Dictionnaire philosophique/Garnier (1878)/Contradictions

Éd. Garnier - Tome 18
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CONTRADICTIONS.

SECTION PREMIÈRE[1].

Plus on voit ce monde, et plus on le voit plein de contradictions et d’inconséquences. À commencer par le Grand Turc, il fait couper toutes les têtes qui lui déplaisent, et peut rarement conserver la sienne.

Si du Grand Turc nous passons au saint-père, il confirme l’élection des empereurs, il a des rois pour vassaux, mais il n’est pas si puissant qu’un duc de Savoie. Il expédie des ordres pour l’Amérique et pour l’Afrique, et il ne pourrait pas ôter un privilége à la république de Lucques. L’empereur est roi des Romains ; mais le droit de leur roi consiste à tenir l’étrier du pape, et à lui donner à laver à la messe.

Les Anglais servent leur monarque à genoux, mais ils le déposent, l’emprisonnent, et le fond périr sur l’échafaud.

Des hommes qui font vœu de pauvreté obtiennent, en vertu de ce vœu, jusqu’à deux cent mille écus de rente, et, en conséquence de leur vœu d’humilité, sont des souverains despotiques. On condamne hautement à Rome la pluralité des bénéfices avec charge d’âmes ; et on donne tous les jours des bulles à un Allemand pour cinq ou six évêchés à la fois. C’est, dit-on, que les évêques allemands n’ont point charge d’âmes. Le chancelier de France est la première personne de l’État : il ne peut manger avec le roi, du moins jusqu’à présent, et un colonel à peine gentilhomme a cet honneur. Une intendante est reine en province, et bourgeoise à la cour.

On cuit en place publique ceux qui sont convaincus du péché de non-conformité, et on explique gravement dans tous les colléges la seconde églogue de Virgile, avec la déclaration d’amour de Corydon au bel Alexis : « Formosum pastor Corydon ardebat Alexin ; » et on fait remarquer aux enfants que, quoique Alexis soit blond et qu’Amyntas soit brun, cependant Amyntas pourrait bien avoir la préférence.

Si un pauvre philosophe, qui ne pense point à mal, s’avise de vouloir faire tourner la terre ou d’imaginer que la lumière vient du soleil, ou de supposer que la matière pourrait bien avoir quelques autres propriétés que celles que nous connaissons, on crie à l’impie, au perturbateur du repos public ; et on traduit[2] ad usum Delphini, les Tusculanes de Cicéron et Lucrèce, qui sont deux cours complets d’irréligion.

Les tribunaux ne croient plus aux possédés, on se moque des sorciers ; mais on a brûlé Gaufridi et Grandier pour sortilége ; et en dernier lieu la moitié d’un parlement voulait condamner au feu un religieux accusé d’avoir ensorcelé une fille de dix-huit ans en soufflant sur elle[3].

Le sceptique philosophe Bayle a été persécuté même en Hollande. La Mothe Le Vayer, plus sceptique et moins philosophe, a été précepteur du roi Louis XIV et du frère du roi. Gourville était à la fois pendu en effigie à Paris, et ministre de France en Allemagne.

Le fameux athée Spinosa vécut et mourut tranquille. Vanini, qui n’avait écrit que contre Aristote, fut brûlé comme athée : il a l’honneur, en cette qualité, de remplir un article dans les histoires des gens de lettres et dans tous les dictionnaires, immenses archives de mensonges et d’un peu de vérité : ouvrez ces livres, vous y verrez que non-seulement Vanini enseignait publiquement l’athéisme dans ses écrits, mais encore que douze professeurs de sa secte étaient partis de Naples avec lui dans le dessein de faire partout des prosélytes ; ouvrez ensuite les livres de Vanini, vous serez bien surpris de ne voir que des preuves de l’existence de Dieu. Voici ce qu’on lit dans son Amphitheatrum, ouvrage également condamné et ignoré : « Dieu est son principe et son terme, sans fin et sans commencement, n’ayant besoin ni de l’un ni de l’autre, et père de tout commencement et de toute fin ; il existe toujours, mais dans aucun temps ; pour lui le passé ne fut point, et l’avenir ne viendra point ; il règne partout sans être dans un lieu ; immobile sans s’arrêter, rapide sans mouvement ; il est tout, et hors de tout ; il est dans tout, mais sans être enfermé ; hors de tout, mais sans être exclu d’aucune chose ; bon, mais sans qualité ; entier, mais sans parties ; immuable en variant tout l’univers ; sa volonté est sa puissance ; simple, il n’y a rien en lui de purement possible, tout y est réel ; il est le premier, le moyen, le dernier acte ; enfin étant tout, il est au-dessus de tous les êtres, hors d’eux, dans eux, au delà d’eux, à jamais devant et après eux. » C’est après une telle profession de foi que Vanini fut déclaré athée. Sur quoi fut-il condamné ? sur la simple déposition d’un nommé Francon[4]. En vain ses livres déposaient pour lui. Un seul ennemi lui a coûté la vie, et l’a flétri dans l’Europe.

Le petit livre de Cymbalum mundi[5], qui n’est qu’une imitation froide de Lucien, et qui n’a pas le plus léger, le plus éloigné rapport au christianisme, a été aussi condamné aux flammes. Mais Rabelais a été imprimé avec privilége, et on a très-tranquillement laissé un libre cours à l’Espion turc[6], et même aux Lettres persanes, à ce livre léger, ingénieux et hardi, dans lequel il y a une lettre tout entière en faveur du suicide ; une autre où l’on trouve ces propres mots : « Si l’on suppose une religion ; » une autre où il est dit expressément que les évêques n’ont « d’autres fonctions que de dispenser d’accomplir la loi ; » une autre[7] enfin où il est dit que le pape est un magicien qui fait accroire que trois ne sont qu’un, que le pain qu’on mange n’est pas du pain, etc.

L’abbé de Saint-Pierre, homme qui a pu se tromper souvent, mais qui n’a jamais écrit qu’en vue du bien public, et dont les ouvrages étaient appelés par le cardinal Dubois les rêves d’un bon citoyen ; l’abbé de Saint-Pierre, dis-je, a été exclu de l’Académie française d’une voix unanime, pour avoir, dans un ouvrage de politique, préféré l’établissement des conseils sous la régence aux bureaux des secrétaires d’État qui gouvernaient sous Louis XIV, et pour avoir dit que les finances avaient été malheureusement administrées sur la fin de ce glorieux règne. L’auteur des Lettres persanes n’avait parlé de Louis XIV, dans son livre, que pour dire que ce roi était un « magicien[8], qui faisait accroire à ses sujets que du papier était de l’argent ; qu’il n’aimait que le gouvernement turc[9] ; qu’il préférait un homme qui lui donnait la serviette à un homme qui lui avait gagné des batailles ; qu’il avait donné une pension à un homme qui avait fui deux lieues, et un gouvernement à un homme qui en avait fui quatre ; qu’il était accablé de pauvreté » ; quoiqu’il soit dit dans la même Lettre que ses finances sont inépuisables. Voilà, encore une fois, tout ce que cet auteur, dans son seul livre alors connu, avait dit de Louis XIV, protecteur de l’Académie française ; et ce livre est le seul titre sur lequel l’auteur a été effectivement reçu dans l’Académie française. On peut ajouter encore, pour comble de contradiction, que cette compagnie le reçut pour en avoir été tournée en ridicule. Car de tous les livres où on s’est réjoui aux dépens de cette Académie, il n’y en a guère où elle soit traitée plus mal que dans les Lettres persanes. Voyez la lettre[10] où il est dit : « Ceux qui composent ce corps n’ont d’autres fonctions que de jaser sans cesse. L’éloge vient se placer comme de lui-même dans leur babil éternel, etc. » Après avoir ainsi traité cette compagnie, il fut loué par elle, à sa réception, du talent de faire des portraits ressemblants[11].

Si je voulais continuer à examiner les contrariétés qu’on trouve dans l’empire des lettres, il faudrait écrire l’histoire de tous les savants et de tous les beaux-esprits : de même que si je voulais détailler les contrariétés dans la société, il faudrait écrire l’histoire du genre humain. Un Asiatique qui voyagerait en Europe pourrait bien nous prendre pour des païens. Nos jours de la semaine portent les noms de Mars, de Mercure, de Jupiter, de Vénus ; les noces de Cupidon et de Psyché sont peintes dans la maison des papes ; mais surtout si cet Asiatique voyait notre opéra, il ne douterait pas que ce ne fût une fête à l’honneur des dieux du paganisme. S’il s’informait un peu plus exactement de nos mœurs, il serait bien plus étonné ; il verrait en Espagne qu’une loi sévère défend qu’aucun étranger ait la moindre part indirecte au commerce de l’Amérique, et que cependant les étrangers y font, par les facteurs espagnols, un commerce de cinquante millions par an, de sorte que l’Espagne ne peut s’enrichir que par la violation de la loi, toujours subsistante et toujours méprisée. Il verrait qu’en un autre pays le gouvernement fait fleurir une compagnie des Indes, et que les théologiens ont déclaré le dividende des actions criminel devant Dieu. Il verrait qu’on achète le droit de juger les hommes, celui de commander à la guerre, celui d’entrer au conseil ; il ne pourrait comprendre pourquoi il est dit dans les patentes qui donnent ces places, qu’elles ont été accordées gratis et sans brigue, tandis que la quittance de finance est attachée aux lettres de provision. Notre Asiatique ne serait-il pas surpris de voir des comédiens gagés par les souverains, et excommuniés par les curés ? Il demanderait pourquoi un lieutenant général roturier, qui aura gagné des batailles[12], sera mis à la taille comme un paysan, et qu’un échevin sera noble comme les Montmorency ? Pourquoi, tandis qu’on interdit les spectacles réguliers, dans une semaine consacrée à l’éducation, on permet des bateleurs qui offensent les oreilles les moins délicates ? Il verrait presque toujours nos usages en contradiction avec nos lois ; et si nous voyagions en Asie, nous y trouverions à peu près les mêmes incompatibilités.

Les hommes sont partout également fous ; ils ont fait des lois à mesure, comme on répare des brèches de murailles. Ici les fils aînés ont ôté tout ce qu’ils ont pu aux cadets, là les cadets partagent également. Tantôt l’Église a ordonné le duel, tant elle l’a anathématisé. On a excommunié tour à tour les partisans et les ennemis d’Aristote, et ceux qui portaient des cheveux longs et ceux qui les portaient courts. Nous n’avons dans le monde de loi parfaite que pour régler une espèce de folie, qui est le jeu. Les règles du jeu sont les seules qui n’admettent ni exception, ni relâchement, ni variété, ni tyrannie. Un homme qui a été laquais, s’il joue au lansquenet avec des rois, est payé sans difficulté quand il gagne ; partout ailleurs, la loi est un glaive dont le plus fort coupe par morceaux le plus faible.

Cependant ce monde subsiste comme si tout était bien ordonné ; l’irrégularité tient à notre nature ; notre monde politique est comme notre globe, quelque chose d’informe qui se conserve toujours. Il y aurait de la folie à vouloir que les montagnes, les mers, les rivières, fussent tracées en belles figures régulières ; il y aurait encore plus de folie de demander aux hommes une sagesse parfaite : ce serait vouloir donner des ailes à des chiens, ou des cornes à des aigles.


SECTION II[13].

Exemples tirés de l’histoire, de la sainte écriture, de plusieurs écrivains, du fameux curé Meslier, d’un prédicant nommé Antoine, etc.


On vient de montrer les contradictions de nos usages, de nos mœurs, de nos lois : on n’en a pas dit assez.

Tout a été fait, surtout dans notre Europe, comme l’habit d’Arlequin : son maître n’avait point de drap ; quand il fallut l’habiller, il prit des vieux lambeaux de toutes couleurs : Arlequin fut ridicule, mais il fut vêtu.

Où est le peuple dont les lois et les usages ne se contredisent pas ? Y a-t-il une contradiction plus frappante et en même temps plus respectable que le saint empire romain ? en quoi est-il saint ? en quoi est-il empire ? en quoi est-il romain ?

Les Allemands sont une brave nation que ni les Germanicus, ni les Trajan, ne purent jamais subjuguer entièrement. Tous les peuples germains qui habitaient au delà de l’Elbe furent toujours invincibles, quoique mal armés ; c’est en partie de ces tristes climats que sortirent les vengeurs du monde. Loin que l’Allemagne soit l’empire romain, elle a servi à le détruire.

Cet empire était réfugié à Constantinople, quand un Allemand, un Austrasien alla d’Aix-la-Chapelle à Rome, dépouiller pour jamais les césars grecs de ce qui leur restait en Italie. Il prit le nom de césar, d’imperator ; mais ni lui ni ses successeurs n’osèrent jamais résider à Rome. Cette capitale ne peut ni se vanter ni se plaindre que depuis Augustule, dernier excrément de l’empire romain, aucun césar ait vécu et soit enterré dans ses murs.

Il est difficile que l’empire soit saint, parce qu’il professe trois religions, dont deux sont déclarées impies, abominables, damnables et damnées, par la cour de Rome, que toute la cour impériale regarde comme souveraine sur ces cas.

Il n’est certainement pas romain, puisque l’empereur n’a pas dans Rome une maison.

En Angleterre on sert les rois à genoux. La maxime constante est que le roi ne peut jamais faire mal : The king can do no wrong. Ses ministres seuls peuvent avoir tort ; il est infaillible dans ses actions comme le pape dans ses jugements. Telle est la loi fondamentale, la loi salique d’Angleterre. Cependant le parlement juge son roi Édouard II vaincu et fait prisonnier par sa femme : on déclare qu’il a tous les torts du monde, et qu’il est déchu de tous droits à la couronne. Guillaume Trussel vient dans sa prison lui faire le compliment suivant :

« Moi, Guillaume Trussel, procureur du parlement et de toute la nation anglaise, je révoque l’hommage à toi fait autrefois ; je te défie, et je te prive du pouvoir royal, et nous ne tiendrons plus à toi doresnavant[14]. »

Le parlement juge et condamne le roi Richard II, fils du grand Édouard III. Trente et un chefs d’accusation sont produits contre lui, parmi lesquels on en trouve deux singuliers : Qu’il avait emprunté de l’argent sans payer, et qu’il avait dit en présence de témoins qu’il était le maître de la vie et des biens de ses sujets. Le parlement dépose Henri VI, qui avait un très-grand tort, mais d’une autre espèce, celui d’être imbécile.

Le parlement déclare Édouard IV traître, confisque tous ses biens ; et ensuite le rétablit quand il est heureux.

Pour Richard III, celui-là eut véritablement tort plus que tous les autres : c’était un Néron, mais un Néron courageux ; et le parlement ne déclara ses torts que quand il eut été tué.

La chambre représentant le peuple d’Angleterre imputa plus de torts à Charles Ier qu’il n’en avait, et le fit périr sur un échafaud. Le parlement jugea que Jacques II avait de très-grands torts, et surtout celui de s’être enfui. Il déclara la couronne vacante, c’est-à-dire il le déposa.

Aujourd’hui Junius écrit au roi d’Angleterre que ce monarque a tort d’être bon et sage. Si ce ne sont pas là des contradictions, je ne sais où l’on peut en trouver.


Des contradictions dans quelques rites.

Après ces grandes contradictions politiques, qui se divisent en cent mille petites contradictions, il n’y en a point de plus forte que celle de quelques-uns de nos rites. Nous détestons le judaïsme : il n’y a pas quinze ans qu’on brûlait encore les Juifs. Nous les regardons comme les assassins de notre Dieu, et nous nous assemblons tous les dimanches pour psalmodier des cantiques juifs : si nous ne les récitons pas en hébreu, c’est que nous sommes des ignorants. Mais les quinze premiers évêques, prêtres, diacres et troupeau de Jérusalem, berceau de la religion chrétienne, récitèrent toujours les psaumes juifs dans l’idiome juif de la langue syriaque ; et jusqu’au temps du calife Omar, presque tous les chrétiens depuis Tyr jusqu’à Alep priaient dans cet idiome juif. Aujourd’hui qui réciterait les psaumes tels qu’ils ont été composés, qui les chanterait dans la langue juive, serait soupçonné d’être circoncis et d’être juif : il serait brûlé comme tel ; il l’aurait été du moins il y a vingt ans, quoique Jésus-Christ ait été circoncis, quoique les apôtres et les disciples aient été circoncis. Je mets à part tout le fond de notre sainte religion, tout ce qui est un objet de foi, tout ce qu’il ne faut considérer qu’avec une soumission craintive ; je n’envisage que l’écorce, je ne touche qu’à l’usage ; je demande s’il y en eut jamais un plus contradictoire ?


Des contradictions dans les affaires et dans les hommes.

Si quelque société littéraire veut entreprendre le dictionnaire des contradictions, je souscris pour vingt volumes in-folio.

Le monde ne subsiste que de contradictions ; que faudrait-il pour les abolir ? assembler les états du genre humain. Mais de la manière dont les hommes sont faits, ce serait une nouvelle contradiction s’ils étaient d’accord. Assemblez tous les lapins de l’univers, il n’y aura pas deux avis différents parmi eux.

Je ne connais que deux sortes d’êtres immuables sur la terre : les géomètres et les animaux ; ils sont conduits par deux règles invariables : la démonstration et l’instinct ; et encore les géomètres ont-ils eu quelques disputes, mais les animaux n’ont jamais varié.


Des contradictions dans les hommes et dans les affaires.

Les contrastes, les jours et les ombres sous lesquels on représente dans l’histoire les hommes publics, ne sont pas des contradictions, ce sont des portraits fidèles de la nature humaine.

Tous les jours on condamne et on admire Alexandre, le meurtrier de Clitus, mais le vengeur de la Grèce, le vainqueur des Perses, et le fondateur d’Alexandrie ;

César le débauché, qui vole le trésor public de Rome pour asservir sa patrie, mais dont la clémence égale la valeur, et dont l’esprit égale le courage ;

Mahomet, imposteur, brigand ; mais le seul des législateurs religieux qui ait eu du courage, et qui ait fondé un grand empire ;

L’enthousiaste Cromwell, fourbe dans le fanatisme même, assassin de son roi en forme juridique, mais aussi profond politique que valeureux guerrier.

Mille contrastes se présentent souvent en foule, et ces contrastes sont dans la nature ; ils ne sont pas plus étonnants qu’un beau jour suivi de la tempête.


Des contradictions apparentes dans les livres.

Il faut soigneusement distinguer dans les écrits, et surtout dans les livres sacrés, les contradictions apparentes et les réelles. Il est dit dans le Pentateuque que Moïse était le plus doux des hommes, et qu’il fit égorger vingt-trois mille Hébreux qui avaient adoré le veau d’or, et vingt-quatre mille qui avaient ou épousé comme lui, ou fréquenté des femmes madianites ; mais de sages commentateurs ont prouvé solidement que Moïse était d’un naturel très-doux, et qu’il n’avait fait qu’exécuter les vengeances de Dieu en faisant massacrer ces quarante-sept mille Israélites coupables, comme nous l’avons déjà vu[15].

Des critiques hardis ont cru apercevoir une contradiction dans le récit où il est dit que Moïse changea toutes les eaux de l’Égypte en sang, et que les magiciens de Pharaon firent ensuite le même prodige, sans que l’Exode mette aucun intervalle entre le miracle de Moïse et l’opération magique des enchanteurs.

Il paraît d’abord impossible que ces magiciens changent en sang ce qui est déjà devenu sang ; mais cette difficulté peut se lever en supposant que Moïse avait laissé les eaux reprendre leur première nature, pour donner au pharaon le temps de rentrer en lui-même. Cette supposition est d’autant plus plausible que, si le texte ne la favorise pas expressément, il ne lui est pas contraire.

Les mêmes incrédules demandent comment tous les chevaux ayant été tués par la grêle dans la sixième plaie, Pharaon put poursuivre la nation juive avec de la cavalerie ? Mais cette contradiction n’est pas même apparente, puisque la grêle, qui tua tous les chevaux qui étaient aux champs, ne put tomber sur ceux qui étaient dans les écuries.

Une des plus fortes contradictions qu’on ait cru trouver dans l’histoire des Rois est la disette totale d’armes offensives et défensives chez les Juifs à l’avénement de Saül, comparée avec l’armée de trois cent trente mille combattants que Saül conduit contre les Ammonites, qui assiégeaient Jabès en Galaad.

Il est rapporté en effet qu’alors[16], et même après cette bataille, il n’y avait pas une lance, pas une seule épée chez tout le peuple hébreu ; que les Philistins empêchaient les Hébreux de forger des épées et des lances ; que les Hébreux étaient obligés d’aller chez les Philistins pour faire aiguiser le soc de leurs charrues[17], leurs hoyaux, leurs cognées, et leurs serpettes.

Cet aveu semble prouver que les Hébreux étaient en très-petit nombre, et que les Philistins étaient une nation puissante, victorieuse, qui tenait les Israélites sous le joug, et qui les traitait en esclaves ; qu’enfin il n’était pas possible que Saül eût assemblé trois cent trente mille combattants, etc.

Le révérend père dom Calmet dit[18] « qu’il est croyable qu’il y a un peu d’exagération dans ce qui est dit ici de Saül et de Jonathas » ; mais ce savant homme oublie que les autres commentateurs attribuent les premières victoires de Saül et de Jonathas à un de ces miracles évidents que Dieu daigna faire si souvent en faveur de son pauvre peuple. Jonathas, avec son seul écuyer, tua d’abord vingt ennemis ; et les Philistins, étonnés, tournèrent leurs armes les uns contre les autres. L’auteur du livre des Rois dit positivement[19] que ce fut comme un miracle de Dieu, accidit quasi miraculum a Deo. Il n’y a donc point là de contradiction.

Les ennemis de la religion chrétienne, les Celse, les Porphyre, les Julien, ont épuisé la sagacité de leur esprit sur cette matière. Des auteurs juifs se sont prévalus de tous les avantages que leur donnait la supériorité de leurs connaissances dans la langue hébraïque pour mettre au jour ces contradictions apparentes ; ils ont été suivis même par des chrétiens tels que milord Herbert, Wollaston, Tindal, Toland, Collins, Shaftesbury, Woolston, Gordon, Bolingbroke, et plusieurs auteurs de divers pays, Fréret, secrétaire perpétuel de l’Académie des belles-lettres de France, le savant Leclerc même, Simon de l’Oratoire, ont cru apercevoir quelques contradictions qu’on pouvait attribuer aux copistes. Une foule d’autres critiques ont voulu relever et réformer des contradictions qui leur ont paru inexplicables.

On lit dans un livre dangereux fait avec beaucoup d’art[20] : « Saint Matthieu et saint Luc donnent chacun une généalogie de Jésus-Christ dilférente ; et pour qu’on ne croie pas que ce sont de ces différences légères qu’on peut attribuer à méprise ou inadvertance, il est aisé de s’en convaincre par ses yeux en lisant Matthieu, au chap. i, et Luc, au chap. iii : on verra qu’il y a quinze générations de plus dans l’une que dans l’autre ; que depuis David elles se séparent absolument ; qu’elles se réunissent à Salathiel, mais qu’après son fils elles se séparent de nouveau, et ne se réunissent plus qu’à Joseph.

« Dans la même généalogie, saint Matthieu tombe encore dans une contradiction manifeste : car il dit qu’Osias était père de Jonathan, et dans les Paralipomènes, livre Ier, chap. iii, v. 11 et 12, on trouve trois générations entre eux, savoir : Joas, Amazias, Azarias, desquels Luc ne parle pas plus que Matthieu. De plus, cette généalogie ne fait rien à celle de Jésus, puisque, selon notre loi, Joseph n’avait eu aucun commerce avec Marie. »

Pour répondre à cette objection faite depuis le temps d’Origène, et renouvelée de siècle en siècle, il faut lire Julius Africanus. Voici les deux généalogies conciliées dans la table suivante, telle qu’elle se trouve dans la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques.



Il y a une autre manière de concilier les deux généalogies par saint Épiphane.

Suivant lui, Jacob Panther, descendu de Salomon, est père de Joseph et de Cléophas.

Joseph a de sa première femme six enfants : Jacques, Josué, Siméon, Juda, Marie et Salomé.

Il épouse ensuite la vierge Marie, mère de Jésus, fille de Joachim et d’Anne.

Il y a plusieurs autres manières d’expliquer ces deux généalogies. Voyez l’ouvrage de dom Calmet, intitulé Dissertation où l’on essaye de concilier saint Matthieu avec saint Luc sur la généalogie de Jésus-Christ.

Les mêmes savants incrédules qui ne sont occupés qu’à comparer des dates, à examiner les livres et les médailles, à confronter les anciens auteurs, à chercher la vérité avec la prudence humaine, et qui perdent par leur science la simplicité de la foi, reprochent à saint Luc de contredire les autres Évangiles, et de s’être trompé dans ce qu’il avance sur la naissance du Sauveur. Voici comme s’en explique témérairement l’auteur de l’Analyse de la religion chrétienne (page 23) :

« Saint Luc dit que Cyrénius avait le gouvernement de Syrie lorsque Auguste fit faire le dénombrement de tout l’empire. On va voir combien il se rencontre de faussetés évidentes dans ce peu de mots. 1° Tacite et Suétone, les plus exacts de tous les historiens, ne disent pas un mot du prétendu dénombrement de tout l’empire, qui assurément eût été un événement bien singulier, puisqu’il n’y en eut jamais sous aucun empereur ; du moins aucun auteur ne rapporte qu’il y en ait eu. 2º Cyrénius ne vint dans la Syrie que dix ans après le temps marqué par Luc ; elle était alors gouvernée par Quintilius Varus, comme Tertullien le rapporte, et comme il est confirmé par les médailles. »

On avouera qu’en effet il n’y eut jamais de dénombrement de tout l’empire romain, et qu’il n’y eut qu’un cens de citoyens romains, selon l’usage. Il se peut que des copistes aient écrit dénombrement pour cens. À l’égard de Cyrénius, que les copistes ont transcrit Cyrinus, il est certain qu’il n’était pas gouverneur de la Syrie dans le temps de la naissance de notre Sauveur, et que c’était alors Quintilius Varus ; mais il est très-naturel que Quintilius Varus ait envoyé en Judée ce même Cyrénius qui lui succéda, dix ans après, dans le gouvernement de la Syrie. On ne doit point dissimuler que cette explication laisse encore quelques difficultés.

Premièrement, le cens fait sous Auguste ne se rapporte point au temps de la naissance de Jésus-Christ.

Secondement, les Juifs n’étaient point compris dans ce cens. Joseph et son épouse n’étaient point citoyens romains, Marie ne devait donc point, dit-on, partir de Nazareth, qui est à l’extrémité de la Judée, à quelques milles du mont Thabor, au milieu du désert, pour aller accoucher à Bethléem, qui est à quatre-vingts milles de Nazareth.

Mais il se peut très-aisément que Cyrinus ou Cyrénius étant venu à Jérusalem de la part de Quintilius Varus pour imposer un tribut par tête, Joseph et Marie eussent reçu l’ordre du magistrat de Bethléem de venir se présenter pour payer le tribut dans le bourg de Bethléem, lieu de leur naissance : il n’y a rien là qui soit contradictoire.

Les critiques peuvent tâcher d’infirmer cette solution, en représentant que c’était Hérode seul qui imposait les tributs ; que les Romains ne levaient rien alors sur la Judée ; qu’Auguste laissait Hérode maître absolu chez lui, moyennant le tribut que cet Iduméen payait à l’empire. Mais on peut dans un besoin s’arranger avec un prince tributaire, et lui envoyer un intendant pour établir de concert avec lui la nouvelle taxe.

Nous ne dirons point ici, comme tant d’autres, que les copistes ont commis beaucoup de fautes, et qu’il y en a plus de dix mille dans la version que nous avons. Nous aimons mieux dire, avec les docteurs et les plus éclairés, que les Évangiles nous ont été donnés pour nous enseigner à vivre saintement, et non pas à critiquer savamment.

Ces prétendues contradictions firent un effet bien terrible sur le déplorable Jean Meslier, curé d’Étrepigny et de But en Champagne : cet homme, vertueux à la vérité, et très-charitable, mais sombre et mélancolique, n’ayant guère d’autres livres que la Bible et quelques Pères, les lut avec une attention qui lui devint fatale : il ne fut pas assez docile, lui qui devait enseigner la docilité à son troupeau. Il vit les contradictions apparentes, et ferma les yeux sur la conciliation. Il crut voir des contradictions affreuses entre Jésus né Juif, et ensuite reconnu Dieu ; entre ce Dieu connu d’abord pour le fils de Joseph, charpentier, et le frère de Jacques, mais descendu d’un empyrée qui n’existe point, pour détruire le péché sur la terre, et la laissant couverte de crimes ; entre ce Dieu né d’un vil artisan, et descendant de David par son père qui n’était pas son père ; entre le créateur de tous les mondes, et le petit-fils de l’adultère Bethsabée, de l’impudente Ruth, de l’incestueuse Thamar, de la prostituée de Jéricho, et de la femme d’Abraham ravie par un roi d’Égypte, ravie ensuite à l’âge de quatre-vingt-dix ans.

Meslier étale avec une impiété monstrueuse toutes ces prétendues contradictions qui le frappèrent, et dont il lui aurait été aisé de voir la solution pour peu qu’il eût eu l’esprit docile. Enfin sa tristesse s’augmentant dans sa solitude, il eut le malheur de prendre en horreur la sainte religion qu’il devait prêcher et aimer ; et, n’écoutant plus que sa raison séduite, il abjura le christianisme par un testament olographe, dont il laissa trois copies à sa mort, arrivée en 1732. L’extrait de ce testament[21] a été imprimé plusieurs fois, et c’est un scandale bien cruel. Un curé qui demande pardon à Dieu et à ses paroissiens, en mourant, de leur avoir enseigné des dogmes chrétiens ! un curé charitable qui a le christianisme en exécration, parce que plusieurs chrétiens sont méchants, que le faste de Rome le révolte, et que les difficultés des saints livres l’irritent ! un curé qui parle du christianisme comme Porphyre, Jamblique, Épictète, Marc-Aurèle, Julien ! et cela lorsqu’il est prêt de paraître devant Dieu ! Quel coup funeste pour lui et pour ceux que son exemple peut égarer !

C’est ainsi que le malheureux prédicant Antoine[22], trompé par les contradictions apparentes qu’il crut voir entre la nouvelle loi et l’ancienne, entre l’olivier franc et l’olivier sauvage, eut le malheur de quitter la religion chrétienne pour la religion juive ; et, plus hardi que Jean Meslier, il aima mieux mourir que se rétracter.

On voit, par le testament de Jean Meslier, que c’étaient surtout les contrariétés apparentes des Évangiles qui avaient bouleversé l’esprit de ce malheureux pasteur, d’ailleurs d’une vertu rigide, et qu’on ne peut regarder qu’avec compassion. Meslier est profondément frappé des deux généalogies qui semblent se combattre ; il n’en avait pas vu la conciliation ; il se soulève, il se dépite, en voyant que saint Matthieu fait aller le père, la mère, et l’enfant en Égypte après avoir reçu l’hommage des trois mages ou rois d’Orient, et pendant que le vieil Hérode, craignant d’être détrôné par un enfant qui vient de naître à Bethléem, fait égorger tous les enfants du pays pour prévenir cette révolution. Il est étonné que ni saint Luc, ni saint Jean, ni saint Marc, ne parlent de ce massacre. Il est confondu quand il voit que saint Luc fait rester saint Joseph, la bienheureuse vierge Marie, et Jésus notre Sauveur, à Bethléem, après quoi ils se retirèrent à Nazareth. Il devait voir que la sainte famille pouvait aller d’abord en Égypte, et quelque temps après à Nazareth, sa patrie.

Si saint Matthieu seul parle des trois mages et de l’étoile qui les conduisit du fond de l’Orient à Bethléem, et du massacre des enfants ; si les autres évangélistes n’en parlent pas, ils ne contredisent point saint Matthieu ; le silence n’est point une contradiction.

Si les trois premiers évangélistes, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, ne font vivre Jésus-Christ que trois mois depuis son baptême en Galilée jusqu’à son supplice à Jérusalem ; et si saint Jean le fait vivre trois ans et trois mois, il est aisé de rapprocher saint Jean des trois autres évangélistes, puisqu’il ne dit point expressément que Jésus-Christ prêcha en Galilée pendant trois ans et trois mois, et qu’on l’infère seulement de ses récits. Fallait-il renoncer à sa religion sur de simples inductions, sur de simples raisons de controverse, sur des difficultés de chronologie ?

Il est impossible, dit Meslier, d’accorder saint Matthieu et saint Luc, quand le premier dit que Jésus en sortant du désert alla à Capharnaüm, et le second qu’il alla à Nazareth.

Saint Jean dit que ce fut André qui s’attacha le premier à Jésus-Christ ; les trois autres évangélistes disent que ce fut Simon Pierre.

Il prétend encore qu’ils se contredisent sur le jour où Jésus célébra sa pâque, sur l’heure de son supplice, sur le lieu, sur le temps de son apparition, de sa résurrection. Il est persuadé que des livres qui se contredisent ne peuvent être inspirés par le Saint-Esprit ; mais il n’est pas de foi que le Saint-Esprit ait inspiré toutes les syllabes ; il ne conduisit pas la main de tous les copistes, il laissa agir les causes secondes : c’était bien assez qu’il daignât nous révéler les principaux mystères, et qu’il instituât dans la suite des temps une Église pour les expliquer. Toutes ces contradictions, reprochées si souvent aux Évangiles avec une si grande amertume, sont mises au grand jour par les sages commentateurs : loin de se nuire, elles s’expliquent chez eux l’une par l’autre ; elles se prêtent un mutuel secours dans les concordances, et dans l’harmonie des quatre Évangiles.

Et s’il y a plusieurs difficultés qu’on ne peut expliquer, des profondeurs qu’on ne peut comprendre, des aventures qu’on ne peut croire, des prodiges qui révoltent la faible raison humaine, des contradictions qu’on ne peut concilier, c’est pour exercer notre foi, et pour humilier notre esprit.


Contradictions dans les jugements sur les ouvrages.

J’ai quelquefois entendu dire d’un bon juge plein dégoût : « Cet homme ne décide que par humeur ; il trouvait hier le Poussin un peintre admirable ; aujourd’hui il le trouve très-médiocre. » C’est que le Poussin en effet a mérité de grands éloges et des critiques.

On ne se contredit point quand on est en extase devant les belles scènes d’Horace et de Curiace, du Cid et de Chimène, d’Auguste et de Cinna, et qu’on voit ensuite, avec un soulèvement de cœur mêlé de la plus vive indignation, quinze tragédies de suite sans aucun intérêt, sans aucune beauté, et qui ne sont pas même écrites en français.

C’est l’auteur qui se contredit : c’est lui qui a le malheur d’être entièrement différent de lui-même. Le juge se contredirait s’il applaudissait également l’excellent et le détestable. Il doit admirer dans Homère la peinture des Prières qui marchent après l’Injure, les yeux mouillés de pleurs ; la ceinture de Vénus ; les adieux d’Hector et d’Andromaque ; l’entrevue d’Achille et de Priam. Mais doit-il applaudir de même à des dieux qui se disent des injures, et qui se battent ; à l’uniformité des combats qui ne décident rien ; à la brutale férocité des héros; à l’avarice qui les domine presque tous ; enfin à un poëme qui finit par une trêve de onze jours, laquelle fait sans doute attendre la continuation de la guerre et la prise de Troie, que cependant on ne trouve point ?

Le bon juge passe souvent de l’approbation au blâme, quelque bon livre qu’il puisse lire[23].


  1. Ce morceau est imprimé dans le tome V de l’édition de 1742 des Œuvres de Voltaire. L’auteur le comprit dans son édition de 1756 parmi les Mélanges, troisième partie. Ce sont les éditeurs de Kehl qui l’ont placé ici.

    On peut voir dans les Mélanges de la présente édition, année 1727, un fragment sur les contradictions, qui, disent les éditeurs de Kehl, semble avoir fait partie d’une lettre écrite d’Angleterre. (B.)

  2. Les éditions ad usum Delphini ont des commentaires latins, et point de traductions. (B.)
  3. C’est le procès du P. Girard et de La Cadière. Rien n’a tant déshonoré l’humanité. (Note de Voltaire.)
  4. Voyez Athéisme, section iii.
  5. Le Cymbalum mundi, ouvrage de Bonaventure des Périers (dont Voltaire parle assez longuement dans la septième de ses Lettres à Son Altesse monseigneur le prince de ***, voyez les Mélanges, année 1767), imprimé en 1537, réimprimé en 1538, l’a été encore en 1711 et en 1732, petit in-12. Voltaire lui-même l’a fait réimprimer en 1770 dans le tome III du recueil intitulé les Choses utiles et agréables. (B.)
  6. Voyez la note sur la seconde édition des Honnêtetés littéraires, dans les Mélanges, année 1767.
  7. Voyez Œuvres complètes de Montesquieu, édition E. Laboulaye ; Paris, Garnier frères, 1875, tome Ier, pages 254, 164, 124, 111.
  8. Œuvres complètes de Montesquieu, tome ler, p. 110.
  9. Ibid., p. 144.
  10. Ibid., p. 247.
  11. Cette phrase ne se trouve point dans le discours imprimé de M. Mallet, alors directeur : ainsi, ou la mémoire de M. de Voltaire l’a mal servi, ou cette phrase ayant été remarquée à la lecture publique, on l’aura supprimée dans l’impression. (K.)
  12. Cette ridicule coutume a été enfin abolie en 1751. Les lieutenants généraux des armées ont été déclarés nobles comme les échevins. (Note de Voltaire.) — Voyez Essai sur les Mœurs, chapitre xcviii, tome XII, page 140.
  13. En 1771, dans la quatrième partie des Questions sur l’Encyclopédie, cette section formait tout l’article, qui alors commençait ainsi : « On a déjà montré ailleurs les contradictions de nos usages, etc. »

    Le sommaire de l’article fut ajouté en 1774, dans l’édition in-4o. (B.)

  14. Rapin Thoiras n’a pas traduit littéralement cet acte. (Note de Voltaire.)
  15. Tome XI, page 118.
  16. I. Rois, chapitre xiii, v. 22. (Note de Voltaire.)
  17. Chapitre xiii, v. 19, 20 et 21. (Id.)
  18. Note de dom Calmet sur le verset 19. (Id.)
  19. Chapitre xiv, v. 15. (Note de Voltaire.)
  20. Analyse de la religion chrétienne, page 22, attribuée à Saint-Évremond. (Id.)

    Analyse de la religion chrétienne fait partie d’un volume intitulé Recueil nécessaire, dont on croit que Voltaire fut l’éditeur ; mais je remarquerai que l’Analyse y est imprimée sous le nom de Dumarsais ; et ici Voltaire donne cet ouvrage à Saint-Évremond. L’Analyse de la religion chrétienne n’est peut-être ni de Dumarsais ni de Saint-Évremond. (B.)

  21. Voyez cet Extrait du testament de Meslier dans les Mélanges, année 1762.
  22. Voyez l’article Miracles, section iv, et dans les Mélanges, année 1766, le paragraphe vii du Commentaire sur le livre Des Délits et des Peines.
  23. Voyez l’article Goût.
Constantin

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