Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/Précis historique/Introduction


PRÉCIS HISTORIQUE
SUR
LE MAINE
ET
LE DÉPARTEMENT DE LA SARTHE.


INTRODUCTION.


L’objet que je me suis proposé, la description du département de la Sarthe, nécessite un précis de l’histoire du pays, qui, comprenant les faits généraux, permette d’en saisir l’ensemble, en laissant aux descriptions locales le récit des événemens particuliers. Ces récits seraient sans intérêt, et ne présenteraient au lecteur qu’un chaos inextricable, s’il ne trouvait le moyen de les rattacher, suivant l’ordre des tems, non seulement à l’histoire générale de la province, mais encore à celle de la nation, réunie aujourd’hui sous les mêmes lois.

Ce serait mutiler cette histoire, ce serait la placer sur le lit de Procuste, si l’on peut s’exprimer ainsi, que d’essayer de tracer celle d’un département qui ne se compose que d’une portion d’une province, sans écrire celle de cette province toute entière. Ainsi c’est l’histoire du Maine, que je dois exquisser ici ; l’histoire de l’Anjou et celle du Perche, lui sont si intimement liées, dès les tems les plus anciens, qu’il sera peu difficile de les coordonner, afin de rendre ce travail commun à toutes les portions du territoire, dont se compose le département. Tel est l’ordre qu’il me paraît utile de suivre, jusqu’à la révolution, époque depuis laquelle il devient facile de rapporter les évènemens à la seule localité départementale, qui fait le sujet de mon travail.

On peut diviser l’histoire de notre contrée en cinq époques ou périodes principales : cette division me semble la plus naturelle qu’il soit possible d’adopter.

La première comprendra ce que l’on peut appeler nos tems fabuleux, par le défaut de monumens suffisans pour la décrire avec succès : ce sera celle des Gaulbis, avant la conquête des Romains. Son commencement est inconnu ; elle se termine à l’invasion de César dans les Gaules, 58 ans avant l’ère chrétienne.

La seconde époque finira à la retraite des Romains, après la conquête et la possession complète des Gaules par les Francs et les autres peuples du nord. On doit la fixer à la défaite de Syagrius, et à la soumission des Armoriques, sous le sceptre de Clovis, 486 ans après J.-C. Ainsi la domination romaine dans les Gaules, comprend une période de cinq siècles et demi.

La troisième retracera l’anarchie des premières races ; elle embrassera les règnes des Mérovingiens et des Carlovingiens, et finira avec le dixième siècle. C’est alors que le siège du royaume fut fixé à Paris ; que la nation ne fut plus gouvernée que par un seul roi.

Pour ne pas multiplier les divisions, nous comprendrons dans la quatrième époque tout ce qui teste à parcourir depuis le commencement du onzième siècle jusqu’à la révolution ; et dans la cinquième ou dernière, l’histoire des trente-neuf années qui viennent de s’écouler ; car, quelle que soit l’opinion de la postérité, sur les évènemens et les résultats de cette révolution, toujours est-il certain qu’elle devra marquer une ère nouvelle, une époque particulière, pendant laquelle de nouveaux besoins se seront fait sentir, de nouveaux droits auront été reconnus.