Dictionnaire portatif de cuisine, d’office, et de distillation/MIEL

inconnu
Lottin le Jeune (p. 395-396).
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MIEL : substance onctueuse & un peu fluide, composée des particules sulfureuses & balsamiques que les abeilles enlevent des fleurs qu’elles sucent, & qu’elles déposent dans des cellules exagones des rayons ou gâteaux de cire qu’elles se sont faites auparavant, pour y mettre cette substance en provision. Le premier, qui découle ordinairement, sans pression du gâteau, est un miel blanc, qu’on appelle miel vierge. Celui qu’on tire ensuite par expression, est plus jaunes, & est le miel commun, moins doux, moins agréable que le premier, & sentant, pour l’ordinaire, la cire dont il a été exprimé. Quand on a moins d’égard à la délicatesse du goût qu’à la bonté intrinséque des confitures, on préfere le miel au sucre, en ce qu’il est un extrait de ce qu’une infinité de plantes salutaires ont de plus pur & de plus éthéré : aussi est-il plus pectoral, plus balsamique, plus anodin que le sucre, qui n’est que le suc exprimé, & épaissi par la cuisson, d’une seule plante, qui est la canne de sucre : d’ailleurs la substance du miel reçoit dans l’abeille, & la ruche une élaboration qui la perfectionne & l’épure mieux que l’action du feu, qui, toujours violente, fait probablement évaporer ce que le suc de la canne de sucre a peut-être de meilleur & de plus volatil.