Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Avignon

AVIGNON, Avenio, ch.-l. du dép de Vaucluse, sur la r. g. du Rhône, à 687 kil. S. E. de Paris, 742 par chemin de fer; 36 081 hab. Archevêché, trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, athénée, bibliothèque, musée. On remarque les quais, les remparts, la cathédrale (N.-D.-des-Doms), l'anc. château des papes, l'anc. succursale des Invalides, l'hôtel et la statue de Crillon, le tombeau de Laure, le chemin de fer, le pont en pierre de Bénezet, construit en 1178, auj. ruiné, le nouveau pont, en fer. Grand commerce de soie, vins, eaux-de-vie, huiles etc. Centre de la fabrication de la garance, qui y fut introduite par Althen (V. ce nom). - Avenio, fondée par les Phocéens de Marseille vers 539 av. J.-C., fut longtemps la capit. des Cavares. Sous les Romains, elle fit partie de la Gaule Narbonnaise, puis de la 2e Viennaise. Gondebaud, roi des Bourguignons, s'en empara au ve siècle et s'y défendit contre Clovis. Depuis, elle devint la proie des Goths, et enfin des Francs sous Thierry, roi d'Austrasie, 612. En 730 et 737, les Sarrasins s'en emparèrent, mais ils en furent chassés par Charles-Martel. Après le partage de l'empire de Charlemagne, Avignon fut comprise dans le roy. d'Arles ou de Bourgogne et possédée en commun par les comtes de Provence et de Forcalquier, puis par ceux de Toulouse et de Provence. Sous la suzeraineté de ces comtes, elle s'érigea en une espèce de république ; mais, lors de la guerre des Albigeois, la ville ayant pris parti pour Raymond, comte de Toulouse, elle fut assiégée et prise par le roi Louis VIII (1226). En 1251, elle fut forcée de se soumettre aux deux frères de S. Louis, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, héritiers par les femmes des comtés de Toulouse et de Provence, qui la possédèrent par moitié. Après la mort d'Alphonse, 1271, Philippe le Hardi hérita de sa part d'Avignon, et il la transmit en 1285 à son fils Philippe le Bel. Celui-ci la céda en 1290 à Charles d'Anjou, qui dès lors resta seul propriétaire de toute la ville. En 1309, sous le pape Clément V, Avignon devint la résidence des papes, déjà possesseurs du comtat Venaissin ; elle fut vendue en 1348 à Clément VI par Jeanne, reine de Naples et comtesse de Provence. Lorsque Grégoire XI reporta le siège de la papauté à Rome, en 1377, la v. d'Avignon fut administrée par un légat ; les papes revinrent l'habiter pendant le grand schisme (1379-1411). Elle fut sacré en 490, eut part à la conversion de Clovis resta soumise au St-Siége jusqu'à l'an 1791, où elle fut réunie à la France en même temps que le comtat Venaissin. Cette réunion fut confirmée en 1797 par le traité de Tolentino. Pendant la Révolution et en 1815, Avignon fut le théâtre de déplorables excès : le maréchal Brune y fut assassiné. Résidence de la belle Laure ; patrie de Crillon, Folard, J. Vernet.