Dictionnaire pratique et historique de la musique/Ophicléide
Ophicléide, n. m. Instrument à vent en cuivre, à clefs. Il se construit à l’état d’alto et de basse (et même de contrebasse). Son principe est identique à celui du bugle à clefs ou trompette à clefs ; mais, grâce à la différence du nombre des clefs, qui est porté à onze, il possède toute une octave grave de plus. L’échelle chromatique obtenue sur l’O. basse en ut s’étend de l’ut au-dessous de la portée en clef de fa jusqu’à l’ut placé trois octaves au-dessus.
L’O. alto se construit
en mi
bémol. Son
nom signifie
« serpent à
clefs », (du
grec ophis,
serpent, et cleides, clefs). Il fut inventé
en Angleterre par un facteur français,
Frichot, en 1800, sous le nom de
Cor-basse (bass-horn) et proposé en
1806 au ministre de la guerre, en
France, pour les musiques militaires.
L’O. servit de basse à la famille des
bugles à clefs ; de 1815 à 1848, il fut
le principal instrument grave des
bandes militaires. Asté (dit Halari)
prit en 1821 un brevet pour des
ophicléides à huit clefs. Spontini
l’introduisit en 1819 dans l’orchestration
de son opéra Olympie ; Meyerbeer
fut un des derniers à s’en servir
dans Robert le Diable (1831). Mendelssohn a fait appel dans un but
comique au son de l’O. pour exprimer
Ophicléide.
le rugissement burlesque
du lion, dans l’ouverture
du Songe d’une nuit d’été
(1826). Il fut remplacé
vers 1848, en Allemagne,
puis en Belgique, par le
tuba à pistons ; mais on
l’emploie encore dans
quelques maîtrises, pour
soutenir les voix des chantres,
en remplacement du
serpent. La sonorité de
l’O. est grossière, « beuglante »,
dit Gevaert, et
« frisant le grotesque ».
On a donné ce nom à un
jeu d’orgues, à anches,
destiné à imiter le timbre
de l’O.