Dictionnaire pratique et historique de la musique/Tambour de basque
Tambour de basque, n. m. Instrument
de percussion, composé d’une
membrane tendue sur un cadre circulaire
dans lequel sont insérés des
grelots ou des pièces de cuivre en
forme de très petites cymbales. Il
est appelé en Allemagne improprement
tambourin. Tenant l’instrument
par son cadre dans la main gauche,
on frappe la membrane du dos de la
main droite ou du dos des doigts
reliés, et l’on fait retentir du même
coup la membrane et les grelots ; si
au lieu de la frapper, on la frôle
légèrement, on obtient un roulement
sourd, mêlé du frémissement des grelots ;
enfin, en agitant l’instrument
sans le frapper, on obtient une sorte
de trille bruyant et joyeux des pièces
métalliques.
Tambour de basque.
Le tambour de basque,
populaire en
Espagne et
dans l’Italie
méridionale,
où il sert à
rythmer les
danses, a été
employé dans
l’orchestre
pour des effets de couleur locale ou
des danses dites « de caractère ». Weber
s’en est servi dans l’air bohémien de
Preciosa (1820) ; Berlioz, dans l’ouverture
du Carnaval romain (1844). La
relation du voyage de Charles-Quint
en Espagne en 1517, par Laurent Vital,
rapporte qu’à San Vicente de la
Barquera, une troupe de 20 jeunes
filles vint à sa rencontre « toutes
chantans et jouans de leurs instrumens,
selon la maniere du pays, qui
estoient comme tambourins à ung fond
bien estoffé de sonnettes ». Les jeunes
filles étaient « accoustrées à la morisque »
et avaient des sonnettes au bras,
aux jambes et à la ceinture (Voyages
des souverains des Pays-Bas, III, 116).
Charles IX se divertit d’un spectacle
analogue à Saint-Jean-de-Luz en 1564,
où il vit « danser les filles à la mode de
Basque » avec chacune « un tambourin
faict en manière de crible, auquel y a
force sonnettes ». (Recueil et discours
du voyage de Charles IX, etc., 1571.)
Thoinot Arbeau parle du tabourin
que, les Basques et les Béarnois tiennent
suspendu à la main gauche en
le touchant avec les doigts de la main
droite ; le bois est seulement creux
d’un demi-pied et les peaux sont d’un
petit pied de diamètre « et est environné de sonnettes et petites pièces de
cuyvre, rendants un bruict aggreable ».
C’est donc à tort que Chouquet écrit :
« Ce tambour à main a toujours été
inconnu aux Basques ».