Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Bannissement

Éd. Garnier - Tome 17
◄  Bala, bâtard Bannissement Banque   ►


BANNISSEMENT[1].

Bannissement à temps ou à vie, peine à laquelle on condamne les délinquants, ou ceux qu’on veut faire passer pour tels.

On bannissait, il n’y a pas bien longtemps, du ressort de la juridiction, un petit voleur, un petit faussaire, un coupable de voie de fait. Le résultat était qu’il devenait grand voleur, grand faussaire, et meurtrier dans une autre juridiction. C’est comme si nous jetions dans les champs de nos voisins les pierres qui nous incommoderaient dans les nôtres.

Ceux qui ont écrit sur le droit des gens se sont fort tourmentés pour savoir au juste si un homme qu’on a banni de sa patrie est encore de sa patrie. C’est à peu près comme si on demandait si un joueur qu’on a chassé de la table du jeu est encore un des joueurs.

S’il est permis à tout homme par le droit naturel de se choisir sa patrie, celui qui a perdu le droit de citoyen peut, à plus forte raison, se choisir une patrie nouvelle ; mais peut-il porter les armes contre ses anciens concitoyens ? Il y en a mille exemples. Combien de protestants français naturalisés en Hollande, en Angleterre, en Allemagne, ont servi contre la France, et contre des armées où étaient leurs parents et leurs propres frères ! Les Grecs qui étaient dans les armées du roi de Perse ont fait la guerre aux Grecs leurs anciens compatriotes. On a vu les Suisses au service de la Hollande tirer sur les Suisses au service de la France. C’est encore pis que de se battre contre ceux qui vous ont banni : car, après tout, il semble moins malhonnête de tirer l’épée pour se venger que de la tirer pour de l’argent.


  1. Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie, 1770. (B.)


Bala, bâtard

Bannissement

Banque