Dictionnaire pratique et historique de la musique/Imitation

◄  Image
Impair  ►

Imitation, n. f. Reproduction dans une ou plusieurs parties d’un dessin musical proposé précédemment par une autre partie. L’I. est la base du style contrepointique, du canon et de la fugue. On en trouve les premières tentatives, sous le nom de Repetitio vocis, chez les théoriciens et chez les déchanteurs du xiie s. Jean de Garlande en mentionne l’usage dans les morceaux à 3 et à 4 parties et spécialement dans les Conduits, et il en donne un exemple qui consiste dans l’échange de fragments alternativement reproduits par deux voix semblables, dont les dessins s’entrecroisent. On remarque dans l’une des pièces à 3 voix du ms. de Montpellier l’application du même procédé :


\language "italiano"
global = { \time 3/2 }

SopOneMusic = \relative do' {
  mi4( re) do( si) la2 |do1 re2 | mi mi mi | mi1 re2 |
}
SopOneLyrics = \lyricmode {
  S’on me re -- gar -- de S’on me re -- gar -- de 
}
SopTwoMusic = \relative do' {
  mi2 mi mi | mi1 re4( do) | mi4( re) do( si) la2 | do1 re2^\markup { \raise #1 { \hspace #3 { \italic "etc." }}} |
}
SopTwoLyrics = \lyricmode {
  Pre -- nés i gar -- de S’on me re -- gar -- de 
}

\score {
  \new PianoStaff <<
    \new Staff <<
      \new Voice = "SopOne" {
        \global
        \SopOneMusic
      }
      \new Lyrics \lyricsto "SopOne" {
        \SopOneLyrics
      }
    >>
    \new Staff <<
      \new Voice = "SopTwo" {
        \global
        \SopTwoMusic
      }
      \new Lyrics \lyricsto "SopTwo" {
        \SopTwoLyrics
      }
    >>
  >>
 \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves \remove Time_signature_engraver }
    indent = 0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
 \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

De bonne heure les contrepointistes aperçurent les ressources que pouvait présenter l’I. pour « exciter l’intérêt, l’accroître, le presser, et augmenter sans cesse la richesse d’un morceau sans en rompre l’unité » et ils en développèrent les procédés avec une fertilité d’invention dont on peut admirer les preuves les plus variées dans les œuvres de Palestrina, au xvie s., et de Bach, au xviiie :

(Palestrina, Ricercare du 1er ton, en sol.)

L’emploi constant de l’I. est une des caractéristique du style de César Franck, qui en a renouvelé l’usage dans la musique moderne. L’enseignement de la composition place l’I. parmi les éléments de l’art du contrepoint, comme préparation à la fugue. On professe que l’I. peut se faire à un intervalle quelconque au-dessus ou au-dessous du dessin principal, en commençant à un point quelconque de la durée de ce dessin. Elle est dite simple, lorsqu’une seule partie imite le thème, double, lorsque deux parties en imitent deux autres, exacte, lorsque le fragment imité est reproduit sans changements, libre ou irrégulière, lorsqu’elle diffère du thème en un détail quelconque de sa structure mélodique. (voy. page suivante.)