dispendieux, il met à la portée de tous ce qui autrement fût resté le partage d’un petit nombre ; résumant tous les dictionnaires d’histoire, de mythologie, de biographie, de géographie ancienne et moderne, il peut remplacer à lui seul un grand nombre de livres divers, dont la multiplicité devient bientôt un embarras : onerat discentem turba, non instruit[1].
Les matériaux s’offraient en abondance pour remplir le vaste cadre que nous nous étions tracé. Sans entreprendre ici la longue et fastidieuse numération des ouvrages de toute espèce qu’il nous a fallu consulter, nous indiquerons sommairement ceux qui ont servi de base à notre travail. La réputation dont la plupart de ces ouvrages jouissent à si juste titre nous dispensera de tout éloge. Ce sont :
Pour l’histoire et la chronologie, L’Art de vérifier les dates, dont les supputations sont généralement admises dans l’enseignement ; les Précis et Cours d’histoire revêtus de l’approbation de l’Université ; — pour les événements contemporains qui ne sont pas encore entrés dans le domaine de l’histoire, les Annuaires historiques de Lesur et leurs continuations[2] ; — pour l’histoire sainte, le Dictionnaire historique et géographique de dom Calmet ; — pour l’histoire de la philosophie, le Manuel de l’histoire de la philosophie de Tennemann, traduit de l’allemand par M. V. Cousin, et les Cours d’histoire de la philosophie de ce savant professeur ;
Pour la partie biographique, la grande Biographie universelle de MM. Michaud, dans laquelle nous avons fondu les suppléments publiés jusqu’ici, et que nous avons complétée, pour les articles étrangers à la France, en recourant directement aux dictionnaires biographiques rédigés en Angleterre ou en Allemagne ; — pour la bibliographie, annexe indispensable de la biographie littéraire, le Manuel du libraire de Brunet et la France littéraire de Quérard ;
Pour la mythologie, le Dictionnaire de la Fable de Fr. Noël, et la Biographie mythologique annexée à la Biographie universelle, dont le savant auteur, M. Val. Parisot, a mis à profit les travaux récents des orientalistes et des plus ingénieux interprètes des fables anciennes, notamment ceux de Fréd. Creuzer et de M. Guigniaut ;
Pour la biographie ancienne (outre les ouvrages que nous avions déjà pu consulter pour notre Dictionnaire de l’Antiquité), le Dictionnaire de Géographie comparée, ancienne, du moyen âge, et moderne, de MM. Fr.-H.-Th. Bischoff et J.-H. Mœller (Vergleichen des Wœrterbuch der alten, mittleren und neuen geographie), et la Géographie ancienne et comparée des Gaules, de M. Walckenaër, ouvrages capitaux, qui nous ont permis de faire à notre premier travail d’importantes rectifications ; — pour la géographie moderne, le Dictionnaire géographique universel, rédigé par une société de géographes et publié par A.-J. Kilian et Ch. Picquet, que nous avons complété, pour les changements survenus depuis, soit avec le secours d’ouvrages plus récemment publiés, notamment de l’Abrégé de géographie d’Adrien Balbi, soit au moyen des atlas de MM. Brué, Lapie, Meissas et Michelot, etc., et des meilleures cartes spéciales ; — pour la géographie comparée des différents âges, le savant Précis de Géographie historique universelle de MM. Barberet et Magin, et l’Atlas historique des États européens de Chr. et Fr. Kruse, traduit et amélioré par MM. Le Bas et Ansart.
En outre, nous avons eu sans cesse sous les yeux plusieurs ouvrages généraux dont le plan était plus ou moins analogue au nôtre, notamment la dernière édition du grand Dictionnaire historique connu sous le nom de Moréri (10 vol. in-fol., Paris, 1759 et ann. suiv.), corrigée et augmentée par le savant abbé Goujet et par Fr. Drouet, d’après les critiques et les travaux de Bayle, de Chauffepié, de Prosper Marchand, mine inépuisable, d’où nous avons tiré d’abondants matériaux ; le Dictionnaire géographique historique et critique de Bruzen de La Martinière (la Haye et Amsterdam, 1726, 10 vol. in-fol.), ouvrage précieux surtout pour la géographie des temps modernes ; enfin, les diverses Encyclopédies publiées soit au XVIIIe siècle, soit dans celui-ci. Parmi les ouvrages de ce dernier genre, ceux qui nous ont été le plus utiles sont le Conversations Lexicon, qui a obtenu en Allemagne une vogue si bien méritée ; la partie historique et géographique de la publication anglaise intitulée The British Cyclopædia, par Ch.-F. Partington, et l’Encyclopédie des gens du monde, publiée par la librairie Treuttel et Würtz, ouvrage consciencieusement fait et rempli de renseignements exacts.
En puisant à tant de sources diverses, nous avons eu soin de soumettre à un contrôle sévère les documents qu’elles nous fournissaient ; nous avons minutieusement vérifié les faits, les dates, les positions, les distances ; nous avons rapproché et discuté les autorités diverses ; nous avons enfin, dans les cas douteux, recouru aux auteurs originaux autant que cela nous était possible.
Quoique nous ayons consacré bien des années à l’exécution de cet ouvrage, nos seules forces n’eussent pas suffi pour mettre fin à une si vaste et si longue entreprise. De zélés collaborateurs ont bien voulu nous prêter leur concours, et nous sommes heureux de pouvoir leur offrir ici le témoignage public de notre reconnaissance. M, Val. Parisot, professeur d’histoire, l’un des plus actifs et des plus savants rédacteurs de la Biographie universelle de M. Michaud, auteur d’un Dictionnaire de Mythologie que nous avons déjà eu occasion d’apprécier, et de plusieurs ouvrages d’histoire et de géographie, a rédigé la plus grande partie des articles de Géographie ancienne et moderne et des articles historiques qui accompagnent le nom de chaque pays. M. Legouëz, professeur au lycée Bonaparte, nous a, pendant plusieurs années, secondé avec un véritable dévouement dans la pénible tâche de tout réviser, de tout vérifier.