Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BONNÉTABLE

BONNÉTABLE, BONNESTABLE, Bonum Stabulum ; anciennement MALESTABLE et aussi MELLERETS. Ville et commune chef-lieu de canton, du district de la Ferté-Bernard, en 1790 ; actuellement de l’arrondissement, et à 19 kilom. S. de Mamers ; à 26 kil. N. N. E. du Mans. Jadis, chef-lieu du doyenné de son nom, de l’archid. de Montfort-le-Rotrou ; diocèse et élection du Mans. — Distances légales, 23 et 30 kilomètres.

descript. Commune composée d’une partie agglomérée, ayant titre de ville, d’un territoire rural, et de la forêt qui porte son nom ; bornée au N. O. et au N., par Terrehaut et Rouperroux ; à l’E. et au S. E., par S.-Georges-du-Rosai et la Bosse ; à l’O. par Briosne. Son diamètre, du N. au S.,varie de 4 à 5 kil. ; il est de 8 kil. environ, de l’E. à l’O. La ville qui se trouve à-peu-près à l’extrémité S. O. de la commune, se compose de deux parties séparées entr’elles par la petite rivière ou ruisseau de Tripoulain. La partie E., ou la ville proprement dite, se compose d’une rue principale, appelée Grande-Rue, que suit la route de Paris au Mans, à laquelle s’embranche, en Y, la rue S.-Nicolas, large et bordée de maisons bourgeoises ; à son extrémité N., est une place avec une halle pour les grains. Une autre halle, où se tiennent les audiences de la justice de paix, se trouve entre la Grande-Rue et la rue du Tripot ; elle sert d’étalage aux marchands, les jours de marchés : une statue en plâtre, de Mercure, est placée à son extérieur. Un grand nombre de petites rues et de ruelles, la plupart non pavées, divergent de ces deux rues principales et conduisent aux différens chemins environnans. Un ancien puits, transformé en pompe, située au carrefour du Lion, procure de l’eau aux habitans de ce quartier. Cette partie de la ville, construite en amphithéâtre, s’inclinant au S. S. E., ne se composait anciennement que de quelques maisons, dont celles du Lion-d’Or, et du Grand-Turc ; d’un ancien château dans l’emplacement actuel de la maison Nadot ; de la chapelle S.-Nicolas, servant de paroisse, qui est aujourd’hui la mairie ; le tout enceint d’une chemise ou muraille n’ayant que deux portes ou issues : c’était Malestable, tournebride de la forêt de Clossay, laquelle s’étendait alors jusques sur le territoire de Terrehaut et de Courcival. Des seigneurs de la maison de Nemours, étant venus chasser dans cette forêt, s’arrêtèrent à l’auberge de ce lieu, s’y trouvèrent bien hébergés et dirent qu’il fallait changer son nom en celui de Bonnestable, ce qui a eu lieu en effet.

L’autre partie, nommée faubourg Saint-Etienne, se compose d’une rue que suit également la grande route, de l’église paroissiale, du château, du collège et de différentes petites rues, formant un groupe de maisons équivalant à-peu-près à un tiers de la ville. Ce quartier, qui fut un monastère dans l’origine, s’appelait autrefois Mellerets ou Melleray. — L’église avec un clocher en flèche, n’avait rien de remarquable dans sa construction ; en voulant l’accroître et la reparer, les anciens murs se sont détériorés, ce qui oblige de la reconstruire en entier, moins la tour. On y a découvert dans un caveau, un cercueil en plomb, qu’on croit être celui de Marie d’Orléans, princesse souveraine de Neufchâtel et Valengin, etc., veuve du prince Henri de Savoie duc de Nemours, morte en 1707 et qu’on croit avoir été inhumée dans cette église. C’est de cette dame que M. Le duc de Luynes avait hérité de la terre de Bonnétable. L’ancien cimetière entoure l’église de trois côtés, et sert à inhumer les habitans de cette partie de la ville, et de la campagne qui l’environne ; on y remarque plusieurs tombes en marbre. Un autre cimetière, clos de murs, situé en dehors de la ville, au N., dans lequel était une chapelle dédiée à S.-Roch, est destiné à l’inhumation du surplus de la population. — Le château, construit par Jean d’Harcourt, en 1479, est situé dans un terrain bas. Anne de Montafié, veuve de Charles de Bourbon-Soissons, fit édifier une partie de l’aîle méridionale, dans la première moitié du 17.e siècle. Ce château, de construction fort lourde, n’ayant qu’un étage, est flanqué de six tours rondes, quatre sur le devant et deux sur le derrière, avec crénaux, mâchicoulis, coulisse pour la herse, etc. Ses murs extérieurs ont 2 mètres 1/3 d’épaisseur. Le portail de la cour d’entrée, à pilastres vermiculés, et les murs de façade viennent de faire place à une claire-voie. On voit dans une des salles de ce château, remarquable par les sculptures en bois de son plancher, plusieurs portraits des anciens seigneurs de Bonnétable, De longues et vastes avenues, qu’on appelle les Allées, plantées en peupliers et en ormeaux, se dirigent, des derrières du château, vers l’ouest, et servent de promenade aux habitans. Une autre petite promenade, en quinconce, a été plantée depuis quelques années, à l’extrémité de ce faubourg.

populat. On comptait anciennement dans cette commune, 783 feux et 4,000 habitans. Sa population actuelle, portée à 1,400 feux, se compose de 2,368 individ. mâles, de 2,751 femelles ; total, 5, 119 ; dont 920 feux ou 3,364 individus dans la ville, et 480 feux, ou 1,755 individus repartis sur la campagne, dans 414 maisons.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812, inclusiv. : mar., 348 ; naiss., 1,623 ; déc., 1,617. — De 1813 à 1822 : mar., 386 ; naiss., 1,537 ; déc., 1,247.

hist. ecclés. L’église dédiée à S.-Etienne et à S.-Sulpice, faisait partie, à ce qu’on assure, d’un monastère de Bénédictins établi dans ce lieu. La cure était à la présentation du prieur de Sainte-Goburge, par le don qu’en fit aux religieux, de ce prieuré, vers le milieu du 12.e siècle, Foulques de Cordouart, qui lui donna aussi la meilleure partie des dîmes qu’il y possédait. La chapelle S.-Nicolas, servait alors d’église paroissiale aux habitans du bourg de Malestable ; et le prieur de S.te—Goburge, curé primitif, en nommait le vicaire perpétuel. Une confrérie de charité, du nom de Jésus, fut érigée dans l’église de S.-Etienne, le 30 mai 1554. Une épitaphe en écriture gothique, placée dans la chapelle Saint-Jean de cette église, porte que François d’Harcourt, qui vivait en 1491, fit don à la fabrique de la ferme des Ivandières. — Le prieuré de Bénédictins de Montcaulin, situé dans la lotie des Barres de la forêt de Clossay, était à la présentation de l’abbé du Gué-de-Launai, près Vibraye ; lors de sa suppression, la mense en fut réunie à celle de l’abbaye de la Pelice, près la Ferté-Bernard. La chapelle, ayant été démolie il y a une trentaine d’années, on y trouva le cœur de Roger, fondateur de ce prieuré : il était renfermé dans deux boîtes, l’une en étain, et la seconde en bois. On voit encore, près de l’emplacement de cette chapelle, une ouverture triangulaire au niveau du terrain, où commence un escalier en pierre, de 50 marches, divisé en deux parties. La première descend à pic jusqu’à un pailler ou repos où se trouvait une double porte ; la seconde partie, en pente douce, conduit à un souterrain situé à 16 ou 17 mètres de profondeur, construit en pierre et voûté en ogive, ayant une largeur de 1 mètre 2/3 et une hauteur de 2 mètres 1/6.e qu’on ne peut suivre que l’espace de 40 pas, à cause de l’éboulement des terres et d’une partie de la voûte : il paraît former une croix, avec deux autres issues, également voûtées, qu’on rencontre à 20 pas du bas de l’escalier, qui se dirigent à droite et à gauche, mais dans lesquelles les éboulemens empêchent également de pénétrer. Ces constructions sont toutes en grès de la forêt. Quelques personnes prétendent que ce souterrain conduisait, les unes à Montéhier (v. notre article Aulaines) ; les autres au prieuré de Guémançais, (v. l’art. Rouperroux), en passant par dessous la forêt. Enfin, d’autres croient que c’était l’escalier d’un cachot pénitentiel, espèce d’evade in pace, fondés sur ce que l’on voyait des anneaux de fer scellés dans le mur, d’endroits en endroits. La forme de ce souterrain ne permet pas d’admettre cette dernière destination. — Il existait de plus une chapelle du nom de Montfêlé, domaine dépendant du prieuré de Montcaulin ; et celle de Saint Roch, dont il a été parlé.

hist. féod. La chastellenie de Bonnestable ou de Malestable alors, devenue depuis baronnie, appartenait dans l’origine aux seigneurs de la Ferté-Bernard, de la maison de Bélesme : elle passa, à ce qu’il paraît, avec celle de Montfort, dans la maison des Rotrou de Mortagne, quand celle-ci fut devenue possesseur des biens de Robert II de Bélesme ; ensuite dans la maison de Parthenai l’Archevêque, par le mariage de Jeanne de Rotrou, dame de Montfort, de Vibraye et de Bonnétable, avec Jean l’Archevêque, seigneur de Parthenai en Poitou. Isabeau de Parthenai, leur fille, épousa en 1352, Charles de Harcourt, dont le petit-fils, Jean de Harcourt, fit bâtir le château actuel. En 1529, Gabrielle de Harcourt épousa Charles de Couesmes, et Jeanne de Couesmes épousa, en 1588, Ludovic de Montafié, puis en seconde noces François de Bourbon-Conti. La terre de Bonnétable fut saisie réellement sur eux, et adjugée par décret, en 1613, à Anne de Montafié, épouse de Ch. de Bourbon-Soissons, fille du premier mariage de Jeanne de Couesmes. Elle passa en 1644, à Marie de Bourbon-d’Orléans, épouse de Henri de Savoie, duc de Nemours ; puis, en 1707, à Amédée de Savoie-Carignan, son cousin-germain et son unique héritier. Enfin, en 1769, Louise-Léontine-Jacqueline de Bourbon, propriétaire de cette terre, épousa Charles-Philippe d’Albret, duc de Chevreuse, dont la descendante, madame la duchesse Hortense de Luynes, veuve Mathieu de Montmorency, fille du duc de Luynes, ancien sénateur, est encore propriétaire de presque tous les biens. La forêt de Bonnétable alias Clossay, formait le corps principal de cette terre, qui fut augmentée, en 1753, par l’aquisition que fit le duc de Chevreuse, de celle de S.-Georgcs-du-Rosai. Beaufay, Champaissant, S.-Georges-du-Rosai, étaient des membres de cette baronnie, relevant du comté du Maine, et dont la juridiction s’étendait sur 15 paroisses ; cette juridiction était exercée par un bailli, un procureur fiscal et un greffier ; elle ressortissait au presidial du Mans. Une partie de la paroisse dépendait du bailliage de la Bosse de la baronnie de la Ferlé-Bernard ; plus tard, du bailliage de cette ville, après l’ordonnance de Roussillon, de 1573.

En 1394 et 1406, Philippe de Harcourt, chevalier, rend aveu pour la terre seigneuriale de Bonnestable ; Jean de Couesmes, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, rend un semblable aveu en 1573 ; et Charles-Philippe d’Albret, duc de Luynes et de Chevreuse, et son épouse Louise-Léontine-Jacqueline de Bourbon, légataire universelle de Marie d’Orléans, duchesse de Nemours, rendent aveu de la baronnie de Bonnestable, en 1720 et 1721. Un ancien titre fait connaître que la comtesse de Soissons dame de Bonnestable, exerçait un droit de chauffage dans la forêt de Perseigne. — Dans le 12.e siècle, les seigneurs de la Ferté et de Malestable, fondèrent l’abbaye de Halais ; et ceux de Montfort et de Malestable, celle du Gué-de-Launai. Voir ces deux mots.

On trouve dans les archives du château de Bonnétable, où nous avons puisé les renseignemens qui précèdent, grâce à la complaisance de M. Livet, régisseur, deux lettres adressées, l’une, par Henri IV, au Prince de Conti, le 18 mai 1593. C’est une circulaire adressée à tous les princes, prélats et notables du royaume, pour les prévenir de la convocation à Meaux des évêques et docteurs, à l’effet de recevoir d’eux les instructions propres à amener sa conversion ; il invite le prince de Conti à s’y trouver. Nous donnons cette pièce intéressante au précis historique. L’autre lettre est de Henri III, adressée au même prince, la voici : « Mon cousin, j’ay reçu votre lettre du 29.e jour d'août dernier passé que Bonniau m’a baillée, sur laquelle je vous respondray quant à la requeste que me faittes, touchant l’évesché de Bayeux duquel celluy qui s’en trouve à préset pourveu l’a esté en vostre faveur, que quant il viendra à vacquer par son trespas j’aurai en cela bonne souvenance de vous pour en grattifier tel personnaige capable que me vouldrez présenter à cet effet, sans qu’il soit besoing de l’expédition du brevet de… que me demandez. Et sur ce faisant fin, je supplieray le créateur, mon cousin, qu’il vous ayt en sa saincte garde. Escrit de Paris le 26.e jour de septembre 1585. Signé Henry ; contresigné Brulard. » — Une autre lettre de chancellerie, de Louis XIV, à son envoyé auprès de l’évêque de Cologne, écrite en chiffres, est conservée dans les mêmes archives : elle nous a paru offrir peu d’intérêt.

François de Harcourt, baron de Tilly, seigneur de Bonnestable, assista en personne à l’examen et à la publication de la Coutume du Maine, les 8 et 15 octobre 1508.

historiq. L’histoire apprend peu de chose sur les événemens dont Bonnétable fut le théâtre, pendant les guerres qui ravagèrent si longtemps la province. On sait seulement qu’après les conférences infructueuses qui eurent lieu à la Ferté-Bernard, entre Philippe-Auguste et Henri II d’Angleterre, Philippe s’avança dans le Maine et prit Bonnétable, avec les autres villes des environs et celle du Mans. — Il n’est pas douteux que lors du siège de la Ferté-Bernard, fait en 1590 par le prince de Conti pour le roi, la ville de Bonnétable,qui appartenait dès-lors au prince, n’eut fait de bonne heure sa soumission. — Pendant la disette de 1738 et de 1739, le peuple, qui manquait de pain, ayant eu recours aux armes pour s’en procurer, il y eut à Bonnétable une violente insurrection. — Le 20 mai 1795, les chouans surprirent la ville de Bonnétable, désarmèrent les habitans en plein jour, renversèrent l’arbre de la liberté, brûlèrent les archives publiques et pillèrent plusieurs maisons. On remarquait peu d’étrangers dans ce rassemblement formé de gens du pays. — M. Vaysse de Villiers se trompe lorsqu’il dit dans son Itinéraire descriptif, que « le nom de malestable n’était sans doute qu’un sobriquet, imaginé par les malins du pays. » C’était alors un nom, comme beaucoup d’autres, caractéristique de sa situation ; et, ce qui le prouve, c’est qu’une commune du Perche, porte encore ce même nom.

hist. civ. Outre sa juridiction seigneuriale, la ville de Bonnétable possédait un grenier à sel, établi lors de la division de celui de la Ferté-Bernard, en 1694 : auparavant, elle n’avait qu’une chambre ou magasin de celui de la Ferté. Ce grenier était régi par un président, un grenelier, un contrôleur, et un greffier. Dix-neuf paroisses s’y approvisionnaient : en 1700, il s’y distribuait 18 muids de sel, dont le prix était fixé à 7 liv. le quintal. Bonnétable avait aussi un Hôtel-de-Ville et une brigade de maréchaussée.

Son collège fut fondé dans le 16.e siècle, par le prêtre Thiars qui, par son testament, légua pour cet effet, une maison dans la ville et un domaine rural. Une demoiselle Huberson y ajouta le don d’une métairie, dont la jouissance fut accordée à la ville par acte du 21 juin 1663, à la charge de payer 70 livres par an au principal, pour l’instruction gratuite des pauvres. Le même acte oblige le chef de ce collège à faire lui-même la classe, et l’autorise à se faire remplacer pour les petites écoles, pour lesquelles il pourra se faire payer 4 sous par mois, et 8 sous pour l’enseignement supérieur, par chaque enfant non indigent. La dotation en fonds de terre, dont il ne reste plus que la maison, produisait 700 livres ; depuis 1789, les seigneurs de la maison de Luynes y ajoutèrent 100 francs par an, pour chacun des deux instituteurs. Le principal actuel, qui tient pensionnat, enseigne la lecture, l’écriture et le calcul, les élémens des langues française et latine.

André de la Jonchère, curé de Bonnétable, fonda le 11 mai 1689, une maison de charité, dont il confia la direction aux sœurs de la Providence. La duchesse de Nemours fit construire à ses frais une chapelle et des classes et fit remise des droits seigneuriaux. Le 30 mai 1737, le duc Albret de Luynes constitua, en faveur des sœurs, une rente de 250 livres. Cette maison possédait 3,499 liv. de rente, réduites à 1,620 francs par la révolution. Le 7 août 1804, le duc de Luynes, sénateur, donna une somme de 1,500 fr. pour relever rétablissement, en promettant de continuer la rente de 250 livres. Six sœurs d’Evron desservent cette maison appelée la Providence, où elles tiennent un pensionnat, et font les écoles aux jeunes filles : elles vont aussi donner à domicile des soins aux malades indigens. Madame la duchesse Mathieu de Montmorency vient de faire construire un hospice dans cette maison, d’y fonder douze lits, et d’augmenter les bâtimens du pensionnat, à l’effet d’y entretenir douze bourses et demi-bourses, pour y faire faire l’éducation de jeunes filles peu fortunées.

Par arrêt du parlement, du 20 décembre 1786, un bureau de charité fut créé pour l’administration du bien des pauvres de cette paroisse, lequel consistait : dans un revenu territorial de 800 livres, servant de dotation à la confrérie de charité de l’Enfant-Jésus ; dans le produit d’une somme de 23 mille livres, léguée par la dame Pacquinot, veuve Le Roy d’Argenson ; dans 500 livres de rente, produit d’un don de 10,000 livres fait par René Fournier, pour faire apprendre des métiers à de pauvres enfans des deux sexes, nés à Bonnétable, disposition qui est encore exécutée ; enfin, dans 60 livres de rente léguées par M. Thuau. Les malades et infirmes indigens de la paroisse d’Aulaines, devaient participer avec ceux de Bonnétable, dans une juste proportion, au legs de Madame veuve Le Roy.

antiq. On remarque dans un champ de la ferme de la Juvellerie, à peu de distance du chemin de Bonnétable à S.-Georges, un peulven de forme conique, s’élevant à 3 mètres 1/3 hors de terre, de 3 mètres de largeur et de 1 mètr. d’épaisseur. A peu de distance du rond-point de la forêt, dans la ligne de S.-Georges à Prévelles, on voit un autre peulven appelé Pierre de Clossay, de l’ancien nom de cette forêt, ayant 2 mètr. de hauteur, 2 mètr. 1/3 de largeur et 83 centimètres d’épaisseur ; plusieurs morceaux qui l’entourent sont le résultat de sa destruction par les gelées, ce qui l’a diminué de hauteur de plus d’un tiers ; près de ce peulven, une fontaine portant le même nom, recouverte de dalles en pierre qui, comme celles des peulvens, sont en grès. Au lieu de la Motte, à 1 kil. au S. du clocher de Bonnétable, existent deux tombelles d’inégales proportions, qui n’offrent rien de particulier.

hydrogr. Le ruisseau ou rivière de Tripoulain (v. ce mot), baigne une partie de la ville au S., et la sépare du faubourg S.-Etienne : une arche en pierre sert de communication de l’une à l’autre. Ce ruisseau pourrait, dit-on, recevoir le tribut de 42 sources qui sont presque sans écoulement ; mais son lit étant trop étroit et ayant trop peu de pente, ses eaux restent stagnantes et mal-propres, ce qui peut nuire à la salubrité. Sans cet inconvénient, on pourrait peut-être utiliser son cours pour le transport dans l’Orne-Est, puis dans la Sarthe, des bois de la forêt. — Le ruisseau de Gênai arrose la commune au N. et va se perdre dans le précédent : son cours, du S. E. au N. O., est de 2 kilom. environ. — Moulins à blé de la Ville, et de Marteau, sur le Tripoulain.

géolog. Minéral. Terrain légèrement ondulé, d’alluvion ou de transport, généralement sablonneux ; offrant au N. un mamelon d’un sable brûlant ; à l’E. un chaînon calcaire, appelé Montafilé. Sables rouge et blanc ; grès ferrifère ou roussard, dont plusieurs carrières en extraction, dans le faubourg même ; grès blancs, en blocs considérables, dans la forêt ; marne blanche. La glauconie sableuse, exploitée pour moellon, forme la roche du côteau de Montfêlé : on y rencontre des Ammonites, dont les cavités sont ordinairement remplies de cristaux de quartz et de cristaux de chaux carbonatée cuboïde ? superposés. Dans le champ du Tertre, de Beaulieu, au bord de la nouvelle route de Bonnétable à Torcé, on a observé la Trigonie sillonnée et une espèce de Cythérée. Aux environs du château, on extrait de la grave formée de morceaux roulés de silex et de grès rouge luisant. — Une fontaine, dans les dehors du château, appelée Fontaine rouillée, est soupçonnée ferrugineuse : ses eaux n’ont point encore été analysées.

Pl. rar. Anemone pulsatilla, lin. ; Ophris apifera, huds. Dans la forêt : Ceterach officinarum, dec. ; Lichen pulmonarius, lin.

nosolog. En 1761, 65 et 66, Bonnétable fut affligé d’épidémies contagieuses qui y firent de grands ravages. Le médecin Vétillard, du Mans, qui fut envoyé pour y apporter remède, parvint à en arrêter le fléau. On se plaint que depuis trois quarts de siècle, la paralysie y devient plus fréquente qu’autrefois, et y attaque tous les âges : il serait utile de vérifier avec soin l’exactitude de cette observation, et de rechercher les causes qui ont pu multiplier cette affection.

divis. des terr. En labour, 1,728 hect. ; vignes, 13 ; jardins, 10 ; prairies naturelles, 250 ; bois de la forêt (v. son article, à la suite de celui-ci), 1,318 ; bois détachés, en taillis, 49 ; superficie des bâtimens, routes, chemins, eaux courantes, 100 ; Total, 3,368 hectares, environ.

contrib. Foncier, 19,487 f. ; personn. et mobil., 4,532 f. ; port. et fen., 1,383 f. ; 343 patentés : dr. fixe, 2,354 f. ; dr. proport., 1,224 f. 21 c. ; Total, 28,980 f. 21 c. — Chef-lieu de perception. — En 1700, la paroisse de Bonnétable payait 3,500 liv. de taille.

cultur. En froment, seigle, méteil, la moitié des terres en labour ; orge et avoine, l’autre moitié ; un peu de maïs, trèfle, haricots, pommes de terre, chanvre, sur jachères ; culture maraîchère, consistant en choux, une grande quantité ; oignons, carottes, navets, asperges, etc. Beaucoup d’arbres à fruits. Elèves de chevaux, bêtes à cornes, porcs, etc. — Assolement quadriennal pour les principales fermes ; triennal, pour les petites. — 82 charrues : 24 métairies ou fermes ; 150 bordages, dont plus de la moitié se cultivent à bras, ou avec charrues en communauté entre plusieurs.

comm. agric. Grande insuffisance de produits en grains ; point d’exportation de cidre, si ce n’est pour la ville. Vente de fruits à noyaux et à pépins, dits à couteau, qui s’exportent dans les environs, dans le Perche, la Normandie, et jusqu’à Paris pour les derniers ; chanvre et fil ; graine de trèfle. Quelques poulains, jeunes bœufs et vaches, porcs jeunes et porcs gras, gibier, volailles, œufs, beurre, etc. Les blanchisseurs de Montfort viennent acheter les fils écrus à Bonnétable, pour les blanchir et les revendre ainsi aux fabricants de toiles du pays. — Grand commerce d’entrepôt de denrées du département et de l’Anjou, pour Paris, la Normandie et le Perche.

L’ancien boisseau de Bonnétable équivaut : comble, à 45 litr. 08 centil. ; ras, à 39 litr. 31 centil. La pinte, à 1 litr. 22 centil.

comm. industr. La manufacture d’étamines que possédait autrefois Bonnétable, qui produisait près de 2,000 pièces par an, et occupait encore 143 métiers vers 1785, est totalement tombée. Malheureusement, le peu de toiles de chanvre, de siamoises, de toiles de coton, de mouchoirs, qui se fabriquent dans cette ville, ne peut la remplacer. Une fabrique de calicots, établie il y peu d’années, ne s’est pas soutenue. Quelques métiers à étoffes grossières en laine, de commande, pour l’usage des habitans, ou pour la vente, et quelques ateliers de teinture pour les laines qui s’y employent ; quelques autres pour le dégraissage et le filage des laines pour vendre en pelotons ; enfin, un atelier pour confection de blouses, sont de faibles ressources pour une population nombreuse, active et peu fortunée, qu’une grande manufacture pourrait seule occuper convenablement — Quatre tanneries, dont trois seulement en activité ; deux corroieries ; deux poteries grossières, façon Prévelles, au hameau de la Mare ; extraction du moellon et du grès roussard, pour la bâtisse ; extraction du grès blanc dans la forêt, pour pavage. Les forts marchés et les excellentes foires de Bonnétable, surtout celles d’automne, donnent une certaine activité à son commerce de détail.

foir. et march. Fort marché le mardi, bien approvisionné en grains, légumes, fruits et denrées du sol, de toutes sortes. — 8 foires : 1.er mardi de février ; 4.e mardi avant Pâques ; 2.e mardi après la Pentecôte ; 4.e mardi de juin ; 1.er mardi de septembre ; 2.es mardi d’octobre, de novembre et de décembre. (Décret du 6 sept. 1802 ; ordonn. du 15 oct. 1814). Il se vend beaucoup de bestiaux aux trois foires d’automne. Tous les 15 jours, à partir du dimanche qui précède la foire de septembre, jusqu’au carême, il y a un fort marché pour les porcs, précédé par un semblable qui tient la veille à Courcemont. V. cet article. — Ce qui rend les marchés de Bonnétable supérieurs à plusieurs de ceux des villes circonvoisines,c’est que son commerce d’exportation des denrées ne laisse point craindre au cultivateur de jamais manquer à vendre celles qu’il porte à ce marché ; et que son commerce de grains, considérable par cela même, n’y est point entravé par des préventions et des troubles, comme cela arrive dans quelques marchés circonvoisins.

rout. et chem. La route départementale, n.°1, ancienne route de Paris à Nantes, et qui mène toujours de l’une à l’autre de ces deux grandes villes, traverse la commune et la ville, du N. au S. Sept chemins principaux conduisent de Bonnétable à la Ferté, par S.-Georges ; à Ballon, par Courcemont ; à Montfort, par Torcé ; à Tuffé, par Aulaines ; à Nogent-le-Bernard ; à Courcival ; à Courcebœufs, par Briosne et Beaufay. Les deux premiers doivent être transformés en routes communales ou départementales.

établ. publ. Mairie, justice de paix, cure cantonnale ; maison et bureau de charité, collége ; résidence de deux notaires, de deux huissiers ; bureau d’enregistrement ; brigade de gendarmerie à cheval ; prison de dépôt pour la police correctionnelle. — Chef-lieu de perception ; recette à cheval des contributions indirectes, recette-buraliste pour les boissons, cinq débits de tabac, un débit de poudre de chasse. — Bureau de poste aux lettres ; relais de poste aux chevaux.

établ. partic. Deux docteurs en médecine et un officier de santé, deux sages-femmes, trois pharmaciens. Trois experts-arpenteurs. Une voiture suspendue, faisant un service journalier, du Mans à Mamers et Mortagne, et retour ; trois messagers pour le Mans.