Dictionnaire pratique et historique de la musique/Toccata

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Toccata, n. f. ital. littér. : « pièce à toucher ». Les premiers essais de suite instrumentale composés pour le luth, contiennent chez Castelione (1536) une pièce finale appelée tochata, très courte, en mesure binaire, sorte de postlude de 16 mesures, non dansé, bien qu’il soit joué nel fine del ballo. On trouve la T. chez les organistes et clavecinistes des xvie et xviie s. comme fantaisie, pièce de virtuosité, où ils prodiguent les traits rapides, les gammes, les broderies. Celles d’A. Gabrieli (1593) sont des pièces d’orgue développées, renfermant des traits d’exécution et des fragments fugués ; les T : de Merulo (1598 et 1604) sont dans le même style que celles d’A. Gabrieli. Mais Praetorius (1619) définit la T. comme un prélude ou une fantaisie précédant un motet. De fait, on trouve chez Frescobaldi à partir de 1615. des T., de styles très divers, répondant à ces deux caractères. Le prélude instrumental de l’Orfeo de Monteverdi (1607), qui est une fanfare d’appel, répétée trois fois avant le lever du rideau, est intitulée T. Plus tard, chez Bach, le titre de T. ne répond pas à une forme déterminée ; il paraît donné arbitrairement. On y remarque cependant une certaine insistance dans l’emploi d’un même dessin. Une T. de Purcell (1640), ayant été trouvée sans nom d’auteur dans un manuscrit en Allemagne, fut insérée sous le nom de Bach dans un des derniers volumes de l’édition complète. Il y a 5 T. de Bach pour orgue, en mouvements différents, et même détachés, du type allegro, adagio, presto, (en forme de sonate), 7 pour le clavecin, dont la principale est celle en fa mineur (éd. Bach. Ges., III, 311), majestueusement ornée. Le 1er fugato est joint au mouvement suivant par une mesure que l’on trouve seulement dans l’édition Peters mais qui est nécessaire pour donner un sens, un ordre, à la composition. Le thème lent en mesure ternaire dont la fugue rappelle le motif a une affinité très proche avec le Crucifixus de la Messe en si mineur. À l’époque moderne, il y a tendance à employer le titre de T. pour des morceaux du genre d’un Motu perpetuo, par ex. : Schumann, op. 7, et Henselt, Toccatina. De nos jours, la T. de Widor pour orgue, finale de sa VIIe Symphonie d’orgue, joint ce caractère à celui de haute virtuosité.