Dictionnaire pratique et historique de la musique/Grosse caisse

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Grosse caisse, n. f. Instrument de percussion à son indéterminé, qui est proprement un tambour de grandes dimensions et se compose, comme celui-ci, d’une caisse cylindrique de bois ou de métal, fermée à ses deux extrémités par une membrane, que l’on frappe avec une mailloche de liège ou de feutre. On donne le plus souvent des coups isolés mais il est possible de produire un roulement prolongé en tenant par le milieu le manche d’une mailloche à deux têtes et en lui imprimant un mouvement rapide. La G. C. se nommait au moyen âge bedon ou bedondaine et se faisait en si grandes dimensions qu’elle était portée à dos d’homme, le musicien qui la frappait marchant derrière le porteur. Actuellement, dans les bandes militaires en marche, la G. C. est suspendue par des courroies au cou de l’exécutant ; à l’orchestre elle repose sur un pied en forme de chevalet. On lui associe souvent les cymbales, en attachant l’un des disques au-dessus de la caisse ; l’exécutant tient en ce cas la mailloche de la main droite et la seconde cymbale de la main gauche. C’est au xviiie s., grâce à la vogue de la prétendue « musique turque », que la G. C. a pénétré dans l’orchestre dramatique. Gluck s’en est servi dans Les Pèlerins de la Mecque (1764), Mozart, dans L’Enlèvement au sérail (1782). On s’est, de là, accoutumé à l’entendre marquer les temps forts d’une musique bruyante et accentuée. L’école rossinienne en a usé jusqu’à l’abus. D’autres musiciens l’ont employée pour imiter le bruit du canon. Beethoven a placé trois grosses caisses dans l’orchestre de sa Bataille de Vittoria (1813). Berlioz s’en est servi dans la Marche hongroise de La Damnation de Faust (1848). Indépendamment de toute intention descriptive, la G. C. figure régulièrement dans le groupe des instruments de percussion, dans l’orchestre symphonique. On peut rappeler sa présence dans Antar, de Rimsky-Korsakow.