Dictionnaire pratique et historique de la musique/Lyre

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Lyre, n. f. 1. Instrument à cordes pincées de l’antiquité, le plus connu de tous, donné comme emblème à Apollon, à la muse Clio et aux poètes, et qui a donné son nom à l’un des trois genres de la poésie. Il se composait d’une caisse de résonance supportant deux bras réunis par une mince traverse à laquelle s’attachaient les cordes, fixées d’autre part au bas de la caisse et dont le nombre, limité d’abord à quatre, n’excéda jamais dix. On les pinçait au moyen d’un plectre. Cet instrument disparut presque complètement pendant le moyen âge. À peine sa trace a-t-elle été reconnue dans un très petit nombre de monuments du vie au viiie s., provenant des contrées septentrionales de l’Europe.

Lyre scandinave. Lyre germanique.
Lyre scandinave. Lyre germanique.
Lyre scandinave.  Lyre germanique.


Son nom seul subsistait et fut appliqué dans les époques suivantes à des instruments tout différents.
Lyre-guitare.
En 1763, une musicienne française, Mlle Saint-Aubin, entreprit de la remettre à la mode et se fit construire une lyre par le facteur Macra. D’autres luthiers en mirent quelques-unes en vente, mais sans succès. L’engouement pour les souvenirs de l’antiquité, qui se révéla sous le Directoire et l’Empire, firent naître la lyre-guitare et la harpo-lyre, dont l’existence fut éphémère. La L.-guitare n’avait de la L. antique qu’un semblant d’apparence, puisque, entre les deux bras, devenus inutiles, de l’instrument grec, se plaçait un manche de guitare, qui recevait toutes les cordes. || 2. On trouve dans quelques monuments du ixe au xiie s., sous le nom de lira, ou lyra, une sorte de petit rebec à une seule corde, dont le corps ovale et bombé se rapproche de la mandoline moderne ; il est compté parmi les ancêtres assez incertains de la viole et du violon. || 3. Le nom de lyra mendicorum ou lyre des mendiants, est donné par Virdung (1511) à la vielle à roue (voy. ce mot). || 4. Instrument à cordes, à manche et à archet, usité aux xvie et xviie s., avant que fussent définitivement fixés les types de la viole et du violon. Mersenne (1636) décrit une L. à quinze cordes, dont deux, tendues en dehors du manche, se pinçaient à vide et dont les autres étaient doublées et accordées à volonté, la chanterelle toujours sur le de la clef de sol et le bourdon le plus grave, sur l’ut de la clef de fa. Appelée en Italie lira, cet instrument se distinguait essentiellement de la famille des violes par le grand nombre des cordes, qui entraînait la nécessité d’attaquer avec l’archet plusieurs cordes à la fois, et produisait un jeu en accords, favorable à l’accompagnement. Les deux dimensions principales de la lira étaient surnommées lira da braccio et lira di gamba ; celle-ci donna naissance à la viola bastarda, et la première à la viole d’amour. C’est en s’accompagnant sur la L. que les poètes de la Pléiade aimaient à réciter leurs Vers mesurés à l’antique. Le timbre de l’instrument était trouvé « fort languissant et propre à exciter la dévotion ». Aussi s’en servait-on en quelques églises pour soutenir les voix dans l’exécution des motets à voix seule ou à plusieurs voix. Il fut toutefois abandonné dans le milieu du xviie s.