Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BOURG-LE-ROI

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BOURG-LE-ROI, vulgò BOULEREY ; Burgus Régis ; anciennement BOURG-L’ÉVÊQUE ; en 1794, BOURG-LA-LOI. Commune cadastrée, chef-lieu de canton, du district de Fresnay, en 1790 ; actuellement du canton et à 8 kilom. S. de S.-Patern ; de l’arrondissement et à 18 kil. O. de Mamers ; à 39 kil. N. du Mans. Autrefois du doyenné de Saosnois ; de l’archidiaconé de Lignière ; du diocèse et de rélection du Mans. — Distances légales : 9, 20 et 45 kilomètres.

descript. Borné au N., à l’E. et au S., par Ancines, et à l’O., par Cherizay, le territoire de cette commune est extrêmement circonscrit : il forme une espèce de carré long qui s’étend du N. O. au S. E. Diamètres : longitudinal, ou du N. O. au S. E., 1 kilom. ; transversal, ou du N. E. au S. O., 1/2 kilom. La partie agglomérée, avec l’eau de ses écluses comprise, occupe à-peu-près la 6.e partie de ce territoire. Ce bourg, qui eut mieux que bien d’autres mérité le titre de ville, situé dans la partie O. de la plaine du Saosnois, était enclos de murs. Voir ci-dessous antiq. Il se compose de plusieurs rues parallèles et de maisons isolées, qui n’ont pas d’étage pour la plupart, et dont presque toutes les huisseries sont construites en granit micacé d’Alençon. L’église n’a rien de remarquable que les nombreuses tombes des seigneurs du lieu, qui forment le pavage de sa nef, et l’espèce de luxe avec lequel la statue de la Vierge y est habillée, ce qui est ordinaire dans cette contrée. Clocher en flèche, supportée par une fort grosse tour carrée. Cimetière situé au N., clos de murs en partie et en partie de haies. — L’ancien manoir seigneurial, appartenant jadis à la maison de Maridort, a été reconstruit en maison moderne, avec deux pavillons. Cette maison est actuellement la propriété de Madame de Mirebeau, née de Viennay.

populat. De 60 feux jadis, on en compte actuellement 114, qui se composent de 235 individus mâles et 294 femelles ; total, 529, tous dans le bourg. Mouv. décenn. De 1803 à 1812 inclusivement : mar., 39 ; naiss., 137 ; déc., 118. — De 1813 à 1822 : mar., 33 ; naiss., 132 ; déc., 101.

hist. ecclés. Eglise dédiée à S.-Julien ; assemblée le lundi de Pâques. Une chapelle, dédiée à S.-Mathurin, subsiste encore : c’était une ancienne prestimonie. Il en existait deux autres sous les titres de Minier et de Tête-d’Or. A certaines époques, on va processionnellement faire des stations à un oratoire qui est sous l’invocation de la Vierge. — La cure était à la présentation du chapitre cathédral du Mans.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était une dépendance de la châtellenie de Fresnay. Elle appartenait à une branche cadette de la maison de Maridort. Jacques I.er de Warwic, surnommé Maldoc ou Maridort, s’étant fixé dans le Maine, lors de la disgrâce de sa famille en Angleterre, y épousa, vers l’an 1370, Marie Becket, fille de Guillaume, chevalier, maître d’hôtel de la reine de Sicile, seigneur de la châtellenie de Vaux en Blinois, dont sa fille hérita. L’un de leurs descendans, Guillaume de Maridort, épousa en 1504, Renée de Maulni, fille de Pierre, seigneur de S.-Aignan, de Bourg-le-Roi, etc., ce qui fit passer cette seigneurie dans la maison de Maridort. Jean, leur fils, mourut au service du roi, et fut enterré aux grands Cordeliers de Paris. Gilles de Maridort, qui était lieutenant aux gardes, eut 18 enfans de Françoise de Vignolles qu’il épousa en 1613. Un de leurs fils, également nommé Gilles, fut tué au siège de Collioure, où il commandait ce que l’on appelait les Enfans-Perdus ; Louis-Charles, son arrière petit-fils, fut sénéchal du Maine. Les Maridort de Bourg-le-Roi, possédèrent aussi les seigneuries de S.-Ouen-en-Champagne, du Breil, de Lucé, de Doucelles, de Chérancé, de Villedieu, etc. D’après un aveu de 1682, on voit que le fief seigneurial de Bourg-le-Roi avait été saisi sur les héritiers de Gilles de Maridort. Noms féodaux, 610.

historique. Après que Guillaume-le-Roux se fut emparé de la ville du Mans, en 1099, ce prince trouvant la position du Bourg-l’Evêque convenable, pour la conservation de cette partie de la province du Maine entre ses mains, traita de son acquisition, par voie d’échange, avec les chanoines du Mans, à qui ce lieu appartenait, moyennant la concession de différentes rentes et de divers droits féodaux ; il y fit construire une forteresse pour maintenir le pays dans le devoir : c’est depuis lors que Bourg-l’Evêque porta le nom de Bourg-le-Roi.

Henri II, roi d’Angleterre, voulant faire de ce lieu une place considérable, et y attirer des habitans, leur accorda l’exemption des droits de chevalerie, de tailles et de coutumes, qui lui étaient dus. Ces privilèges furent confirmés par les rois de France, Charles V et Charles VI. Les lettres-patentes de Charles V, données à cet effet à Paris, en octobre 1368, « confirment les privilèges accordés par Henri roi d’Angleterre aux habitans de Bourg-le-Roi : Burgus Regius supràm aquam de Moira in Cenomania. »

Plus tard, la seigneurie de Bourg-le-Roi passa, à ce qu’il paraît, avec le Saosnois, aux ducs de Normandie de la maison d’Angleterre, puis aux comtes et ducs d’Alençon. Jean II, duc d’Alençon et baron du Saosnois, étant allé porter du secours à la ville de Laval, attaquée par les Anglais, et ayant appris que ceux-ci devaient profiter de son absence pour assiéger Bourg-le-Roi, les prévint en portant promptement ses forces sur ce point, et les mit en déroute, malgré leur courageuse résistance. — Il est probable que la forteresse de Bourg-le-Roi a dû être souvent le but des attaques des ennemis de ses possesseurs ; cependant, l’histoire ne nous apprend rien sur les autres faits d’armes qui doivent y avoir eu lieu.

antiq. Le système de fortification de Bourg-le-Roi, tel probablement que Guillaume-le-Roux et Henri II l’avaient fait établir, consistait en une chemise de murailles, partant de la rive gauche du ruisseau de Rosai, ou même de celui de Moire, au N. N. O., détendant par le N. jusqu’au pied d’une motte ou tombelle formée de terre de rapport, située au N. E., de 36 à 40 mètres d’élévation, sur laquelle était construit un fort qui paraît, d’après ce qui subsiste encore de ses ruines, avoir été entouré d’une double enceinte de murs et d’un double ou même d’un triple fossé. De-là, cette muraille se prolongeait jusqu’à l’O., par le S., et venait se terminer également au ruisseau de Rosai ou à celui de Moire, dont les eaux étaient retenues par des digues, dans l’espace compris entre le Grand et le Petit-Moulin, ce qui terminait ce système de défense à l’O. Il reste encore, outre les ruines du fort, une assez grande longueur des murs d’enceinte fort élevés, s’étendant depuis l’ancien château jusqu’au pied de la motte où est le fort ; et deux des portes de cette enceinte, situées au N. et au S. S. E., dont la forme semi-ogive correspond assez bien à l’époque indiquée comme celle de leur construction. Il est très-probable que l’ancien château et la tour de l’église étaient liés à l’ensemble de ces fortifications.

hydrogr. Le ruisseau de Rosai-Nord, et celui de Moire, qui coulent du N. N, E., et du N. au S., arrosent Bourg-le-Roi à l’O., où ils se réunissent. Petit-Moulin, à blé, sur le Moire.

géolog. Terrain plat, entièrement secondaire, offrant le calcaire horizontal, comme dans toute la plaine du Saosnois.

Plant. rar. Statice plantaginea, all.

cadastr. Le total de la superficie de cette commune, est de 36 hectares, 04 ares, qui se divisent ainsi : — Terres labourables, 17 hectar. 86 ares, 44 centiar., divisés en 4 classes, de 18, 24, 30 et 40 fr. — Jardins, 5-34-11 ; 3 cl. : 30, 40, 45 f. — Prés, 2-45-0 ; 2 cl. : 50 et 80 f. — Pâtures, 3-94-78 ; 2 cl. : 5 et 15 f. — Ecluses ou eaux, 0-06-0 ; à 40 f. — Sol des propr. bât., 2-23-93 ; à 40 f. Objets non imposables : Egl., cimet., chem. et places publ., 3-63-98. Riv. et ruiss. 0-14-86. = 132 maisons, en 7 class., de 3 à 60 f. — 1 moulin, à 200 f.

Le Total du Revenu imposable, est de 2,742 fr. 58 cent.

contrib. Foncier, 442 f. ; personn. et mobil., 330 f. ; port. et fen., 132 f. ; 32 patentés : dr. fixe, 141 f. ; dr. proport., 66 f. 67 c. Total, 1,111 f. 67 c. — Chef-lieu de perception.

cultur. Sol argileux recouvrant le calcaire ; culture en froment, du tiers des terres en labour ; un autre tiers en orge, avoine, menus et légumes ; le reste en jachères. Le territoire de Bourg-le-Roi est trop peu important pour entrer dans de plus grands détails sur ce sujet.

comm. industr. 60 à 70 métiers sont occupés à la fabrication de toiles de chanvre, façon d’ Alençon, qui se vendent dans cette ville, en 2/3 et en aune, de 60 aunes de longueur, pour la confection desquelles on achète les fils communs dans les campagnes environnantes et les fils fins à Fresnay. Ce bourg est dépourvu de commerce, a peu d’industrie, peu de mouvement et d’aisance par conséquent ; il mériterait mieux que ce qu’il possède sous ce rapport.

march. fréq. Fresnay, Beaumont-sur-Sarthe, Alençon.

rout. et chem. Situé à 3 kilom. à la droite de la route royale du Mans à Alençon, Bourg-le-Roi est traversé par un grand chemin conduisant de Ballon à Alençon, par Arçonnay d’une part, et, de l’autre, par Ancines et S.-Rigomer.

etabl. publ. Mairie, succursale ; résidence d’un notaire, d’un percepteur, d’un instituteur primaire. Un débit de tabac. Bureau de poste aux lettres à Alençon.