BERCEAU, s. m. (bers). Les berceaux d’enfant, les plus anciens et les plus simples, figurés dans des manuscrits des IXe et Xe siècles, paraissent être formés d’un morceau de tronc d’arbre creusé, avec de petits trous sur les bords, pour passer des bandelettes destinées à empêcher le marmot de se mouvoir. La convexité naturelle du bois à l’extérieur permettait à la nourrice de bercer l’enfant[1]. Quelquefois les berceaux ne sont que des paniers d’osier, dans lesquels on déposait les enfants, soigneusement entourés de bandelettes (fig. 1[2]). Plus tard, on trouve un grand nombre d’exemples de berceaux qui sont façonnés comme de petits lits posés sur deux morceaux de bois courbes (fig. 2). On ne rencontre guère d’exemples de berceaux suspendus au-dessus du sol sur deux montants, que dans les manuscrits ou bas-reliefs du XVe siècle ; alors ces montants sont fixes, et le berceau se meut au moyen de deux tourillons (fig. 3). Les enfants représentés dans les berceaux ou entre les bras de leurs nourrices, jusqu’au XVIe siècle, ont toujours le corps et les bras soigneusement emmaillottés et entourés de bandelettes ; la tête seule reste libre. Cet usage s’est conservé en Orient et dans le sud de l’Italie, et il ne paraît pas que le développement physique des enfants ait à en souffrir.

Nous n’avons pas vu, dans les manuscrits, peintures ou bas-reliefs, que les berceaux des enfants fussent munis de rideaux jusqu’au XVIe siècle. Il est vrai que les lits des grandes personnes étaient fort vastes, entourés presque toujours d’amples courtines, et que la nuit le berceau de l’enfant était mis à l’abri derrière ces courtines qui enveloppaient ainsi toute la famille comme sous une tente commune.

  1. Les paysans grecs se servent encore aujourd’hui de berceaux ainsi façonnés.
  2. Manuscr. latin, IXe siècle, Astronom., fonds Saint-Germain, no 434, Bibl. nat. Il faut remarquer toutefois que, dans cette vignette, qui représente la naissance du Saveur, le berceau est une crèche plutôt qu’un meuble d’un usage habituel.