Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BESSÉ

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BESSÉ, BESSÉ-COURTENVAUX, Bessao ; commune qui tire son nom de sa position dans un lieu bas, et son surnom du château seigneurial qui y est situé ; du canton, de l’arrondissement et à 9 kilom. 6 hectom. de Saint-Calais ; chef-lieu de canton du district de Saint-Calais, en 1790 ; à 45 kil. S. E. du Mans. Autrefois du doyenné de S.-Calais, de l’archid. de Montfort, du diocèse du Mans et de l’élection de Château-du-Loir. — Distances légales, 11 et 54 kilom.

descrip. Bornée au N., par la Chapelle-Huon ; à l’E., par Bonnevaux (Loir-et-Loir) ; au S., encore par Bonnevaux et Lavenay ; au S. O. et à l’O, par la Chapelle-Gaugain et Vancé ; son diamètre est de 7 kilom. du N. au S. et de 4 kil. au plus, de l’E. à l’O. — Le bourg, pour lequel les habitans revendiquent le titre de ville et qui le mérite par son importance industrielle et commerciale, situé sur la rive droite de la Braye, que l’on y passe sur un pont, est un des plus intéressans du département ; il se compose de plusieurs rues qui s’étendent dans le sens du cours de cette rivière, contient un bon nombre de jolies maisons, et est remarquable par l’agrément de sa situation dans un joli vallon. — Eglise assez belle, qui a dû être plus considérable autrefois, puisqu’on y remarque des arcades cintrées, supportées par de fortes colonnes rondes, engagées dans un des murs latéraux, annonçant qu’il existait un bas-côté, supprimé ; un beau portail à l’ouest, avec des ornemens du style de la renaissance, ou du siècle de François I.er ; clocher en flèche à dôme, posé sur une tour carrée plus élevée que l’église. — Cimetière hors et à l’O. du bourg, clos de haies vives.

populat. De 325 feux autrefois, elle en compte 583 actuellement, qui consistent en 1189 individus mâles, 1277 fem. ; total, 2,466 ; dont 1657 dans le bourg.

Mouv. décenn. De 1803 à 1812, inclusiv. : mar., 151 ; naiss., 539 ; déc., 513. — De 1813 à 1822 : mar., 189 ; naiss., 511 ; déc., 424.

hist. ecclés. L’église est sous l’invocation de S.te-Anne ; assemblée le dimanche le plus rapproché du 26 juillet, suivie d’une foire le lendemain. La cure était à la présentation du chapitre de S.-Pierre de Saint-Calais. Une chapelle fondée au château de Courtenvaux (v. cet article). — « Le prestre de Bessé, doit chacun an à l’Abbé de Saint-Calais, 30 sous pour les dismes et oblations de l’église, que ledit Abbé y soulait avoir, la 6.e partie en toutes prémices et oblations et le 6.e de certaines dismes au fief. Item, celui prestre, 2 sous de rente et 2 deniers de cens, sur la cuisine et sur son verger derrière sa grange, etc. » ( Censif de l’Abbaye de S -Calais). — Une maison de religieux ermites, nommés Camaldules, d’un lieu des Apennins où l’ordre s’établit au 10.e siècle, fut fondée à la Gavolerie en Bessé, par un sieur Renard, commissaire ordinaire des guerres, en 1650. La maison du même ordre, dite de la Flotte, en Lavenai, fut réunie à celle de Bessé. Celle-ci ayant été supprimée vers 1787, l’évêque Jouffroi de Gonssans en réunit les biens au collège de S. -Calais, à la charge de n’entrer en jouissance qu’après la mort du dernier religieux, le prieur, nommé Romain, âgé de 80 ans. Mais les persécutions du principal, nommé Bossé, qui allait chaque jour avec ses nombreux écoliers importuner le vieillard, le forcèrent à se retirer dans le monastère d’Evron, où il emmena un frère portier, nommé Ephrem, habile constructeur de cadrans, auteur de celui de Bessé et de celui qui est à l’un des piliers de l’église de Saint-Calais.

hist. féod. La seigneurie de paroisse était annexée à la terre de Courtenvaux, érigée en marquisat en 1609, qui appartient aujourd’hui à M. le comte de Montesquiou-Fézensac, pair de France, du chef de son épouse, de la maison le Tellier. Voir l’article Courtenvaux et la Biographie. Plusieurs autres fiefs existaient dans la paroisse, savoir : la Cour de Bessé, qui a dû donner la seigneurie de paroisse à Courtenvaux ; la Massuère ; la Crapaudière, la Vieillerie, etc. L’Abbaye de S.-Calais et son Abbé avaient un grand nombre de cens, rentes, dixmes, droits de haute vanerie (voierie), etc., à Bessé, sur les terres de Vauniant, la Roche, la Vieillerie, etc., etc. « Item, ledit Abbé a en ladite paroisse, manoir appelé Romigny alors Vaurivault, et la métairie de l’Hôtel, etc., etc. »( Cens. de l’Abb. de S.-Cal ) Une partie de ces objets leur venaient d’un échange avec les moines de Grandmont.

hist. civ. Un collège fondé à Bessé, fut réuni à la chapelle de Courtenvaux, dont le titulaire était chargé de faire l’école : son revenu n’était que de 50 livres. Une maison de charité tenue par trois sœurs de S.-Lazare, fondée par les seigneurs de Courtenvaux de la maison le Tellier, dotée de 1098 livres de rente, ne possédait plus que 341 fr. en 1805. M. le comte de Montesquiou y a établi un hospice le 14 septembre 1826, desservi par trois sœurs d’Evron, qui font l’école aux jeunes filles ; ses revenus sont actuellement de 859 fr. — Vers 1812, M. Legrand, curé de Bessé, fonda des prix annuels au collège de S.-Calais.

On trouvera dans la Biographie une notice sur Elie Savatier, fondateur de la fabrique de cotonnades, qui fait la prospérité du pays ; et une autre sur Ch. Bourgoin, aussi fondateur de la manufacture de bougies. (V. plus bas).

hydrogr. La commune est arrosée par les rivières de Braye et d’Anille qui font leur jonction au N. E. du bourg ; par les ruisseaux de Livonnière et du Chêne, venant de l’O., et se jetant dans la Braye, assez loin au S. ; et par celui de Bonneuil, venant aussi de l’O., et se rendant dans la même rivière en passant dans le bourg. — Moulins : de la Ville, à trèfle, sur le Bonneuil ; d’Aigrefain, à 2 roues ; de la Roche ou de la Motte ; Barbier, sur la Braye ; celui de la Roche, à papier ; les 2 autres à blé.

géolog. Minéral. Le vallon de la Braye et les coteaux qui le bornent à l’O. et à l’E., appartiennent aux terrains secondaires, et offrent le tuffau en exploitation, la marne, des bois pétrifiés, non déterminés ; des argiles à briques, etc.

divis. des terr. En labour, à peu-près 415 hectares jardins, 14 ; vignes, 105 ; prairies, bonnes et médiocres 124 ; bois futaies, 2 ; taillis, essence de chêne, 63 ; total 730 hectares, non-compris le terrain des propriétés bâties, des routes et chemins, cours d’eau, etc.

contrib. Foncier, 9,652 f. ; personn. et mobil, 1,870 f. port. et fen., 674 f. ; 110 patentés : dr. fixe, 1,636 f. dr. proport., 581 f. 51 c. ; Total, 14,413 f. 51 c. — Chef-lieu de perception.

cultur. Sol argileux et argilo-calcaire, passablement fertile, où l’on cultive froment, orge, méteil, avoine, très-peu de seigle, chanvre, trèfle, pommes de terre, vigne, arbres à fruits, noyers ; élèves de bestiaux, etc. — 36 fermes à charrues entières ; 50 bordages à portions de charrues ; 12 closeries à vignes. — Assolement triennal ; baux généralement à moitié.

comm. agric. Peu d’exportation réelle de grains ; graine de trèfle, foins, vins, cidres, fruits, bois, bestiaux, laine, menues denrées.

comm. industr. Fabrique importante de tissus fil et coton, connus sous le nom de cotonnades ou siamoises, qui occupe de 6 à 7 cents métiers, répandus dans toutes les communes environnantes, jusqu’aux portes du Grand-Lucé, à 20 kil. à l’O. de Bessé, peut produire de 6 à 7 mille pièces de 50 aunes environ, la plupart en 3/4. Créée vers 1736, par Elie Savatier de Bessé, elle a remplacé une ancienne manufacture d’étamines et autres étoffes de laine, totalement tombée. Les fils de chanvre employés pour former la chaîne des cotonnades, se tirent des communes limitrophes et s’achètent aux marchés de S.-Calais, de Mondoubleau (Loir-et-Cher), etc. ; ceux de lin viennent de Sillé-le-Guillaume et du Bas-Maine (Mayenne) ; les cotons qui s’emploient à la trame, sont filés à Vendôme et à Château-du-Loir. Les teintures de diverses couleurs sont faites dans les ateliers des fabricans. — Manufacture de bougies, établie en 1754, par Charles Bourgoin : elle se soutient sans grand accroissement. — Papeterie établie à la fin de 1824, par M. Montaru-Pothée, au moulin de la Boche, cédé par M. de Montesquiou, en faveur et à la condition de cet établissement : elle se compose de 3 cuves et de 2 cylindres, au lieu de pilons, pour la préparation du chiffon. Le propriétaire fait construire en ce moment, en face de son moulin, un hameau de maisons pour le logement de ses ouvriers. — Deux chaussumeries et briqueteries, dont une à M. de Montesquiou.

foir. et march. Bessé avait autrefois un marche le lundi, réduit actuellement au premier lundi de chaque mois ; mais remplacé en réalité par un petit marché de menues denrées, qui tient chaque dimanche au matin. Les ouvriers et fabricans de colonnades répandus dans la campagne, y viennent apporter, soit aux maîtres, soit pour la vente, les pièces fabriquées dans la semaine. — 4 foires d’un jour, établies par décret du 28 juillet 1807, sont fixées au 1.er lundi de mars, 2.e après l’Ascension ; le plus proche du 26 juillet, fête de S.te-Anne ; et 1.er lundi de décembre, pour toutes espèces de bestiaux et merceries. Les habitans de la campagne fréquentent en outre les marchés de Saint-Calais et ceux de Montoire (Loir-et-Cher).

rout. et chem. Les routes départementales n.° 3, du Mans à Orléans ; n.° 6, de la Ferté-Bernard à Tours ; et le chemin de Montfort à Montoire, passant à Bessé.

habit. et lieux remarq. Courtenvaux (v. son article), à 1 kil. 1/2 à l’O. N. O. du bourg ; la Massuère, à la même distance E. N. E., château dont la construction n’a rien de remarquable, ayant des dehors agréables, dans une belle situation sur un coteau qui domine le vallon de la Braye : il appartenait à M. le général Marescot, qui l’a vendu à M. Liger de Chauvigny, fils du dernier lieutenant-criminel du bailliage de Vendôme ; la Godelinière, sur le même coteau, maison moins importante, mais également bien située, propriété de M. de Beaumont, préfet ; la Gavolerie, ou les anciennes Camaldules, sur le coteau opposé, à 1 kil. au N. du bourg, jolie propriété, de construction moderne. Le nom de Romigny, que porte une ferme, a peut-être une origine romaine, que nous ne pouvons qu’indiquer.

etabl. publ. Mairie, succursale, hospice avec maison d’instruction pour les pauvres, bureau de charité ; résidence de notaire, d’huissier, de percepteur ; bureau de déclaration des boissons, débits de poudre de chasse et de tabac ; bureau de distribution des lettres, ressortissant au bureau de poste de Montoire.

établ. partic. Un docteur en médecine et deux sages-femmes.