Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Origène

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ORIGÈNE, célèbre docteur de l’Église, né à Alexandrie en 185, m. en 253, vit, en 202, trancher la tête à son père Léonide, qui était chrétien. Instruit dans les belles-lettres et les saintes Écritures, il enseigna la grammaire pour subvenir aux besoins de sa famille, remplaça Clément, son maître, dans la direction de l’école chrétienne d’Alexandrie, se signala dès lors par une rigidité de principes et de mœurs qu’il poussa au point de se mutiler pour se soustraire à toute tentation, donna des leçons publiques à Césarée en Syrie, se rendit à Athènes pour secourir les églises d’Achaïe, et reçut les ordres en 230 à Jérusalem. Démétrius, évêque d’Alexandrie, regardant son ordination comme irrégulière, l’excommunia et lui interdit le séjour de son diocèse. Origène n’y rentra effectivement qu’après la mort de ce prélat. Pendant la persécution de Dèce (249), il fut mis en prison à Tyr, chargé de fers et livré à la torture. Il sortit de la prison estropié, et mourut peu après. On a de lui un grand nombre d’écrits (en grec), parmi lesquels on distingue ses Commentaires sur toute l’Écriture sainte, dont une bonne édition a été donnée par Huet, Rouen, 1668 ; les Hexaples, édition de l’Écriture sainte en 6 colonnes qui offrait, avec le texte hébreu, les diverses versions grecques alors en usage (on n’en a que des fragments, publiés par Monfaucon. Paris, 1713, et par C.-F. Bahrdt, Leipsick, 1768-70) ; l’Apologie du christianisme contre Celse (éditée par Guill. Spencer, Cambridge, 1658, in-4). On lui a attribué, mais sans fondement suffisant, les Philosophoumena ou Réfutation des hérésies, ouvrage récemment retrouvé et attribué également à S. Hippolyte (V. ce nom). Les Œuvres complètes d’Origène ont été publiées à Bâle, par Érasme, 1536, à Paris, par De La-Rue, 1733-1759, à Wurtzbourg, 1776-1794, à Berlin, par Lommatsch, 1831-46, 24 v. in-8, et réimprimées dans la collection de l’abbé Migne, 1860. Genoude en a traduit en français quelques parties dans ses Pères des trois premiers siècles, 1837-43. Malgré son zèle pour la religion, Origène est resté entaché d’erreur. Il enseignait une doctrine mystique qui se rapprochait de celle des Gnostiques ; il croyait à la préexistence des âmes dans une région supérieure, d’où elles étaient venues animer les corps terrestres ; elles pouvaient, pendant la vie, se purifier et s’élever à la félicité suprême par la communication intime avec Dieu. Il soutenait encore que J.-C. n’est fils de Dieu que par adoption ; que l’âme de l’homme a péché même avant d’être unie au corps, que les peines de l’enfer ne sont pas éternelles, etc. C’est surtout dans le livre des Principes, traduit en latin par Rufin, que se trouvent ces erreurs, qui ont été condamnées en 325 par le concile de Nicée. — Il y eut aussi au iiie s. un autre Origène, philosophe néoplatonicien et païen, condisciple de Plotin et de Longin, qu’on a quelquefois confondu à tort avec le docteur de l’Église.