Dictionnaire pratique et historique de la musique/Gaillarde
Gaillarde, n. f. Ancienne danse française, dite danse « par haut », ou sautée, composée de « mouvements gaillards » desquels elle tirait son nom. Elle se mesurait en rythme ternaire, avec le premier temps appuyé, par reprise de 4 ou 8 mesures, semblables aux divisions du Tordion, dont elle différait par une allure « plus pesante ».
Une certaine mélodie de G., appelée La Romanesque était, au rapport de l’Orchésographie (1588), fort répandue vers la fin du xvie s., au point de paraître « trop fréquentée (commune) et triviale ». Elle se trouve notée en tablature de luth dans un ms. de 1598, où elle succède, sous forme de trois variations, à un Passemezo romanesque.
Mais ce titre n’implique
aucune généralisation et ne
permet pas de soutenir que la G.,
considérée comme forme de danse ou
d’air à danser, se nommait originairement
la Romanesca, et avait été
apportée de Rome ou de Romagne
en France. Au contraire, la liaison
de la G. avec le Passemezo et, en
d’autres recueils, avec la Pavane,
doit être retenue comme un des premiers
essais d’organisation de la
Suite instrumentale. Le célèbre ms.
dit Fitzwilliam Virginal Book, qui
passe pour avoir appartenu à la reine
Elisabeth († 1603), ne fournit pas
moins de 24 exemples du rattachement,
sur le même thème, d’une G.
à une pavane. En 1604, J. Ghro, de
Dresde, fit paraître un
livre de 30 nouvelles
pavanes et G. choisies
pour 5 instruments, composées,
dit-il, « à la manière
allemande ». La
vogue de la G. décrut
rapidement dans le xviie s.
Au xviiie, elle avait disparu.
(Voy. Passemezo,
Pavane, Suite.)