Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/CHAMPAISSANT

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CHAMPAISSANT, CHAMPESSANT ; Campus pascens, champ de la pâture. Commune du canton, de l’arrondissement et à 10 kilom. 3 heclom. S. S. E. de Mamers ; à 35 kilom. N. N. E. du Mans. Anciennement du doyenné de Bonnélable, de l’archidiaconé de Montfort-le-Rolrou, du diocèse et de l’élection du Mans, — Distances légales, 12 et 4.1 kilomètres.

descript. Bornée au N., par S.-Pierre-des-Ormes ; à l’E. et au S., par S.-Côme-de-Vair et Rouperroux ; à l’O., par Nauvay et Moncé-en-Saosnois ; au N. O., par S.-Remides-Monts ; cette commune a la forme d’un carré, dont le diamètre central est à peu-près de 4— kilom. — Le bourg, situé à la presqu’extrémilé N. E. de la commune, se compose d’un certain nombre de maisons entourant l’église : il est traversé dans sa partie N. E. par la grande route de S.-Côme à Mamers. Eglise ancienne, de construction fort simple et tombant presque en ruines ; clocher en flèche. — Cimetière autour de l’église, clos de murs dégradés, ne servant plus aux inhumations qui se font dans celui de S.-Côme.

populat. De 56 feux autrefois, cette commune en contient 1^7 actuellement, qui comprennent 2^6 individus mâles, 34-3 femelles, total, 589 ; dont 370 dans le bourg.

Mouv. décenn. De i8o3 à 181 2, inclusivement : mariages, 2g ; naiss., 175 ; déc., i5g. — De i8i3 à 1822 : mariages, 52 ; naiss., ig4 ; déc., 119.

hist. ecclés. Eglise dédiée à S.-Gilles, auquel les habitans de la contrée ont une grande dévotion. On y vient en voyage faire dire des évangiles pour soi ou pour ses enfans, le i. cr septembre, jour de la fête de ce saint, lequel préserve de la peur et du mal caduc ou épilepsie. La cure, qui était à la présentation de l’évêquc du Mans, est supprimée, et la commune réunie à celle de S,-Côme pour le spirituel. Le curé de cette dernière r ne vient guère officier dans l’église de Champaissant que le jour de la fête patronale. — En 1284 et i25o, Hugues de la Ferté, alors seigneur de Champaissant, confirme au chapitre cathédral du Mans le don des dixmes de Champaissant. Il s’en empara depuis, car, en 1280, il les lui restitue avec celles de Villaines et d’Hellou, qu’il convient avoir usurpées à tort, pourquoi le chapitre lui compte i5 liv., desquels il donne quittance,

hist. féod. La seigneurie de Champaissant était un membre de la baronnie de Bonnétable et, comme telle, relevait du comté du Maine. Le château de Forbonnais, ou mieux sans doute, Fort-Bonnais, propriété du célèbre économiste Véron de Forbonnais, et qu’habite sa respectable veuve, est situé à la presqu’extrémité sud de la commune. Véron de Forbonnais l’habita longtemps, et y écrivit une partie de ses ouvrages. Voir la biographie.

hist. civ. Véron de Forbonnais, écrivain philantrope, dans l’intention de délivrer les habitans de Champaissant de l’arbitraire de la taille, les engagea à faire cadastrer cette paroisse, afin d’opérer une égale répartition de l’impôt, et renonça, par un acte du 3o septembre 1764 ? aux privilèges et exemptions que lui donnait le titre de conseiller au parlement de Metz, office qu’il avait acheté ; l’exemple de ce cadastreront fut imité par plusieurs des paroisses environnantes. Un Arrêt de la Cour des Aides, du 4 juin 1766, confirme et autorise la répartition proportionnelle de la taille, d’après ce cadastre, dans la commune de Champaissant. Bientôt celte opération cadastrale pourra être comparée à celle qui s’effectue en ce moment pour chacune des communes du canton de Mamers. Forbonnais avait aussi rédigé un Mémoire sur la statistique de Champaissant, déposé, avec celui sur son cadastreront, aux archives de la Société Royale d’Agriculture, Sciences et Arts du Mans.

Une ancienne tradition voulait que le Mont-Jallu (Mont-Jovin, ou Mont-Janus, peut-être, anciennement), monticule situé au N, E. de la commune, recelât un trésor qu’y auraient enfoui les Anglais, soit lors des guerres de Charles VII, soit lors de celles des comtes du Maine Anglo-Normands. En 1826, une compagnie d’actionnaires se forma à Paris, pour la recherche de ce trésor. Le non-succès de cette tentative ne découragea pas M. Fay, père de la jeune et célèbre comédienne Léontine Fay, lequel, à l’aide du somnambulisme d’une fille Catherine, femme de chambre de son épouse, vint dépenser, comme ses prédécesseurs, et aussi inutilement, une somme considérable à cette folle spéculation. En supposant, ce qui nous paraît très—douteux, que la tradition du trésor caché eût eu quelque fondement, d’autres, depuis longtemps, ont dû chercher à le découvrir. Nous avons vu, aux archives du château de Bonnétable, une permission accordée le 17 février 1755, par M. le duc de Chevreuse, alors seigneur, à un sieur Léger, pour fouiller la butte de Mont-Jallu, près S.-Côme, « dans laquelle, y est-t-il dit, les Anglais auraient caché un trésor, au i5. c siècle » ; et les habitans du pays censervent la tradition de deux fouilles semblables, aussi infructueuses que celles de 1826 et de 1827.

hydrogr. La commune est arrosée du N. au S. O., par la petite rivière d’Orne N. E. ; au S., vers son centre, par le ruisseau de Pouvray ; et à son extrémité S., par celui de Guémansais. — Moulins à blé de la Louvresse et de Forbonnais, sur le premier de ces cours d’eau.

géolog. Sol montueux, au N. E. seulement ; plat, sur le reste de la superficie de la commune. Terrain calcaire oolithique, semblable à celui de Saint —Corne— de —Vair. Voir cet article.

divis. des terr. En labour, 273 hectares ; jardins, 5 ; prés et prairies, 92 ; bois futaies, 10 ; bois taillis, 5 ; su-Çerficie des bâtimens, 4 ; chemins, 5 ; eaux courantes, 4 ; otal, 3g8 hectares.

contrib. Foncier, 3, 009 f. ; personn. et mobil, , 3oo f. ; port, et fen., 1 4-9 f. ; 24. patentés : dr. fixe, 1 13 f. ; dr. proport. , 64 f. ; Total, 3, 635 f. — Perception de S.-Côme.

cultur. Sol fertile, produisant froment et orge y presque uniquement ; seigle, seulement pour la paille à liens ; très-peu d’avoine ; beaucoup de trèfle, chanvre, pommes de terre ; passablement d’arbres à cidre ; élèves de chevaux, de bestiaux, engrais de bœufs ; peu de porcs. Assolement triennal ; 10 fermes, 20 bordages ; a3 charrues.

comm. agric. Exportation de grains, mais seulement à charge de retour, la commune se nourrissant à peine ; chanvre et fil ; graine de trèfle, foin ; cidre et fruits ; poulains, jeunes bestiaux et bœufs gras ; beurre, volailles, menues denrées.

comm. industr. Quatre métiers à toile, dites communs et canevas, produisant une cinquantaine de pièces de cent aunes de long ; les premières pour particuliers ou pour la halle de Mamers, les seconds pour celle de la Ferté-Bernard. march. fréquent. Mamers, Bonnétable.

rout. et chem. La commune est traversée à son extrémité N., de l’E. au N. O., par la route départementale n.° 7, de la Ferté-Bernard à Mamers ; à son extrémité E., du N. E. au S., par celle n.° 1, du Mans à Paris, par Bonnétable, S.-Côme, etc.

habit. et lieux remarq. Forbonnais, jolie maison moderne, ornée de jardins et d’un beau bouquet de futaie ; la Cour, bordage aujourd’hui ; la Motte, la Moinerie, la Croix-Chevallier.

établ. publ. Mairie, seulement. Bureau de poste à Bonnétable.