Dictionnaire pratique et historique de la musique/Mordent

Marie Bobillier

Dictionnaire pratique et historique de la musique

Armand Colin

, 1926 (p. 269-270).

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dictionaryDictionnaire pratique et historique de la musiqueMarie BobillierArmand Colin

1926Paris

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Mordant ou Mordent, n. m. Petit ornement mélodique, en usage depuis le xvi^e s. sous des noms et des formes variables. Il consiste en l’introduction d’un battement très bref, précédant la note à orner. Les luthistes, qui en furent sans doute les inventeurs, le pratiquaient en montant et en descendant :

$\language "italiano" \score { \relative do'' { \time 4/8 s8 do32[ re do8.] s8 \bar"||" s8 do32[ si do8.] s8 \bar "||" } \layout { \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver } \context { \Score \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32) } indent = 0\cm line-width = #120 \override Score.BarNumber #'stencil = ##f } } \header { tagline = ##f}$

Mersenne (1636) qui le nomme « tremblement » l’indique seulement sous la forme ascendante. Les Anglais Simpson († 1669) et Mace (1676) le notent uniquement dans le sens descendant. L’Allemand Fischer (fin xvii^e s.) s’en sert dans le même sens et l’appelle « semi-tremuli, vulgo mordant ». Chez L’Affilard (1697) il devient le « pincé » et s’inscrit en petites notes. Emm. Bach (1753) le note en descendant et le déclare indispensable dans le jeu du clavecin, pour soutenir le son, lier des notes qui se succèdent en montant, faire briller des notes syncopées, détachées en staccato, ou produites par saut, etc. Le signe , qui est proprement le signe du trille court mais traversé d’un trait, est habituel chez Bach et chez Marpurg (1750), qui l’identifie au pincé en le nommant « pincé, ital. mordente ». Mais la confusion qui règne dans les dénominations des ornements porte Léopold Mozart (1756) à placer sous le même titre 3 sortes de formules dont la première seule est conforme aux définitions précédentes.

$\language "italiano" \score { \relative do'' { \time 4/8 s8 \grace { do32 si } do4 s8 \bar "||" s8 \grace { si32 re } do4 s8 \bar "||" s8 \grace { re32 do si } do4 s8 \bar "||" } \layout { \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver } \context { \Score \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32) } indent = 0\cm line-width = #120 \override Score.BarNumber #'stencil = ##f } } \header { tagline = ##f}$

Le sens exact du terme semble de nos jours absolument perdu, puisque Malhomé (1903) donne pour seul « véritable M. » le « groupe de 2 petites notes qui se suivent par degrés conjoints à la distance d’une tierce au plus de la note principale qu’il précède », groupe connu des maîtres classiques sous le nom de coulé.

$\language "italiano" \score { \relative do'' { \time 4/8 s8 \grace { mi32 re } do4 s8 \bar "||" s8 \grace { do32 re } mi4 s8 \bar "||" } \layout { \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver } \context { \Score \override SpacingSpanner.base-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/32) } indent = 0\cm line-width = #120 \override Score.BarNumber #'stencil = ##f } } \header { tagline = ##f}$

Le même théoricien appelle « M. sous forme de broderie » le M. classique ou pincé, et « M. sous forme de double appogiature successive », celui cité ci-dessus comme 2^e exemple de Léopold Mozart. Les musiciens modernes écrivent en petites notes et souvent en toutes notes de la valeur voulue les formules ornementales qu’ils empruntent aux traditions des siècles précédents. (Voy. Pincé.)