Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe/BERCONS

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BERÇONS, nom d’une petite contrée stérile et montueuse, peu peuplée et assez mal renommée sous tous les rapports, située entre les bourgs de Montreuil-le-Chétif, de S.-Aubin-de-Locquenay et de Moitron, dans le canton de Fresnay, et entre cette ville et celle de Sillé-le-Guillaume. Le principal intérêt que présentent les Berçons, qui consistent principalement en deux buttes qu’on distingue sous les noms de Grand et de Petit Bercon, de 80 à 100 mètres d’élévation, consiste dans l’extraction du minerai de fer, qui, depuis un temps immémorial, y est en exploitation. La butte du Grand-Bercon, est un monticule arrondi, offrant un espace assez considérable, couvert de travaux de mine. Le sol, rempli de fondrières causées par les éboulemens, et de bourbiers, est difficile à traverser, à tel point que, plusieurs fois et assez récemment, des chevaux y ont été engloutis. L’exploitation du minerai s’y fait au moyen de puits, ayant au plus un mètre de diamètre, circulaires et sans aucun boisage alentour. Des trous, pour poser les pieds, sont creusés dans les parois, et l’on y descend à l’aide d’une corde ou du panier qui y pend : cette corde est suspendue au-dessus du trou à une chèvre, ou bique, en terme du pays, composée de trois mâts qui supportent un tour. — On trouve sous la terre végétale des couches de grès à très-gros grains, et à grains fins, contenant quelquefois des coquilles ; viennent ensuite des bancs d’argile durcie, puis une couche d’ocre ferrugineux qui annonce et recouvre le minerai, lequel ne se rencontre que de 15 à 25 mètres de profondeur, et au-delà. On pousse au fond du puits une galerie jusqu’à 15 ou 16 mètres ; puis une seconde, séparée de la première par une masse épaisse qu’on appelle pilier ; on jette ensuite les déblais d’une galerie dans l’autre, en rompant même les piliers, et l’on fait ainsi 5 à 6 galeries pour chaque puits : du reste, on ne prend aucunes précautions contre les accidens, et il n’est point rare que des ouvriers soient écrasés par les éboulemens. — Le minerai est de richesse très-variable aux Berçons : le plus beau, est d’un bleu-noir, en fragmens considérables, qui rend 40 à 45 pour cent. Celui qu’on nomme mine-frisée, qui est presque bacillaire et ressemble à certaines écorces d’arbres, se rapproche de quelques mines de l’Angoumois : cette mine est douce et assez riche. On mêle ces deux espèces au fourneau. Une troisième sorte de minerai, est en petits fragmens, même en sable. On forme des tas rectangulaires de la mine, les gros morceaux en dessus ; on partage chaque tas par quarts, puis on les mesure en pipe, (un poinçon et demi), estimée peser de 12 à 15 cents, comme celle du Berry ; on évalue le reste par approximation. L’exploitation de la Blavetterie, autre monticule moins élevé, séparée du Grand-Bercon par un ravin, offre un minerai moins riche ; un petit bassin, avec une pompe, sert pour le lavage qui se fait avec des râbles. Un encaissement en planches favorise l’écoulement des eaux. On y trouve de la mine en roche et de la frisée ; elle offre les plus beaux morceaux de gros minerai noir-bleuâtre. On y rencontre aussi une argile blanche, très-pâteuse, au-dessous du lavoir. — Le minerai de Hauteclair, voisin des précédens, n’a plus qu’un attelier en activité. Il fournit du grès à très-gros grains, contenant des coquilles, de grosseurs variables jusqu’à 30 millim. (1 pouce) de diamètre. Le minerai de fer se rencontre dans presque toutes les communes qui environnent les Berçons : à S.-Aubin-de-Locquenai, Montreuil, Mont-S.-Jean, Douillet, S.-Christophe-du-Jambet, Ségrie, etc ; et plus au nord, à S.-Léonard et Assé-le-Boisne, où l’exploitation est différente, comme nous l’avons dit à la géologie de ce dernier article. Ces divers minerais servent à alimenter les forges de l’Aune et de la Gaudinière, en Montreuil-le-Chétif et en Sougé-le-Ganelon, et d’Orthe (Mayenne).