Dictionnaire pratique et historique de la musique/Stabat mater

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Stabat mater. * es deux premiers mots d’une célèbre « complainte » sur les douleurs de la Vierge Marie au pied de la Croix, dont les paroles furent écrites au xiiie s. par le franciscain italien Jacques de Todi, surnommé Jacopone. Le même auteur écrivit une pièce analogue, commençant par les mêmes mots, sur les joies de la Vierge à la Crèche. Le Stabat mater speciosa et le Stabat mater dolorosa forment donc diptyque. Le second seul, à partir de la fin du xve s., alimenta la piété populaire, et on commença bientôt à le mettre en chant et à en faire des adaptations en langue vulgaire. Le thème traditionnel depuis environ la fin du xvie s., est le suivant, répété de strophe en strophe :


\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \time 4/4
  \key fa \major
  \stemUp
  \partial 2 fa4 sol \bar "!" la sol la do \bar "!" sib la\fermata \bar "'"  \break
  la sol \bar "!" fa mi re mi \bar "!" re do\fermata \bar "'" \break
  sol' fa \bar "!" sol la sol fa \bar "!" fa2 \bar "||"
}
text = \lyricmode {
  % Stabat Mater dolorosa iuxta Crucem lacrimosa dum pendebat Filius.
   Sta -- bat ma -- ter do -- lo -- ro -- sa
   Jux -- ta cru -- cem la -- cry -- mo -- sa
   Dum pen -- de -- bat Fi -- li -- us.
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \text
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

Mais on le trouve aussi en mineur.

Josquin Després fut le premier à traiter le S. M. en polyphonie. La composition à 5 voix, est fameuse ; mais quatre voix seules sont chantantes : la cinquième est un tenor vagans sans paroles que les restitutions pratiques de M. H. Expert et de M. F. Raugel ont heureusement confié à un trombone, à cause de ses lentes tenues. Ce tenor est formé des notes de la chanson triste : Comme femme desconfortée.


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \time 3/2
  sol2 la4 do2( si4 | do1) re2 | do4( sol) do2( si) | \break
  \slurUp la4( sol \once \stemUp si2 la) | sol1 do,2 | mi fa1 | sol2 \slurNeutral mi1( | \break
  fa4. mi8) do2 re4 do | sol'2( fa4 mi) re2 | do1 r2 | do'2 do4.( si8 sol2) | \break
  la4.( sol16[ fa] mi4 re) sol \stemUp si | la( sol2 fa4 mi2) | re4 sol2( la4 si do) | \break
  re1 r2^\markup { \hspace #5 { \musicglyph "scripts.segno" }} | mi1 \stemNeutral re4. do8 | la2 re1 | do2 si4( do) la2 | \break
  sol2. la4 la \once \stemUp si | do1 la2 | sol4( fa2) mi4( re2) | do1. | \break
  sol'4 re sol2 fa | mi1.~ | mi | fa4. mi8 do1 | sol'2 sol4. fa8 re4( fa) | \break
  \slurUp mi( re sol2 fa | sol mi4 fa re do | fa mi) do2 re | do1.~ | do \bar "||"
}
text = \lyricmode {
  Com -- me fem -- me des -- con -- for -- té -- e,
  Sur tou -- tes au -- tres es -- \skip 1 ga -- ré -- e,
  Qui n’ay, -jour de ma vi -- e! -es -- poir
  D’en estre en mon temps con -- so -- lé -- e,
  Mais en mon mal plus a -- gre -- née,
  Dé -- si -- re la mort main et soir, dé -- si -- re la mort main et soir
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \text
  >>
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    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
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    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
(Tenor du Stabat de J. Després.)

Dans les éditions à partir de 1530, le tenor vagans du S. M. de Josquin porte les paroles de cette hymne.

Le S. M. de Palestrina, à 8 voix, est célèbre entre les compositions de son auteur par la prédominance de la disposition harmonique des parties, ou comme on aime à le dire aujourd’hui, par son écriture verticale, très rare chez Palestrina et à son époque.


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \time 4/4
%  \stemUp
  <la mi dod la>2 <si sol re sol,> | <do la fa fa,> <do la fa fa,>4 <do sol mi do>~ | <do sol mi do> <do la fa fa,> <sib sol re sol,>2 | <la mi dod la>
}
text = \lyricmode {
   Sta -- bat ma -- ter do -- lo -- ro -- sa
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \text
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    \context { \Score \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/16) }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
(Palestrina.)

Cette œuvre, très connue, a été plusieurs fois réimprimée. Le S. de Steffani est à 6 voix, et fut écrit à l’occasion de sa réception comme président honoraire à vie de l’Academia of ancient music de Londres (1710). Mais on arrive à l’époque où la forme concert envahit la musique religieuse. Aless. Scarlatti écrit en ce sens deux S., l’un à 4 voix (1723), l’autre à 2 ; le S. d’Emmanuel Astorga a été beaucoup vanté, celui de Pergolèse (1735) plus encore. On cite encore parmi les anciens auteurs italiens, Clari, en 1700, dont le S. a été célèbre. Dans la liste des compositeurs de S. plus récents, on voit figurer Boccherini, Winter, Schubert, deux fois. Le trop célèbre S. de Rossini date de 1832. Sa longue fortune, qui n’est pas encore complètement ruinée, s’explique par le caractère mélodique en style d’opéra et l’avantage pour les voix de cette œuvre diamétralement opposée à sa destination religieuse. L’école moderne peut avantageusement revendiquer le S. de Bourgault-Ducoudray, œuvre d’une très belle tenue, pour soli, chœur, orgue, violoncelles, contrebasses, harpe et trombone (édité en 1894) et dans la forme a cappella la très remarquable composition de Diepenbroek, d’Amsterdam (1895). Depuis que le S. est entré dans la liturgie au xvie s., on en a composé diverses mélodies liturgiques en forme de séquence : elles sont différentes suivant les éditions.