Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance/Aiguillette
AIGUILLETTE[1], s. f. Ferret ou pointe de métal terminant une mince courroie, et permettant de passer celle-ci à travers des mailles ou des œillets et d’attacher le camail à la partie supérieure du
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Lorsqu’on adopta les plates, c’est-à-dire les pièces d’armures de fer ou d’acier pour couvrir les diverses parties du corps de l’homme d’armes par-dessus la maille ou conjointement avec elle, vers la seconde moitié du xive siècle, afin d’éviter les chocs des masses d’armes et de faire glisser les coups de lance ou d’épée, les bras furent armés de deux pièces : l’une qui enveloppait la partie supérieure, du coude à l’aisselle ; l’autre la partie inférieure, du coude au poignet. La maille paraissait ainsi sur l’épaule et au coude ; l’épaule fut garantie par une spallière ; le tube de fer qui enveloppait l’arrière-bras fut attaché à la maille par trois aiguillettes, et la garniture de l'avant-bras fut suspendue à celle de l'arrière-bras par un lacet de soie ou de cuir (fig. 3[6]). Habituellement le coude est garni, dès le xive siècle, d’une cubitière[7]. Mais nous avons choisi cet exemple, bien qu’il date de 1430 environ, parce qu’il présente une disposition plus ancienne et qui n’était plus adoptée alors qu’accidentellement. Le manuscrit de la Bibliothèque nationale (fonds français, n°1997) donne une description très-exacte de cette partie de l’armure[8]. Voici ce passage en entier : « Item, lautre faczon davant-braz sont lesquelx sont faiz de trois pièces, cest assavoir une pièce qui couvre depuis la ployeure de la main jusques à trois doiz près la ployeure du braz ; et depuis la ployeure du braz y en a une autre qui vient jusques à hault de la jointure de lespaulle, à quatre doiz près. Pardessus lesquelles deux pièces y en a une autre qui couvre le code (cette pièce, la cubitière, manque dans la fig. 3) et la ployeure du braz et partie des autres deux pièces aussi, lesquelles trois pièces tout pareilles tant au braz droit que au braz senestre ; et se atachent avecques éguilletes. »
Dans la figure 3, les ganses avec aiguillettes passent par trois trous percés près du bord supérieur de la garniture de l’arrière-bras. La spallière est attachée avec une courroie à boucle sous l’aisselle.
On se servait aussi d’aiguillettes au xve siècle pour attacher les jaques. Pour les aiguillettes des écus et targes, voyez ces articles à la partie des Jeux (art. Joute).
- ↑ Voyez Aiguillette dans la partie des Vêtements.
- ↑ D’un tombeau dans l’église Saint-Thibault (Côte-d’Or) et de plusieurs monuments du même temps.
- ↑ Voyez la statue de César au château de Pierrefonds (1400).
- ↑ Voyez Ailette.
- ↑ Statue de Judas Machabée, tour de la chapelle au château de Pierrefonds (1400) ; celle du roi Artus, même château.
- ↑ Manuscr. Biblioth. nation., latin, n°873 (xve siècle).
- ↑ Voyez Cubitière.
- ↑ Voyez Du costume militaire des Français en 1446, par M. R. de Belleval. Aubry, édit. 1866.