PORT, s. m. Il ne nous reste que peu de traces des ports maritimes établis pendant le moyen âge. Les dispositions des ports changeant sans cesse par suite des développements du commerce, on ne doit point être surpris de ne plus trouver des ports datant de plusieurs siècles, conservés entiers. Cependant, dès le XIe siècle, les côtes de France possédaient des ports assez importants. Sans parler des ports de la Méditerranée, qui, comme celui de Marseille, dataient d’une époque très-reculée, on comptait encore à cette époque ceux de Fréjus, d’Agde, de Narbonne, d’Antibes, qui pouvaient réunir un grand nombre de navires. Tout porte à croire que le port antique de Marseille, pratiqué encore pendant le moyen âge, occupait la place du vieux port de cette ville. Sur les côtes de l’Océan, il y avait, au XIIe siècle, des ports à Bordeaux, à la Rochelle, à l’embouchure de la Loire, à Brest, et dans la Manche, à Saint-Malo, à Granville, à Cherbourg, à Caen, à Dieppe, à Boulogne, à Wissant.
Ces ports furent, la plupart, étendus et protégés par des travaux importants pendant les XIIIe et XIVe siècles. On voit encore à l’entrée des ports de Marseille une des tours qui défendaient le goulet du port, et qui date du XIVe siècle. À l’entrée du port de la Rochelle, il existe aussi une belle tour, dont les soubassements sont fort anciens et dont le couronnement date du XIVe siècle, qui défendait le chenal. Elle se reliait à un ouvrage élevé de l’autre côté du goulet fermé par une sorte de herse. M. Lisch, architecte, a découvert des traces très-intéressantes de ces défenses, et doit en faire le sujet d’un travail qui sera rendu public. La même ville possède un beau phare datant des XIVe et XVe siècles, lequel est encore entier ; bien qu’il ne soit plus employé à cet usage. À Aigues-Mortes, le roi Louis IX fit tout d’abord établir à l’entrée du port qui lui servit de base d’opérations pour ses expéditions d’outre-mer, une tour très-importante qui était couronnée par un feu, et qui est connue aujourd’hui sous le nom de tour de Constance.
Les ports étaient fermés, pendant le moyen âge, par des chaînes et même quelquefois par des herses qui étaient suspendues entre deux tours séparées par le chenal. Il faut dire qu’à cette époque, les navires du plus fort tonnage n’avaient que 6 à 7 mètres de largeur entre bordages.
L’emploi des jetées était dès lors habituel, comme il l’est de nos jours, soit pour abriter les passes pendant les gros temps, soit pour maintenir la profondeur d’un chenal et empêcher son ensablement. Les soubassements de la jetée occidentale de Dieppe sont fort anciens et existaient avant le XVIe siècle, puisque à cette époque cette jetée fut reconstruite en partie. Mais le peu de ressources dont on pouvait disposer alors pour entreprendre les travaux dispendieux, devenus si fréquents aujourd’hui, faisait, toutes les fois que la disposition des côtes le permettait, qu’on profitait d’une embouchure de cours d’eau ou d’un étang pour faire un port ; et alors, au besoin, on établissait des canaux de communication avec la mer lorsque, comme cela est fréquent pour les étangs salés, les goulets naturels étaient ensablés ou même bouchés totalement. C’est ainsi que les étangs qui formaient le port d’Aigues-Mortes avaient été mis en communication avec la haute mer. C’est ainsi que saint Louis avait fait creuser le canal de Bouc, qui permettait de faire entrer des navires dans l’étang de Berre, près de Marseille.