Dictionnaire pratique et historique de la musique/Bourrée
Bourrée, n. f. Ancienne danse française, demeurée populaire dans les provinces du Centre. Elle est connue sous deux formes : 1o La forme binaire, qui se note sous le signe alla breve, ou C barré ; c’est elle que les maîtres du xviie et du xviiie s. ont adoptée pour l’introduire dans leurs suites. Le ms. de Cassel, publié par Écorcheville, qui contient des airs français de 1640-1670, destinés à la danse, présente habituellement la B. divisée en deux parties, de 4 et de 8 mesures, avec reprises, commençant par une anacrouse. C’est le modèle suivi par Fischer (1696), et par Bach, dans ses Suites anglaises, et qui
se rapproche de très
près de la gavotte ; — 2o la forme
ternaire, notée à 3/8, ou à 3/4 en
mouvement léger et rapide, est celle
que la tradition a maintenue dans la
musique populaire et que l’on doit
tenir pour primitive. Au temps de
Mme de Sévigné, qui se plaisait à la
voir danser par les paysans d’Auvergne,
c’était une danse vive et hardie, contre
laquelle s’indignait Fléchier. De nos
jours, elle est moins « excitante ».
Elle se danse aux sons de la cabrette,
sorte de cornemuse, sur des airs à
3/8 coupés de 4 en 4 mesures. Le
cabrettaïre ajoute, selon son habileté,
des broderies au thème initial, sans
altérer le rythme, dont le premier
temps est appuyé d’un coup des deux
talons réunis, le 3e, d’un coup du talon
gauche seul. La fin de la B. est brusque
sur une note aiguë.
La B. dite montagnarde
n’est dansée que par des
hommes, qui portent des bâtons suspendus
aux bras et parfois des grelots
aux chevilles. La musique en est
instrumentale. Cependant des paroles
de chansons en patois auvergnat ou
limousin sont souvent disposées sur
des airs de B. En passant du domaine
populaire au domaine artistique, la
B. à 3/8 a pris le nom de passe-pied
(voy. ce mot).