Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Cabanis (pierre-jean-georges)

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CABANIS (P. J. Georges), célèbre médecin et physiologiste, fils d'un astronome, naquit en 1757, à Coscac, près de Brives (Corrèze), et mourut en 1808. Envoyé à Paris pour achever ses études, il cultiva d'abord la poésie, se lia avec Roucher et entreprit une traduction d'Homère; en 1773, il accompagna un seigneur polonais à Varsovie en qualité de secrétaire; puis, pressé par son père de prendre un état, il choisit la médecine. et s'y distingua bientôt. Admis dans la société de Mme Helvétius à Auteuil, il y connut Turgot, d'Holbach, Condorcet et tous les hommes marquants de l'époque. Il embrassa chaudement les principes de la Révolution, se lia étroitement avec Mirabeau et lui donna ses soins comme médecin dans la maladie qui l'emporta. Il fut élu membre du conseil des Cinq-Cents, approuva le coup d'État du 18 brumaire, et fut appelé au Sénat lors de l'établissement de l'Empire. A la réorganisation des écoles, il fut nommé professeur d'hygiène, puis de clinique à l'école de médecine, et il devint membre de l'Institut lors de sa création. Outre quelques écrits littéraires ou politiques, on a de lui : Du degré de la certitude de la médecine (1797); Coup d'œil sur les révolutions et la réforme de la médecine (1804); Rapports du physique et du moral de l'homme (1802). Ce dernier est le plus important de ses ouvrages : il y traite de la part des organes dans la formation des idées, de l'influence des âges, des sexes, des tempéraments, des maladies, du régime; ainsi que de la réaction du moral sur le physique. Il y explique tout par des causes purement physiques, y enseigne le matérialisme, et va jusqu'à dire que le cerveau digère les impressions et sécrète la pensée comme l'estomac digère les aliments. Cependant ses opinions se modifièrent depuis : dans une Lettre sur les causes premières, qu'il avait adressée à Fauriel, et qui ne parut qu'en 1824, il se montre très-favorable aux idées spiritualistes (V. BÉRARD). Les ouvrages de Cabanis ont été réunis par M. Thurot, en 5 vol. in-8, 1823-25. Les Rapports de physique et de moral ont été édités séparément par le docteur Cerise, 1843 , et par M. Peisse, 1844. M. Mignet a lu en 1850 à l'Académie des sciences-morales une Notice sur Cabanis.