Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Bourges

Éd. Garnier - Tome 18
◄  Boulevert, ou boulevart Bourges Bourreau   ►


BOURGES[1].

Nos questions ne roulent guère sur la géographie ; mais qu’on nous permette de marquer en deux mots notre étonnement sur la ville de Bourges. Le Dictionnaire de Trévoux prétend que « c’est une des plus anciennes de l’Europe, qu’elle était le siège de l’empire des Gaules, et donnait des rois aux Celtes ».

Je ne veux combattre l’ancienneté d’aucune ville ni d’aucune famille. Mais y a-t-il jamais eu un empire des Gaules ? les Celtes avaient-ils des rois ? Cette fureur d’antiquité est une maladie dont on ne guérira pas sitôt. Les Gaules, la Germanie, le Nord, n’ont rien d’antique que le sol, les arbres et les animaux. Si vous voulez des antiquités, allez vers l’Asie, et encore c’est fort peu de chose. Les hommes sont anciens, et les monuments nouveaux : c’est ce que nous avons en vue dans plus d’un article.

Si c’était un bien réel d’être né dans une enceinte de pierre ou de bois plus ancienne qu’une autre, il serait très-raisonnable de faire remonter la fondation de sa ville au temps de la guerre des géants ; mais puisqu’il n’y a pas le moindre avantage dans cette vanité, il faut s’en détacher. C’est tout ce que j’avais à dire sur Bourges.


  1. Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie, 1770. (B.)