Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance/Braconnière
BRACONNIÈRE, s. f. Pièce de l’armure de fer ou d’acier attachée à la pansière et à laquelle se suspendent les tassettes. On donnait aussi à la braconnière le nom de faudes ou flancars. La braconnière est, à proprement parler, une ceinture de fer formant canal à la taille pour recevoir le ceinturon, et à laquelle sont attachées par des courroies sous-jacentes une, deux, trois, quatre ou cinq lames mobiles couvrant les hanches. Les tassettes, suspendues à cette partie de l’armure de plates, couvrent partie des cuisses.
On commence à adopter les braconnières lorsque le corselet de fer est substitué à la cotte de mailles ou à la broigne. Cette innovation exigeait que les hanches fussent préservées aussi bien que le torse par des lames d’acier. Mais il fallait tenir compte de la direction des coups de lance qui étaient le plus à redouter.
Si le corselet ou la pansière étaient bombés, l'inclinaison du corps aidant, le fer de la lance glissait et passait à droite ou à gauche, ou encore rencontrait la taille. Cette cannelure creuse de la braconnière détournait le fer. Si la pointe de la lance prenait le bas des hanches, les lames inférieures de la braconnière le forçaient à glisser jusqu’à la ceinture, et il était détourné par la cannelure.
Les premières braconnières, vers la fin du règne de Charles V, sont longues, composées de trois et même de cinq lames, la dernière recevant la ceinture militaire (fig. 1[1]). Le corselet de cet homme d’armes est composé de rangs de plaques d’acier rivées. De la taille au haut des cuisses est une braconnière de cinq lames se recouvrant et de la lame creuse à la taille, dont le tracé A donne le profil et les recouvrements, celles inférieures recouvrant les supérieures, afin qu’étant en selle, la pointe de la lance glissât de l’une sur l’autre jusqu’à la ceinture, où elle était déviée par la cannelure à droite ou à gauche. Ces lames sont rendues solidaires par deux courroies a pour la partie antérieure, et b pour la partie postérieure, rivées de manière à laisser le jeu nécessaire aux mouvements du cavalier. Ces courroies sont fixées sous la pansière et la dossière de plates. Une ceinture et deux courroies à boucles, de chaque côté, réunissent les deux parties de la braconnière. Les bielles c servent à suspendre l’épée.
À cheval, la partie postérieure de ces braconnières recouvrait le troussequin de la selle (fig. 1 bis), et la partie antérieure était couverte par l’arçon de devant.
Mais, au commencement XVe siècle, ces sortes de cuirasses ne sont plus usitées et sont remplacées par le corselet de fer, sur lequel sont posées la pansière et dossière, avec lesquelles la ceinture de la braconnière ne fait qu’une même pièce de forge. La braconnière alors se compose de trois lames par devant et de trois lames par derrière. De petites tassettes y sont suspendues par des courroies externes (fig. 2[2]) (voy. Armure, fig. 40). Vers 1430, les braconnières sont moins longues, ne portent que deux lames, et la ceinture est parfois indépendante de la pansière et de la dossière, ou du moins la cuirasse se compose, comme la braconnière, de plusieurs lames à recouvrement, celle inférieure formant ceinture (fig. 3[3]). Deux tassettes sont attachées à la braconnière antérieure pour couvrir les cuisses, et une seule est suspendue à la braconnière postérieure pour préserver la chute des reins. La figure 3 bis donne la dossière et la braconnière postérieure, avec les courroies de cuir qui se bouclent dans la cannelure de la ceinture de pansière. Alors, vers 1430, les braconnières variaient de hauteur, suivant le goût de chacun, ou plutôt les allures du cavalier. Il est inutile de nous étendre ici sur ce détail de l’armure de plates, qui revient souvent dans les articles du Dictionnaire (voy. Armure, Corselet, Cuirasse, Dossière, Pansière).