Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carlovingienne à la Renaissance/Dorsal
DORSAL, s. m. Grande pièce de tapisserie ou d’étoffe que l’on
accrochait aux murs d’appui, aux panneaux des chaires, des formes,
derrière le dos du clergé, sur le fond des dressoirs chargés de vaisselle.
Les stalles des chœurs, des salles capitulaires étaient souvent
garnies d’étoffes ou de cuirs gaufrés et dorés. La cathédrale d’Augsbourg
a conservé jusqu’à nos jours ses dossiers de cuir doré, qui
datent du commencement du XVIe siècle. Nos églises françaises étaient fort riches en décorations de ce genre dès les premiers temps
du moyen âge. Lorsque Héribert, quarante-neuvième évêque
d’Auxerre, après avoir été sacré en 1040, fut porté, suivant la coutume,
jusqu’à la cathédrale, sur les épaules de la noblesse, et qu’il
eut fait ainsi son entrée dans l’église, « il y fit présent d’une belle
et grande pièce de tapisserie ou d’étoffe qu’on appelait du nom
de dorsal, parce qu’elle servoit à orner les murs d’appui derrière le dos du clergé[1] » Les anciennes stalles de l’église abbatiale de
Saint-Denis étaient encore, du temps de dom Doublet, garnies de
tapisseries semées de fleurs de lis d’or. A la cathédrale de Paris, des
tapisseries étaient également suspendues aux dossiers des chaires
du chœur avant 1714[2]. Ce n’était pas seulement le long des meubles
fixes, comme les stalles, que l’on plaçait des tentures d’étoffes, c’était
aussi contre les dossiers des bancs ou formes disposés autour des
appartements dans les palais et maisons. La fig. 1[3] représente un de
ces meubles civils garni de son dorsal, de sa couverture ou keutespointe
et de coussins. Ce dorsal est vert avec dessins or. Il est accroché
par des anneaux à des boutons fixés au sommet des panneaux
du meuble sous le dais saillant, et tombe jusqu’au siège. Ces tentures
pouvaient donc être facilement enlevées pour être nettoyées
ou remplacées. Il est probable qu’on ne les posait, lorsqu’elles étaient
précieuses, que pour les grands jours ; à l’ordinaire, on accrochait
des pièces de serge ou d’étoffe commune.