Dictionnaire pratique et historique de la musique/Silence
Silence, n. m. Interruption de la musique
ou du bruit. Les signes de silence
indiquent, dans la notation, la suspension
ou la cessation de la phrase
musicale. Leurs noms particuliers
et leur forme ont changé avec les
siècles. Dans les commencements de
la notation proportionnelle (début du
xiiie s.), ils étaient tous confondus
sous le titre de pause et affectaient la
forme d’un trait vertical tiré à travers
la portée et affectant l’espace d’un,
de deux ou de trois interlignes, selon
que la durée du silence à observer
devait être celle d’une brève, d’une longue, ou d’une longue oblique
(double) ; un trait réunissant de haut
en bas les quatre lignes indiquait la fin
du morceau ou de l’une des distinctions
de la phrase entraînant un arrêt.
Dans le Traité du pseudo-Aristote
(fin xiiie s.), ces signes reçoivent les
noms de pausa pour le trait complet
exprimant la durée de la longa perfecta,
pausula imperfecta, pour la
valeur de la brève altera, suspirium
breve (deux interlignes) pour la brève
recta, semisuspirium majus (un interligne)
et minus (un demi-interligne)
pour la semi-brève majeure et mineure
(impaire et paire). Dans la notation
moderne, il y a un signe de silence
équivalent de durée à chaque figure
de note. La pause vaut une ronde ;
elle se place au-dessous d’une ligne de
la portée ; la demi-pause
vaut une
blanche et se pose au-dessus d’une
ligne ; le soupir
vaut une noire,
sa tête est tournée à droite ; le demi-soupir
vaut une croche, sa tête
est tournée à gauche ; le quart de
soupir, le huitième et le seizième de
soupir ont respectivement autant
de têtes, tournées à gauche, qu’il y a
de crochets aux double, triple et quadruple
croches dont ils sont les équivalents
.
Chaque signe de
silence s’augmente de moitié de sa
durée par l’addition d’un point :
le soupir pointé vaut trois croches.
On peut exprimer les silences d’une
durée supérieure à celle de la ronde
au moyen de bâtons ou traits verticaux
tracés d’une ligne à l’autre de
la portée et qui, en cas de silence prolongé,
sont surmontés d’un chiffre
indiquant le nombre de mesures à
compter. (Voy. Bâton.)