Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/Précis historique/V/III/B

Julien Remy Pesche
(Tome 1p. CCCLXXIII-CDII).

B. Directoire-Exécutif.

1795—1799. La constitution de l’an III, offre un nouveau mode de gouvernement, dans lequel le législateur a voulu faire l’essai d’un système de balance de pouvoirs. L’action législative est confiée à deux conseils : l’un dit des Cinq-Cents, du nombre de ses membres, qui aura l’initiative de la proposition des lois ; l’autre des Anciens, parce que les membres en sont plus âgés ; ce dernier conseil adopte les lois que lui présente celui des Cinq-Cents. Le département de la Sarthe fournit neuf membres à ce nouveau pouvoir législatif : six pris parmi les conventionnels, et trois pour le nouveau tiers[1]. Un Directoire-Exécutif de cinq membres, est chargé, ainsi que l’indique son nom, du pouvoir exécutif. Tout citoyen français, âgé de vingt-un ans et payant une contribution directe de la valeur de trois journées de travail, a droit de voter dans les assemblées primaires ; chacune d’elles nomme un électeur à l’assemblée électorale du département, chargée du choix des députés aux conseils. Ceux-ci nomment les membres du Directoire-Exécutif.

La convention, en donnant une nouvelle constitution à la France, ne crut pas devoir suivre la marche que lui avait tracée l’assemblée constituante, et laisser à d’autres le soin de mettre en activité ce nouvel ordre social. Par un décret du 13 fructidor an III (30 août 1795), elle statue que deux tiers des membres des conseils seront choisis dans son sein, par les assemblées électorales réunies pour élire à ces conseils.

La France envisagea cet acte sous différens aspects, sans y apporter d’opposition bien prononcée ; mais les sections de Paris, accoutumées à imposer par la terreur à la convention nationale, marchent en armes contre elle pour faire révoquer une mesure qui n’a pas leur approbation.

La convention, qui a recouvré son énergie depuis la chute de Robespierre, résiste aux menaces des sections en armes : un de ses membres, Barras, ancien officier-général, est chargé de soumettre les rebelles, et le canon du 13 vendémiaire a réduit au silence les turbulens parisiens. Un jeune officier d’artillerie, un Corse, que son talent a fait remarquer lors de la reprise de Toulon, et qui déjà a conquis par son mérite les insignes de général de brigade, a été employé par Barras dans cette journée du 13 vendémiaire. Barras qui, dans quelques jours va être chargé comme directeur de veiller aux destinées et à la gloire de la France, placera ce jeune général à la tête de l’une de nos armées ; bientôt ce génie inconnu, conduira nos phalanges à la victoire, et, fort de l’ascendant que lui procura une gloire immense, s’emparera des rênes de l’état tombées dans des mains débiles, et abaissera sous son sceptre improvisé, la lance et le faiceau de cette république, que le sol n’aura pu naturaliser !

Nous avons du décrire avec détail la première époque de la guerre de la chouannerie, afin d’en bien exposer et faire connaître le caractère, mais nous ne pouvons en suivre pas à pas les événemens et les différentes scènes dans notre pays. Nous ne nous attacherons donc, dans ce qui va suivre, qu’aux affaires principales, les détails plus minimes se trouvant rapportés, dans le Dictionnaire, à chaque article de localité.

1796. L’insurrection un instant appaisée, avait repris une nouvelle consistance à la fin de 1795 ; tout le pays était en armes. L’arrivée à l’Ile-Dieu d’une flotte anglaise, sur laquelle était Monsieur, comte d’Artois, qui paraissait devoir opérer une descente sur la côte, redoublait, pour les républicains, l’embarras de leur situation. « Quelle est l’âme assez fortement trempée, écrivait le général Hoche à cette époque (octobre 1795), par ne pas gémir hautement des maux qui nous accablent ! Sans pain, sans souliers, sans vétemens, sans argent, entourés d’ennemis, voilà notre position déplorable… Commissaires des guerres, agens aux subsistances, fournisseurs, tous agiotent, royalisent, tournent en ridicule nos institutions, et, afin de dégoûter les soldats de la liberté, ils les font mourir de faim. Ces vampires rient de nos maux, organisent partout la contrerévolution. »

Puisaye, Coquereau, commandaient les chouans dans la Mayenne ; M. de Scépeaux, dans Maine-et-Loire ; Louis de Frotté, dans la Normandie ; dans la Sarthe, Rochecotte, et Lechandelier de Pierreville : ce dernier avait aussi, le Perche dans son district. Sur toutes les routes, les communications étaient interrompues, entre Alençon et Laval, Laval et Rennes, le Mans, la Flèche et Angers. Aubert-Dubayet met en mouvement une colonne de quatre milles hommes sous les ordres du général Leblaye, fait balayer les deux rives de la Sarthe et de la Mayenne ; le capitaine Aubert désarme le district de la Flèche. Une affaire à lieu le 5 novembre, entre Foulletourte et cette dernière ville ; une autre le 15 décembre à Joué. Des détachemens sortis de Sillé, d’autres de Beaumont, rencontrent les chouans, les premiers au château de Bouille, à l’extrémité nord de la forêt de la Grande-Charnie ; les autres au château de Vernie ; partout, ceux-ci sont battus et mis en fuite, comme à Domfront (Sarthe), qu’ils attaquèrent sans succès, le 2 janvier suivant[2].

L’affaire d’Avoise mérite d’être citée. Le 20 janvier 1796, des hommes du cantonnement républicain de Sablé avaient remonté la Sarthe sur des bateaux pour charger du bois à Parce. En passant devant Avoise, un vent violent pousse ces bateaux du côté de la rive droite, où se trouve ce bourg et d’où les chouans, qui s’étaient embusqués au nombre de plus de deux mille dans les maisons et les jardins, se jettent dans les bateaux, et essaient d’y mettre le feu. Deux détachemens, l’un de 60 hommes, sorti de Sablé ; l’autre de 80 hommes, venant de Poillé ; attaquent le village avec une grande ardeur ; le combat dure deux heures. Quelques soldats républicains se jettent dans une maison, d’où ils font un feu terrible sur les chouans qui les environnent de toutes parts. Un sergent avec trente hommes du 44.e régiment, spectateurs du combat, de la rive gauche de la rivière où ils se trouvaient, passent dans un bateau sous le feu de l’ennemi qu’ils attaquent à la baïonnette, et parviennent à dégager la maison assiégée. Bientôt arrivent des renforts de Poillé, de Brûlon et de Noyen, qui chargent les chouans à l’arme blanche, les mettent en pleine déroute, et leur font perdre plus de cent hommes tués et un grand nombre de blessés.

Cependant, l’état de chose s’empirant chaque jour, la place du Mans est mise en état de siège le 10 février, par le général Watrin, d’après les ordres du général en chef Hoche, et conformément à un arrêté du Directoire-Exécutif.

Le 16 du même mois, 1500 chouans vont attaquer la ville de Beaumont-sur-Sarthe. Surprise, non fortifiée, dépourvue de sa faible garnison sortie pour conduire quelques prisonniers ; cette ville ne doit son salut qu’à la fermeté de ses municipaux et au courage des habitans qui, après plusieurs heures d’un combat acharné, parviennent à forcer l’ennemi à se retirer avec perte de plusieurs hommes tués et d’environ soixante blessés. Plusieurs habitans perdirent la vie ou furent blessés dans ce combat, remarquable surtout en ce qu’on vit les femmes et les enfans des habitans, traverser les rangs sous le feu de l’ennemi, pour porter des secours aux blessés. Le lendemain de cette affaire, Beaumont ayant reçu un renfort de troupes, les chouans furent poursuivis et battus de nouveau à Ségrie et à Vernie, dans le même canton.

L’insuccès de l’expédition de l’Ile-Dieu, et la catastrophe de Quiberon, avaient commencé à jeter le découragement dans l’armée royaliste, où déjà l’on faisait de l’opposition. A la fin de décembre 1795, Charles, qui depuis reprit les armes et commanda les chouans dans la Sarthe, et qui était alors un des officiers de Stofflet, lui écrivait la lettre suivante, laquelle mérite d’entrer dans notre cadre, pour faire voir à quel point la dissension et la jalousie régnaient dans le parti royaliste et durent lui être funeste. « L’attachement que je vous ai voué, général, ne me permet plus de garder le silence sur les abus qui se glissent aujourd’hui dans le gouvernement vendéen. Tous vos officiers sont mécontens de la manière dont on les traite, du mépris qu’on affecte à leur égard, et des préférences qu’on accorde à des gens qui se disent nobles-émigrés et qui étalent de grands noms sans les avoir peut-être mérités. On n’appelle plus aujourd’hui au conseil que des émigrés, des gens qui n’ont jamais fait le coup de fusil dans la Vendée, et on ne fait aucune part de ce qui s’y traite aux chefs de division et aux braves et intrépides officiers, qui ont cent fois fait le coup de feu contre les patriotes et qui ont ébranlé la république… A la tête de ce nouveau conseil, on ne voit plus que des émigrés… Pourquoi donc mettre au premier rang ces personnages inconnus, tandis qu’on ne parle pas de ceux qui se sont tant de fois distingués dans les combats ? Général, si l’on éloigne de vous les officiers dont on méprise la naissance, malgré leur bravoure et l’élévation de leurs sentimens, prenez garde au sort qui vous est réservé… Les émigrés viennent en foule à votre quartier parce que vous êtes en paix ; ferez-vous la guerre, ils fuiront tous. Aucun, d’eux ne se procure d’armes et ne se dispose à agir… Je ne crois pas, général, que ces mêmes hommes fassent jamais de grandes choses pour le pays et pour vous. On ne doit se fier qu’à ceux qui ont donné des preuves de ce qu’ils sont. Tous les jours cependant, on tient conseil, on délibère, on discute, on réglera aussi, j’espère : alors il faudra aussi que nous agissions et que nous allions à la distribution des coups de fusil. Général, vos officiers désirent voir tenir le conseil ; mais ils veulent y voir ceux qui y ont droit. On sait que vous avez reçu de l’or par les émigrés, que vous avez des relations avec les princes ; cette conduite vous compromettra. Les émigrés devraient cacher leurs noms et leurs qualités et s’abstenir de prendre leurs titres, jusqu’à ce que les circonstances le leur permettent. Lorsque les républicains auront asservi le pays de Charette et de Sapinaud, soyez persuadé qu’ils vous reprocheront d’avoir caché ces messieurs et qu’ils agiront en conséquence. Que ferons-nous alors ?… »

C’était en effet l’expédition de l’Ile-Dieu qui avait jeté ce grand nombre d’émigrés dans la Vendée, lesquels y étaient vus de mauvais œil par les officiers de fortune de l’armée de Charette et de celle de Stofflet. C’est à cette époque que parut dans ces armées le vicomte de Bourmont, à qui le titre de major-général avait été accordé, pour donner de l’importance à la mission que lui confia le vicomte de Scépeaux, en l’adressant à Monsieur, à l’effet de lui exposer les besoins « de l’armée, et de solliciter de S. A. R. des grâces pour les différens officiers dont le courage et la loyauté sont un titre bien authentique pour les mériter. » Puisaye s’expliquant sur le vicomte de Bourmont, écrivait : « Bourmont, suivant nos agens, a de l’activité et des moyens que sa jeunesse lui permet de développer sans inspirer de la méfiance : il sera chargé d’aller et de venir continuellement des chefs de chouans aux vendéens, et des agens au conseil du roi et à Wickam, mais incognito. » M. de Bourmont va jouer un trop grand rôle dans cette guerre et particulièrement dans la Sarthe, pour qu’on ne soit pas curieux de connaître l’opinion que son parti avait de lui. Arrivé auprès de Monsieur, il y eut des succès en tous genres, au-dessus peut-être de ses espérances et de celles de son parti. « Tout le monde avait été enchanté de sa modestie et de la solidité de son esprit. Il avait été reçu chevalier de Saint-Louis à côté de M. le duc d’Angouleme, et avait reçu l’accolade de Monsieur. »

Cependant, le général Hoche, dont l’habile conduite, la modération et les principes d’humanité, qu’il manifesta pendant toute cette guerre, suffiraient à son illustration, s’il ne l’eût déjà acquise alors par ses talens militaires, ne perdait point de vue le but qu’il s’était proposé, dès le moment où il avait pris le commandement de l’armée républicaine, celui de pacifier ces malheureuses contrées. Il y parvint bientôt, après que Stofflet eut été pris à Jallais, le 24 février, et fusillé le lendemain, et que le 23 et le 29 du mois suivant, Charette eut éprouvé le même sort. En vain Puisaye écrivait-il encore à la date du 7 mai : « Je m’occupe d’étendre l’insurrection ; déjà de fortes divisions, organisées dans le Maine, marchent en colonnes mobiles, et, toujours rassemblées, forment des divisions importantes. La Normandie a suivi le même exemple… » Hoche mettait à l’ordre de l’armée et annonçait au Directoire, à la date des 14 mai, 6, 22 et 24 juin, la soumission de M. de Scépeaux, commandant dans la Mayenne, Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure ; celle de MM. d’Autichamp et Bernets, et des chouans du canton de Craon ; la soumission des chouans du Morbihan ; celle de M. de Sapinaud, chef vendéen, de ses deux frères et d’un cousin ; enfin, que M. Louis de Frotté, qui commandait dans la Vendée, était aussi en pourparlers. Le curé Bernier, conseiller de Stofflet, avait obtenu un passeport pour la Suisse, mais ayant encore intrigué depuis l’obtention de ce passeport, Hoche avait proposé au ministre de la police de le faire arrêter. Cependant, écrivait-il au général Quentin, le 12 août : « le gouvernement, rigide observateur de ses promesses, laisse partir Bernier, Bourmont, et quatre de ses compagnons. »

Cette seconde pacification s’effectua au moment où l’administration départementale de la Sarthe, de concert avec le général Watrin commandant la force armée dans ce département, venait de prendre un arrêté qui prescrivait à tous les propriétaires et autres personnes non attachées à la culture des terres, qui habitaient les nombreux châteaux et maisons de plaisance disséminés dans les campagnes de ce département, de se retirer dans les villes : « leur présence dans ces maisons, qui servent fréquemment de lieux de retraite et de défense, d’hôpitaux, etc. aux insurgés, gênant les opérations des troupes chargées de faire des fouilles et visites dans, ces maisons, et ces troupes prenant de l’ombrage du séjour extraordinaire de ces citoyens à la campagne. »

Nous avons donné sur la tactique de la guerre des chouans, des renseignemens que nous avons crus intéressans, au moins pour la génération nouvelle, et nous n’avons certes pu les donner tous : cependant, ceux qui vont suivre, tirés d’une lettre de Chapdelaine, chef de chouans dans la Bretagne, écrite à son frère à Londres, doivent ajouter à l’intérêt de ces détails en les confirmant. « Le genre de guerre que nous faisons, ne ressemble point du tout à celle qui se fait ailleurs. Nous parcourons les campagnes avec de petites colonnes de mille hommes au plus. Quand nous avons fait une lieue ou deux, nous envoyons nos compagnies dans les villages (hameaux) d’une même paroisse, huit à neuf hommes dans chaque maison, et le lendemain matin, chaque capitaine rassemble sa compagnie à son logement, et la mène au lieu désigné pour le rassemblement de la colonne. Les nouvelles qu’on a tous les jours des villes où sont cantonnés les bleus, décident de la marche que l’on fait. Quelquefois nous allons les attendre sur les grandes routes ; d’autres fois nous essayons de les surprendre dans leurs postes ; mais presque jamais nous ne pouvons être surpris, car les campagnes étant excellentes, ils ne peuvent pas sortir de leurs cantonnemens que les habitans des villages ne courent en fuyant de tous les côtés, et cette terreur se répandant de proche en proche, nous met toujours à même d’être avertis de leurs démarches. » Enfin, dans des Instructions rédigées par le comité royal de Bretagne, en mars 1796, on lit sous le n.°3 : « Fouillement de tous les courriers des malles et diligences, sur les sept routes du nord et les cinq du midi, à six, huit, dix, douze et quinze lieues de Paris. On y trouvera toujours soit du numéraire, soit de bonnes rescriptions, soit des assignats que nous convertirons ici ou ailleurs en numéraire, et celui-ci en poudre, munitions, armes, équipement et habillement. » Ce n’étaient pas là les principes des Larochejaquelein et des Talmont qui, ayant saisi au Mans le courrier de Paris, porteur de lettres renfermant des effets de commerce, destinés à des négociants de la première de ces villes, les leur remirent scrupuleusement. Mais il faut dire aussi que par ces moyens, les munitions ne manquaient point aux chouans. La poudre leur venait de Berne, à pleines voitures ; c’est ainsi qu’il en fut arrêté une à la Ferté-Bernard, que personne ne s’avisa de réclamer.

A l’époque du 2 avril, au moment où Hoche offrait aux chouans une nouvelle amnistie, l’insurrection éclatait dans le Berry au centre de la France. Excitée par le parti royaliste de l’intérieur, elle fut bientôt étouffée et détruite par l’activité républicaine du général Canuel.

Hoche avait continuellement insisté auprès du comité de Salut-Public, il insistait également auprès du Directoire, sur la nécessité du rétablissement du culte, comme moyen de pacification des départemens insurgés. « Je l’ai dit vingt fois au Directoire, lui écrivait-il le 9 mars 1796, si l’on n’admet la tolérance religieuse, il faut renoncer à l’espoir de la paix dans ces contrées. Le dernier habitant, acharné d’aller en paradis, se fera tuer en défendant l’homme qu’il croit pouvoir lui en ouvrir les portes. Qu’on oublie une fois les prêtres, et bientôt il n’y aura plus ni prêtres ni guerre ; qu’on les poursuive collectivement, et l’on aura la guerre et des prêtres pendant mille ans. Quand un prêtre commet un délit, si on le poursuit comme prêtre, on révolte l’habitant ; si on le punit comme homme, comme citoyen, personne ne dit mot. Je le demande hardiment : cette multitude d’hommes qui ne connaît que ses prêtres et ses bœufs, peut-elle adopter tout-à-coup les simples idées de morale et de philosophie. Et faut-il donc fusiller les gens pour les éclairer ?… »

Le Directoire, qui voulait faire disparaître toute idée d’un gouvernement despotique et révolutionnaire, et dont les efforts, pour y parvenir, le conduisirent à une sorte de faiblesse, qui transforma la contre-révolution armée en une contre-révolution sourde, s’insinuant dans l’ordre civil et y opérant un état patent de réaction, adopta facilement les idées de Hoche et de son chef d’état-major Hédouville, et, par différens arrêtés toléra d’abord et bientôt autorisa l’exercice du culte catholique dans les départemens de l’Ouest. Alors les églises sont rouvertes, mais se trouvent dans un état complet de dévastation. Des vases en bois et en remplacent ceux d’or et d’argent qui servaient au culte et que les communes s’étaient empressées d’envoyer à leurs districts quelques mois auparavant. Tout était bien changé, sans doute, puisque, ainsi que le publiaient les administrations dans la Sarthe, peu auparavant : « Le flambeau de la philosophie et de la raison éclairait nos campagnes ; en vain quelques prêtres....[3] plus attachés à la matière qu’à leur Dieu, ont-ils essayé d’irriter les consciences, pour faire triompher le fanatisme ; leurs efforts ont été impuissans. L’intérêt de la république, plus cher que celui de la religion, se fait entendre dans tous les cœurs, et les vrais sans-culottes reconnaissent que le vrai culte, le seul digne de l’Être-Suprême, ne consiste point dans l’usage d’un vil métal, mais dans l’effusion et la simplicité du cœur. Pénétrés de ces principes qui caractérisent des âmes libres, telles et telles communes se sont empressées de sacrifier à la patrie le mobilier précieux de leurs ci-devant synagogues ; celle-ci un calice, trois patènes, un ostensoir ; une autre, un ciboire, une custode ; celle-là, une croix, un encensoir, un christ, etc. Publier ce généreux dévouement est autant une jouissance qu’un devoir pour des administrateurs sans-culottes. Puisse-t-il enflammer les autres communes, et notre but sera rempli. » Dans un autre compte rendu de ces dons, on lit : « Les principes triomphent de toutes parts : partout le républicanisme fait rejaillir son influence, et l’attachement du peuple à la révolution, égale sa haine pour le fanatisme. Toutes les autorités de ce district (celui du Mans), sont à la hauteur de la Montagne ; chacune d’elles se dispute à l’envie la gloire de se surpasser en philosophie, comme en patriotisme. » Nous supprimons les nombreux détails que nous pourrions fournir sur cette matière ; ils scandaliseraient aujourd’hui ceux mêmes qui prirent part au dévouement d’alors, et qui, pour le plus grand nombre, sont assez heureux pour en avoir perdu eux-mêmes le souvenir.

Le Directoire s’occupa aussi de l’instruction publique, en organisant l’instruction primaire et les écoles centrales créées par la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795). Les succès qu’obtint celle de la Sarthe et l’estime que méritèrent ses professeurs, ne permettent pas de garder le silence sur un établissement qui tient de si près à notre histoire départementale, puisqu’un grand nombre de nos citoyens les plus instruits, durent aux leçons qu’ils reçurent dans cette école, l’instruction élevée et les principes philosophiques qui les distinguent aujourd’hui. L’enseignement confié alors à la plupart des maîtres de l’ancien collège, dont nous avons lu la profession de foi plus haut, ne pouvait laisser de doute sur les bons effets qu’il était raisonnable d’en attendre, et que le succès des élèves ne tarda pas, en effet, à justifier[4].

Un autre établissement utile, recouvra l’existence à la même époque. La révolution avait détruit les bureaux d’agriculture, institués dans la généralité de Tours, et dont il a été parlé précédemment. L’article 300 de la constitution de l’an III, ayant autorisé la formation de sociétés savantes et littéraires, les membres de l’ancien bureau d’agriculture du Mans, ceux du bureau consultatif de commerce, du bureau central de correspondance et des arts, et de la commission bibliographique, établis depuis quelque temps dans la même ville, pour des besoins temporaires, se réunirent en Société libre des Arts, laquelle fut autorisée, en février 1815, à prendre le titre de société royale d’agriculture, sciences et arts du mans.

1798. — La seconde pacification, due à l’énergie en même temps qu’à l’humanité et à la tolérance de Hoche, avait commencé en juin 1797 : elle ne dura que deux années ; encore ne fut-ce, comme la première fois, qu’une trêve mal observée, pendant laquelle se continuèrent l’embauchage, les arrestations de couriers, le vol des voitures publiques, l’enlèvement des caisses des agens comptables, la guerre à mort aux gendarmes, aux acquéreurs de biens nationaux, aux fonctionnaires publics, et même aux prêtres assermentés ; enfin, les assassinats, les incendies et les pillages, non plus en plein jour et par troupes nombreuses, mais la nuit, par petites bandes et sur tous les points à la fois. Un tel état de choses ne pouvait qu’irriter les esprits, porter l’exaspération dans les partis opposés ; aussi, malgré la trêve, conservèrent-ils une attitude menaçante, qui présageait l’éclat insurrectionnel de 1799.

C’est dans cet intervalle de deux ans, qu’eut lieu la journée du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), la plus paisible, la plus bénigne des révolutions, dont les annales des peuples fassent mention ; mais révolution incomplète et inutile, puisqu’elle n’arrêta point la réaction royaliste qu’elle eut pour but apparent de réprimer. Cependant, un nouveau mouvement d’exaltation révolutionnaire se manifesta sur tous les points de la France, à la suite de cette journée : la constitution de l’an III avait proscrit les sociétés populaires, qui s’étaient trouvées dissoutes par l’effet de cette proscription ; on éluda les dispositions de la constitution, en établissant partout des Cercles constitutionnels. Sous les yeux même du Directoire, et sous le patronage du ministre de la guerre Bernadotte, qui était loin de se croire alors destiné à porter la couronne de Suède, une société de ce genre s’était formée à Paris, au Manège, l’ancienne salle de l’assemblée législative, et les murs de la capitale avaient été tapissés d’une adresse du futur monarque hyperboréen, dans laquelle était remise en lumière la fameuse formule révolutionnaire Frères et amis. Au Mans, Bazin, qui rédigeait alors la Chronique Sarthoise, organisa aussi un cercle constitutionnel, sous les auspices du général Cambray, qui commandait dans le département. Cette nouvelle société profita d’une tournée militaire que fit le général dans la Sarthe, pour se constituer en ambulance, et tâcher, par ce moyen, d’opérer l’érection de sociétés semblables dans les principales localités, afin de relever l’esprit public sur tous les points du territoire. Mais telles n’étaient pas les vues du Directoire-Exécutif. Pénétré du sentiment de sa faiblesse, et des torts de ce genre dont l’accusaient les patriotes, ses membres sentant tout ce qu’ils avaient à craindre des élections qui allaient avoir lieu (en avril 1798), adoptèrent ce fameux système de bascule, qui fit la règle constante de leur conduite et qui semble s’être incarné depuis eux dans notre système de gouvernement. Au 18 fructidor, on avait annullé les élections de la Sarthe, faites en l’an V (1797), et celles de plusieurs autres départemens, sous le prétexte que les élus étaient royalistes ; on annula de même toutes celles de l’an VI (1798), qui avaient donné pour députés des anarchistes, et ce fut du glaive de la loi (celle du 19 floréal an VI) qu’on se servit, pour commettre un acte aussi arbitraire que celui qui eut lieu, particulièrement pour la Sarthe, où l’élection fut scindée, c’est-à-dire, approuvée, pour ceux des élus qui convenaient au pouvoir ; annulée, relativement à ceux qui lui déplaisaient[5]. Des actes d’une telle illégalité avaient besoin de correctifs, et ce fut en réponse à un message du conseil des Cinq-Cents, qui demandait des renseignemens sur les opérations des assemblées électorales de l’an VI, que le Directoire adressa, le 13 floréal de cette même année (2 mai 1798), un long exposé du nouvel état révolutionnaire de la France, dans lequel se trouvent différens passages relatifs à notre département. « Dans la Sarthe, y est-il dit, le club se répand dans les campagnes, et avec lui marchent l’épouvante, la terreur et la constitution de 1793 ; » assertion remarquable par son absurdité. « Des liens d’affiliation se sont établis entre les Cercles constitutionnels de Blois, de Vendôme, du Mans ; et tous sont rassemblés par un nœud commun. — Et quel était le but de ces associations, de ces affiliations, simultanément formées sur presque tous les points de la république ? De même qu’en l’an V, vous avez vu se distribuer partout des sociétés de fils légitimes pour s’emparer des assemblées électorales au profit de la royauté ; de même, en l’an VI, se sont tout-à-coup élevés des clubs qui, dociles instrumens de l’anarchie, ont reçu d’elle mission de préparer, de commander les choix, et par l’intrigue, les menaces, la violence, les voies de fait, de troubler et d’asservir les assemblées primaires et électorales. — Cependant, le Directoire observait la marche des conspirateurs… il ordonne successivement la clôture des cercles de Perpignan, etc… de Blois, de Vendôme, du Mans, etc. Mais ces ressorts que l’anarchie irritée voit briser dans ses mains, elle les remplace bientôt par d’autrès. Aux orateurs incendiaires et ambulans de ses clubs, elle substitue des écrivains dont les feuilles empoisonnées vont semant partout le trouble ; dans la Nièvre…, dans la Sarthe, et surtout à Paris, une foule de journaux soufflent l’envie l’esprit de désorganisation, diffament le gouvernement et attaquent ouvertement la constitution… Le Directoire a brisé ces trompettes de l’anarchie et du terrorisme ; en vertu de la loi du 19 fructidor, il a suspendu ces journaux séditieux, et fait apposer les scellés sur leurs presses… » La suite de ce long message n’a plus de rapport à notre histoire ; j’en ai extrait tout ce qui concernait le département.

Mais tandis que le Directoire cherchait à comprimer dans la Sarthe, comme dans toute la France, l’esprit révolutionnaire qui lui inspirait de si vives terreurs ; la chouannerie y continuait ses sourdes manœuvres et, par un acte d’atroce lâcheté, avait jeté l’épouvante, il n’y avait que quelques mois, dans la ville du Mans. Le 21 brumaire an VI (11 novembre 1797), Maguin, ci-devant curé constitutionnel de la Couture, commissaire du Directoire près l’administration départementale de l Sarthe, tombe, à huit heures et demie du soir, dans la petite rue qui conduit de celle St-Dominique au marché aux Bœufs, sous le poignard de plusieurs assassins. Se croyant attaqué dans l’un de ses agens, s’imaginant sans doute que c’était en haine de son système politique que ce lâche assassinat avait été commis et le croyant l’œuvre des anarchistes, comme plus tard le premier consul leur attribuera, de prime-abord, la machine infernale, le Directoire donna à cet événement une importance beaucoup, plus grande qu’il n’en méritait, ailleurs que dans la localité. Une lettre fut écrite par lui à la veuve Maguin, et, par arrêté du 27 brumaire, il ordonne que les « ministres de la justice et de la police générale se concerleront pour faire rechercher les provocateurs, auteurs, fauteurs et complices de l’assassinat du citoyen Maguin, pour les faire poursuivre avec la plus grande activité et pour accélérer leur jugement ; que l’un et l’autre ministres lui rendront compte, de cinq en cinq jours, de l’état et du résultat des recherches, poursuites et procédures ; que l’administration départementale proposera ses vues sur les moyens de venir au secours de la veuve Maguin. » De nombreuses arrestations eurent lieu dans la ville du Mans ; une instruction fut suivie ; elles ne conduisirent à aucun résultat : les personnes arrêtées, qui avaient été conduites à Paris, furent déchargées de l’accusation et mises en liberté. P. Renouard[6] attribue d’une manière formelle, l’assassinat du commissaire Maguin, à un chef de chouans que nous verrons bientôt paraître sur la scène, le chevalier de la Bolbène, surnommé Palakouski. L’opinion publique lui donne pour complices, d’autres hommes de son parti, appartenant à la population même du Mans. Mais on sait combien l’opinion publique est susceptible de prévention et d’erreurs, et combien il serait téméraire de répéter, sans preuves, l’accusation d’un crime aussi atroce, car, celui-là l’était d’autant plus, qu’on s’accorde à considérer la victime comme méritant moins par sa conduite modérée dans ses fonctions, le triste sort qui lui fut réservé. Ce crime ne fut pas le seul de ce genre ; chaque jour révélait le nom de nouvelles victimes tirées à bout portant par-dessus les haies, surprises et massacrées dans leurs maisons. Un jour (le 28 juillet 1798), on retira de la Sarthe, en face de la ville du Mans, le cadavre d’un homme d’environ trente ans, percé à la poitrine de trois coups d’une arme triangulaire, sur lequel nous ne sachons pas qu’on ait obtenu le moindre renseignement. Quelques mois après, un commissaire de police du Mans, nommé Bergue, fut atteint, au bras, d’un coup de pistolet, en sortant de la comédie, de même que Maguin l’avait été d’un poignard.

La loi sur la conscription militaire, œuvre du gouvernement directorial, mérite d’être rappelée ici, puisqu’elle a créé un nouveau système de recrutement pour la France, dont les avantages incontestables en ont fait adopter le principe par la plupart des états de l’Europe : cette loi porte la date du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798). L’état d’insurrection des départemens de l’Ouest ne permit pas, pendant long-temps, de la mettre à exécution dans cette contrée ; mais les conscrits laissés dans leurs foyers, y furent organisés en colonnes mobiles, afin de les opposer aux insurgés, dont souvent ces jeunes gens allaient grossir les rangs.

1799. — Cependant, les excès de la chouannerie, s’augmentent chaque jour, au sein même de cette trêve qui n’est plus qu’un vain mot, le commissaire du directoire près l’administration départementale de la Sarthe, sentant qu’il était urgent d’apporter un remède, ou au moins une force active et non plus seulement d’inertie, à tant de maux, appela l’attention des administrations municipales sur cet objet, dans le courant de fructidor an VI (septembre 1798).

Les hostilités ne tardent pas à devenir ouvertes entre les deux partis : celui des chouans s’était recruté, armé, approvisionné pendant la trêve. Le chevalier de la Bolbène ou Palakouski, dont il a été parlé, et un chevalier de Terrier, les avaient réorganisés ; un autre chef nommé Achille Leblond avait insurgé le Bas-Maine (Mayenne) ; Lechandelier commandait dans le Perche ; le chevalier de Bruslard, qui a succédé au comte Louis de Frotté, occupe le département de . l’Orne et plusieurs autres parties de la Normandie ; il a sous ses ordres le chevalier de Saint-Paul et le chef de division Billard-Deveaux, surnommé Alexandre, qui trois fois insurgea la Mayenne ; qui plusieurs fois fut condamné à mort et sut toujours se soustraire au supplice ; pour la tête duquel le gouvernement impérial offrit (à la fin de 1813), dix mille fr., la croix d’honneur et de l’avancement ; qui pendant un service de vingt-huit ans, « ne manqua jamais d’expédition, n’a jamais perdu un homme quand il a commandé, n’a jamais fait de retraite ni jamais compté ses ennemis, enfin est couvert de blessures pour la cause du roi, » et qui, aujourd’hui, se plaint de la manière dont ont été reconnus ses services. Ces différens corps étaient sous le commandement en chef de M. de Bourmont, qui ne tarda pas à occuper le Maine en entier.

Le général de brigade Simon, commandait le département de la Sarthe à cette époque, sous les ordres du général Vimeux, chargé de la 22.e division militaire (Tours). Simon met en état de siège plusieurs petites communes du département, lors de la nouvelle chouannerie ; le tribunal civil en condamne plusieurs autres à des dommages-intérêts envers des particuliers victimes de voies de fait de la part des chouans, pour ne leur avoir pas opposé de résistance ; moyens impuissans, qui ne vont point à la source du mal. Ce qu’il aurait fallu alors (au commencement de 1799), c’eût été un grand déploiement de forces, le concours unanime des volontés, à opposer à ce brigandage dévastateur ; et jamais, au contraire, les esprits n’avaient été plus divisés. Le mépris pour l’autorité, pour le Directoire surtout, dont la faiblesse et le système de tergiversation avait comprimé ou détruit l’énergie des républicains, était devenu presque de la haine ; et le gouvernement, qui n’avait pu ramener à lui les royalistes par ce système méticuleux, s’était fait des ennemis prononcés des patriotes eux-mêmes, qui ne se sentaient aucune disposition à le seconder, si ce n’est dans la résistance qu’ils opposaient encore aux chouans, dans quelques localités.

Parmi ces innombrables rencontres, escarmouches, combats, qui avaient lieu journellement entre les chouans et les colonnes mobiles républicaines, composées de troupes de ligne, de conscrits, de gardes nationaux, nous citerons l’affaire du 28 août 1799, qui eut lieu à 5 kilomètres de Sablé, où les chouans, dans une rencontre contre un faible détachement composé de soldats des 6.e et 28.e demi-brigades, et des colonnes mobiles de Sablé, perdirent cinquante tués et quarante blessés. Celle de Clermont, près la Flèche, cinq jours après, dans laquelle un corps de royalistes, fort de quatre cents hommes, commandé par Lamotte-de-Mervé, fut attaqué par un faible détachement de quatre-vingt dix hommes, composé de la colonne mobile de la Flèche, et de volontaires qui, renforcés par la brigade de gendarmerie de la même ville, sous les ordres du lieutenant Pillerault, soutinrent le feu pendant quatre heures, jusqu’à ce qu’un peloton de la garde nationale, accouru au bruit de la fusillade, attaqua l’ennemi au pas de charge et le força à la retraite.

Le général Bourmont qui, de sa personne, était à la tête d’un corps de chouans, aux environs de Laval, et y avait battu les républicains, au lieu de poursuivre ses avantages de ce côté et de s’emparer de cette ville, chef-lieu du département de la Mayenne, se détourna à l’est, pour se porter sur le chef-lieu de la Sarthe, et réunit toutes ses divisions pour ce coup de main. Le 13 octobre, quinze cents chouans prennent poste à Foulletourte, et poussent des reconnaissances jusqu’aux portes du Mans. Dans la nuit du 13 au 14, les différentes divisions de l’armée royaliste, formant un corps de trois mille hommes, se rapprochent de la ville. Une première colonne, commandée par le général en chef Bourmont, y pénètre par le chemin de la Suze et le faubourg de St-Gilles, force le poste de ce quartier, et s’avance vers le pont Perrin. Le général Simon, au bruit de la fusillade, se rend à ce poste, où il a placé la veille une garde de quinze hommes, est assailli d’une grêle de balles, au-delà de ce pont, a son cheval tué sous lui, est renversé sur la place, dépouillé et laissé pour mort, ayant plusieurs balles dans le corps et un bras cassé, qu’il fallut lui amputer. Cette colonne se rend sur le marché St-Pierre, cerne la municipalité et l’arsenal, désarme la garde composée de gardes nationaux et de soldats de la 40.e demi-brigade ; pille, bouleverse, ravage tout ce qu’elle rencontre ; jette papiers et registres par les fenêtres et les livre aux flammes, et allait faire subir le même sort aux actes civils, lorsque Bourmont les sauve de cet incendie, en fermant le bureau où ils se trouvent et y appose son cachet. L’arsenal est envahi par les soldats de cette colonne, qui s’emparent des armes en état de servir, brisent les autres, enlèvent canons, caissons, fusils et munitions. La seconde colonne, sous les ordres de Châtelain surnommé Tranquille, ancien garçon meunier des environs de Chollet, aujourd’hui général de brigade, se partage entre Arnage et Pont-lieue, et pénètre dans la ville, une partie par les rues Basses et par le Greffier ; l’autre, après avoir passé l’Huisne, au pont de Noyers, coupe la route de Paris par Yvré, et gagne l’ancienne route dite chemin du Légat, par les Arènes et la promenade des Jacobins[7]. Ce second corps se porte au département et à la caserne des gendarmes, qui se réfugient dans la tour de l’église de la Couture. Les mêmes désordres ont lieu dans les bureaux de l’administration départementale. Les papiers et registres, les caisses, et un dépôt d’argenterie qui se trouvait dans les bureaux, la bibliothèque, les médailles, le musée, tout est lacéré, volé, enlevé, brisé et bouleversé. Voitures, chevaux, harnois, sont également spoliés dans la caserne de la gendarmerie, chez le général Simon, chez le chef de la 40.e demi-brigade, et chez divers particuliers. L’argent des caisses publiques, celui des habitans riches est également enlevé par cette colonne, qui se porte aux prisons et y met en liberté tous les détenus, sans s’inquiéter des causes de leur détention. Un grand nombre d’habitans aisés, chez lesquels on ne trouve pas d’argent, sont forcés de souscrire des obligations pour des sommes considérables ; on oblige les femmes à signer ces billets, dans l’absence de leurs maris. La troisième colonne, commandée par Lamotte-Mervé, qui s’était rassemblée à Neuville et à St-Pavace, pénètre par le tertre de St- Vincent et le tertre Mégret, et se rend sur la place du Château où, jointe par d’autres divisions, elle se forme en bataille. M. Auvray, chef de la 40.e demi-brigade, qui occupe une maison sur cette place, forcé de passer au milieu des chouans pour rejoindre le corps qu’il commande, lequel est caserne à l’ancienne abbaye de Saint-Vincent, leur dit d’une voix ferme quoique bas, en traversant leurs rangs : silence, mes amis, serrez vos rangs ! Pris d’abord pour un de leurs chefs, il gagne avec rapidité le carrefour de St-Vincent où, reconnu enfin, il essuie une grêle de balles, dont aucune ne l’atteint. Arrivé à la caserne, M. Auvray dispose tout pour une défense vigoureuse et ordonne à sa compagnie de grenadiers, d’aller chercher le drapeau de la demi-brigade, resté dans la maison qu’il occupe. Un combat s’engage entre les chouans et cette compagnie, qui fait de vains efforts pour exécuter cet ordre, et soutient le combat pendant deux heures, après lesquelles ces braves sont obligés de rentrer dans la caserne. Attaqués par un nombre considérable d’insurgés, les soldats de la 40.e, au nombre de deux cents au plus, soutiennent, derrière les murs de cette maison, une fusillade qui dure sept heures, font même une sortie du côté de Tessé, ayant leur chef à leur tête. Celui des chouans, la Motte-Mervé, est blessé dangereusement dans cette attaque, et meurt trois jours après ; un grand nombre de ses soldats succombe dans les efforts qu’ils font pour s’emparer de ce poste ; quinze grenadiers républicains, tirés presque à bout portant, lors de leur sortie pour aller chercher leur drapeau, tombèrent à la première décharge des chouans, et plusieurs autres furent frappés dans la suite du combat. Enfin, la Motte-Mervé désespérant de forcer la caserne, suspend le feu pour faire venir deux des canons dont on s’est emparé à l’arsenal ; pendant ce temps, les républicains n’ayant plus ni vivres, ni munitions, font leur retraite par le jardin et se réfugient à Ballon, accompagnés d’un certain nombre d’habitans du Mans. Les chouans entrèrent dans la maison de Saint-Vincent, où ils ne trouvèrent que quelques soldats plus ou moins dangereusement blessés, qui furent traités avec soin, suivant l’assertion des royalistes ; impitoyablement massacrés dans leurs lits, assurent les républicains[8]. Un magasin considérable d’habits, d’étoffes, de souliers et d’équipages militaires, trouvé dans cette caserne, lequel appartenait à la 40.e demi-brigade, fut pillé par les soldats royalistes et le surplus emmené sur des voitures par ordre des chefs : le peuple des faubourgs et des bas-quartiers, prit une part très-active au pillage de ce magasin. Un poste de quinze hommes de la 40.e demi-brigade, qui se trouvait établi à Pont-lieue, ne fut attaqué que le 15 au matin, par 400 chouans qui ne vinrent à bout de les faire capituler qu’en faisant venir du canon pour les réduire. Après une si opiniâtre résistance, ces braves militaires se rendirent prisonniers.

Le 14, M. Leprince-Clairsigny avait réuni une vingtaine d’hommes de la garde nationale qu’il commandait, à la tête desquels il se porta, à cinq heures et demie du matin, vers la maison commune et l’arsenal, dont il ignorait la prise. Ayant forcé quelques postes d’insurgés, il arrive dans la Grande-Rue où une action s’engage entre lui et les chouans, proche la rue St-Honoré. Après avoir eu un homme tué et plusieurs blessés, il opère sa retraite sans autre accident, traverse la partie nord de la ville, entièrement occupée par l’ennemi, et se rend à la Bazoge, avec quelques autres citoyens du Mans.

L’entrée des colonnes royalistes dans la ville du Mans, avait eu lieu à trois heures et demie du matin. Le général annonça l’arrivée de sa colonne par une décharge de mousqueterie, à laquelle répondirent les autres corps. Le mot d’ordre était Thérèse et France. Les chouans marchaient à petit bruit, sur deux lignes, le long des maisons, le fusil armé, et menaçant de tirer sur les habitans qui paraîtraient aux croisées, ce qui fut exécuté sur plusieurs. Le capitaine de gendarmerie Philippon, et le lieutenant Jobé, éveillés par les fusillades qui annoncèrent l’entrée des colonnes, montèrent à cheval sur le champ, sortirent de leur caserne, et se trouvèrent engagés dans la Grande-Rue, au milieu des chouans qui les prirent pour leurs officiers, avec lesquels ils marchèrent quelques instans, et dont ils s’échappèrent au galop, à la première occasion. Plusieurs habitans périrent dans cette affaire, victimes les uns de leur bravoure, les autres de leur témérité, d’autres de leur obstination à se refuser au cri de vive le Roi ! que les insurgés exigeaient de tous ceux qu’ils rencontraient dans les rues, ou dont ils s’emparaient.

Cette seconde invasion du Mans offre une circonstance particulière et unique dans les fastes de cette guerre : la sécurité dans laquelle était resté plongé le général Simon, sur les projets de l’ennemi. Malgré un article publié par l’administration départementale de Maine-et-Loire, dans le journal d’Angers, du 11 octobre, dans lequel cette administration faisait connaître les projets des chouans ; malgré qu’un corps de quinze cents hommes des leurs, se fut établi la veille à Foulletourte ; malgré les avertissemens nombreux qui arrivaient de toutes parts, et qui, réitérés le soir même qui précéda leur entrée, tant envers le général qu’envers les administrateurs du département et le commissaire du gouvernement près de cette administration, furent assez mal reçus par eux ; rien ne put tirer les uns ni les autres de leur apathique confiance. Certes, nous ne répéterons pas les accusations de trahison, qui furent dirigées alors contre le général Simon, première et trop malheureuse victime de cette inconcevable sécurité ; mais on ne peut se refuser à reconnaître que ce brave officier fut, dans cette circonstance, un homme mal habile, peu propre à être chargé d’un poste aussi important que l’était, dans un tel état de choses, une ville comme le Mans, pour la défense de laquelle il ne sut pas employer les nombreuses ressources qu’aurait pu lui fournir le courage des habitans, indignés d’être ainsi livrés sans moyens de défense, à un ennemi qu’ils auraient facilement repoussé.

La défiance des royalistes était telle qu’ils n’osèrent, pendant les trois jours qu’ils occupèrent le Mans, rester à coucher dans ses murs : ils en sortaient le soir, pour aller par détachemens passer la nuit dans les communes environnantes, et rentraient au matin, enseignes déployées et tambour battant. Malgré différentes proclamations du général Bourmont, qui annonçaient des projets d’organisation pour une plus longue résidence, la ville fut définitivement évacuée le 16 octobre, à six heures du soir, par les royalistes qui prirent le chemin de Sablé, emmenant avec eux plusieurs prisonniers, dont un chef de bataillon de la 40.e demi-brigade, sept canons, trois mille fusils, des munitions, et un grand nombre de voitures chargées du butin dont ils s’étaient emparés : l’or, l’argent, et quelques effets précieux chargeaient seuls l’une de ces voitures. Le montant de leurs dévastations et spoliations, suivant un état qui en fut dressé après leur départ, se montait à près d’un million. Les soldats de l’armée royaliste, n’avaient point d’uniforme particulier ; les chefs seuls, dont un assez grand nombre portaient la croix de S.-Louis, étaient vêtus, pour la plupart, d’une espèce de veste à la hussarde, bordée de poil et ornée de ganse ou galon d’argent sur toutes les coutures : un panache blanc et une ceinture de soie de même couleur, servaient à les distinguer. Tous les soldats étaient armés de fusils de munition, quelques-uns de fusils à deux coups ; la plupart avaient des pistolets à leur ceinture. La cavalerie se composait de trois cents hommes au plus, bien montés.

Pendant leur séjour au Mans, les insurgés se firent remettre le drapeau de la 40.e resté dans le logement du chef de brigade Auvray, et le brûlèrent, avec la guillotine, et l’arbre de la liberté, abattu par eux la veille. Ils passèrent une revue à laquelle ils forcèrent la musique de la garde nationale d’assister, et, lors de l’évacuation de la ville, ils se firent précéder par cette même musique, qu’ils contraignirent à les accompagner pendant plusieurs lieues. Le soir même de cette évacuation, la ville fut occupée par un corps de dix-huit cents hommes de troupes républicaines. Des colonnes mobiles de gardes nationales et de conscrits y arrivèrent de tous les points du département. Les troupes, sous les ordres des généraux de brigade Digonet et Gilly, bivouaquèrent toute la nuit, et dès le point du jour se mirent à la poursuite des chouans, dont elles atteignirent une colonne à Parcé, la battirent et lui reprirent une des pièces de canon et une voiture de fusils emmenés du Mans ; une autre colonne, commandée par Mérille-Beauregard, fut atteinte quelques jours plus tard à Sillé-le-Guillaume, et forcée de se retirer sur la Chapelle-au-Riboul (Mayenne), où elle cacha dans le pallier d’une maison, une autre pièce de canon[9].

Les rangs des royalistes, s’étaient considérablement grossis pendant leur séjour au Mans : à la nouvelle de l’occupation de cette ville, tous les chouans de la Mayenne et des cantons de Sablé et de Brûlon, dans la Sarthe, étaient accourus sous leurs drapeaux. Poursuivis par les républicains dans leur retraite, leurs rangs s’éclaircirent de nouveau. Cependant, fier du succès de son entreprise, le général Bourmont résolut de punir les communes qui, précédemment, avaient opposé de la résistance à ses armes, telles que Tennie, Vernie, Domfront, Chassillé, Poillé, dans la Sarthe ; Poillé surtout, qui seul était resté attaché dans tous les temps, à la cause de la république, dans un pays entièrement insurgé ; Andouillé et Ballée dans la Mayenne, qui avaient tenu une conduite à-peu-près semblable. Ce fut contre cette dernière commune qu’il dirigea d’abord ses forces, et qu’il éprouva l’échec le plus mortifiant. Irrités de l’assassinat récent de plusieurs de leurs compatriotes, entourés de quarante communes insurgées, attaqués par une force de près de six mille hommes, les habitans de Ballée, au nombre de soixante en état de combattre, secondés par quatre-vingt soldats de la 15.e demi-brigade, armés de trois cents fusils, de quelques espingoles, d’un assez bon nombre de cartouches, et de deux pierriers du calibre de quarante balles, qu’ils ont placés dans leur clocher ; les habitans de Ballée, dis-je, se retranchent dans leur bourg, y barricadent et crénèlent leurs maisons, et là attendent de pîed ferme leur ennemi, résolus de mourir tous, plutôt que de se rendre à lui. Femmes, enfans, vieillards, rivalisant de zèle pour la défense commune, s’approvisionnent d’une grande quantité d’eau en cas d’incendie ; de pierres qu’ils montent dans leurs greniers pour écraser les assaillans, s’ils pénètrent dans les rues du village ; et ce n’est heureusement, qu’après ces dispositions faites, qu’ils reçoivent, le 20 octobre, la sommation suivante du général Bourmont. « De mon quartier-général de Boessé. Ordre à tous les habitans de la commune de Ballée, de se rendre sur le champ, ou tout sera passé au fil de l’épée : On ne respectera personne. Signé bourmont.

Cette menace atroce loin d’intimider les Ballésiens, ne fait que redoubler leur courage : une résistance est opposée par eux à l’ennemi. Retranchés dans leurs maisons, secondés par leurs femmes et leurs enfans, qui les alimentent de munitions et de vivres, un feu bien nourri et bien dirigé, frappe comme à coup sûr un ennemi à découvert ; tandis que les soldats de la 15.e demi-brigade, postés dans le clocher, leur donnent l’exemple de la valeur, électrisés eux-mêmes par l’adresse d’un de leurs lieutenans, habile tireur, à qui ses camarades fournissent continuellement des armes chargées, et qui de chaque coup qu’il tire, atteint un des assaillans. Après une action qui dure depuis le matin jusqu’à cinq heures du soir, le comte de Bourmont est forcé d’ordonner la retraite, ayant eu douze hommes tués, dont un chevalier de Malte nommé Gardet, et trois cents blessés : parmi ces derniers, quatre-vingt deux moururent dans la nuit, et cent cinquante autres dans les six mois qui suivirent. Les assiégés n’eurent que trois blessés. Des voitures que les chouans avaient pris la précaution d’amener avec eux, pour enlever les fruits du pillage qu’ils se proposaient, servirent au transport des leurs mis hors de combat.

Nous sommes sortis un instant de notre cadre, c’est-àdire d’un couple de lieues des limites de la Sarthe, pour suivre les royalistes dans la Mayenne, parce que cet événement complète en quelque sorte notre récit de l’invasion du Mans ; qu’il est en lui-même le plus extraordinaire de cette guerre ; et qu’il sert à faire juger de ce que peuvent des citoyens bien détermines, lorsqu’il s’agit de défendre et sa famille et ses foyers. Cet événement fut aussi le terme des exploits du comte de Bourmont dans le Maine, ce général ayant fait sa soumission au gouvernement consulaire, que nous allons voir bientôt succéder au Directoire, les derniers jours de janvier 1800, après qu’une de ses brigades, sous les ordres d’un de ses lieutenans, eut été battue à Meslay, entre Sablé et Laval, par le général Chabot.

Hédouville et Brune, qui avaient remplacé le général Hoche dans le commandement des armées de l’Ouest, animés du même esprit de sagesse, obtinrent enfin le succès que méritaient leurs efforts, et parvinrent à pacifier de nouveau cette malheureuse partie de la France ; mais le département de la Sarthe fut long-temps encore à ressentir complètement les bienfaits de cette pacification. Malgré la soumission des chefs de Bourmont, d’Autichamp, de Châtillon, qui adhérèrent à Angers, le 22 janvier 1800, à la convention de Montfaucon, une foule d’hommes sans aveu, sans moyens d’existence, pour qui la vie aventureuse dont ils ont contracté une longue habitude est devenue un besoin, continueront à se porter à tous les excès qu’entraîne, que commande ce genre de vie, rendront les communications peu sûres, arrêteront les voitures publiques, se livreront aux pillages, aux assassinats isolés ; jusqu’à ce que le mouvement continuel des colonnes mobiles soldées, composées des conscrits de la Sarthe, encore dispensés de fournir leur contingent aux armées, l’organisation et la bonne composition de la gendarmerie à pied, la fermeté des autorités, aient mis fin à ces désordres qui, n’ayant plus la politique pour excuse, sont jugés comme les brigandages ordinaires, et punis comme tels par la juste sévérité des tribunaux. Cinq années suffiront à peine pour obtenir complètement ce résultat.

Cette nouvelle pacification donna la clef aux habitans de la Sarthe, d’un fait qui, lors et à la suite de l’invasion du Mans, leur avait paru inexpliquable et, par conséquent, avait éveillé en eux l’inquiétude et le soupçon ; la facilité avec laquelle un sieur Lagarencière de Paris, circulait dans le pays, sous la protection des autorités républicaines, dont il paraissait être l’agent ; des chefs des insurgés, dont il semblait avoir également la confiance. En effet, cet individu, chef de bureau, depuis cette époque, au ministère de l’intérieur, était mis en mouvement par le gouvernement, sous la direction du général Hédouville, et paraît avoir contribué puissamment, par l’adresse de ses négociations, à la soumission des généraux royalistes, notamment à celle de M. de Bourmont.

  1. Voir leurs noms, introduct. à la biographie, p. cxxvi.
  2. Voir les articles particuliers de ces communes, où nous donnons les détails.
  3. On doit voir que ce sont les épithètes injurieuses que nous supprimons ici.
  4. Nous évitons de citer des noms propres, lorsque ces citations peuvent rappeler, à ceux qui les portent, des souvenirs douloureux. Mais ici, les pères et les enfans nous sauront gré de signaler à la reconnaissance publique, les noms des savans professeurs de l’École centrale du Mans, à qui leurs fils ou eux-mêmes durent les bienfaits d’une éducation libérale, à une époque où d’affreuses ténèbres venaient de menacer d’étendre sur la France, le voile lugubre d’une ignorance absolue. professeurs : Mathématiques, Posté ; Physique, Guillemin ; Histoire naturelle, Cauvin ; Grammaire générale, Sardou ; Langues anciennes, Dufour ; Belles-lettres, Simier ; Géographie et Histoire, Patry ; Législation, Ledru ; Dessin, Moulinneuf. bibliothèque : P. Renouard, conservateur. Cette organisation fut modifiée postérieurement, quant au personnel. On trouve, plus tard, la chaire des Langues anciennes, occupée par le savant helléniste et hébraïsant l’abbé Rivière. (Voir à la biographie, les articles consacrés à la plupart de ces professeurs.)
  5. Voir les noms des élus à ces deux époques, introduction à la biographie, p. cxxvii.
  6. Essais hist. sur le Maine, t. II, p. 396.
  7. Tranquille fut arrêté à la Flèche, le 21 janvier 1801, et amené dans les prisons du Mans : il en sortit après la pacification.
  8. Une note de la page 310 du tome II des Essais historiques de P. Renouard, ne paraît laisser aucun doute sur l’exactitude de cette dernière version.
  9. P. Renouard donne des dates postérieures de deux jours, à celles que nous avons indiquées, d’après tous les documens officiels, pour la prise et la retraite du Mans par les chouans. Il accuse aussi l’un des généraux républicains, arrivé au Mans le 25, d’y être resté quatre jours entiers avant de se décider à poursuivre les chouans dans leur retraite. Nous ne pouvons nous décider à répéter de semblables accusations, si peu d’accord avec les pièces officielles qui sont sous nos yeux.