Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française/Introduction

DICTIONNAIRE

NATIONAL
_____________

PARIS. - ÉDOUARD BLOT ET FILS AINÉ, IMPRIMEURS
7, RUE BLEUE, 7
_____________

PRÉFACE



Ce qui n’a pas été exécuté jusqu’à présent, ou du moins ce qui ne l’a été que d’une manière assez imparfaite, notre zèle a osé le tenter. Nous avons voulu que la France eût un Dictionnaire qui pût rivaliser avec les grands travaux des Johnson, des Adelung, des Facciolati, des savants académiciens de la Crusca. L’attrait d’une si belle entreprise ne nous en a pas caché la grandeur et les difficultés, et l’exemple de ceux qui nous ont précédé dans la carrière suffisait pour nous ôter toute illusion.

Au début, un obstacle est venu nous arrêter. Nous nous sommes demandé si nous donnerions place à tous les mots, de quelque nature qu’ils fussent, ou si nous n’en admettions qu’un certain nombre. Cette difficulté n’a pas peu embarrassé l’Académie en tout temps, et tout récemment encore elle s’y est vue engagée de nouveau à l’occasion du Dictionnaire historique qu’elle prépare, mais que ni vous ni moi ne verrons probablement jamais. Quelle décision l’illustre assemblée a-t-elle prise ? Nous l’ignorons. Quant à nous, notre incertitude ne pouvait faire de longue durée. Le titre même que nous avions choisi nous traçait en quelque sorte la marche que nous avions à suivre. Travaillant pour la Nation, le livre que nous voulions lui consacrer devait contenir tous les mots qui sont à son usage, c’est-à-dire que toutes les classes de la société devaient y être représentées, et chacune d’elles y trouver son vocabulaire spécial. Et pourquoi, en effet, en aurions-nous exclu telle ou telle classe de mots, les mots, par exemple, qui appartiennent aux arts et métiers ? Ces mots, dit-on, n’ont pas grand crédit dans la langue littéraire. Mais est-cc que le Dictionnaire universel d’une langue, comme le remarque très-bien Ch. Nodier, est un ouvrage de bonne compagnie, destiné seulement à l’usage des salons, une espèce de Gradus ad Panassum pour les jeunes-gens qui se proposent de suivre la carrière des lettres ? Non : le Dictionnaire d’une langue, ce premier livre de toute nation civilisée, est le livre de tout le monde. Expression complète du monde social, il doit renfermer tous les mots qui sont à l’usage de tous. La langue n’est pas uniquement faite pour rendre les opérations de l’esprit et les mouvements du cœur, mais aussi pour exprimer l’étendue de l’action de l’homme sur l’univers que Dieu lui a donné pour domaine. Mépriser, d’ailleurs, le vocabulaire des arts et métiers, c’est mépriser la langue essentielle de la civilisation ; car ce n’est pas par les lettres ni par les scicnces, que la civilisation a commencé, mais bien certainement par les métiers. Et c’est quand le peuple lit, quand le peuple s’instruit, qu’on voudrait lui retirer dans le Dictionnaire l’explication des mols les plus essentiels de son langage ! Un tel dédain, de nos jours, serait un anachronisme aussi révoltant qu’insensé. Notre nomenclature est donc la plus abondante, la plus riche qui se soit. encore rencontrée en aucune langue et dans aucun Dictionnaire. Et il sera facile de s’en convaincre quand on saura que, non content de prendre le tout, les dictionnaires connus les mots qu’ils avaient enregistrés dans leurs colonnes, nous avons encore été chercher ceux qui leur manquaient dans les livres de tout genre, excursions fortuites et vagabondes qui ne nous ont pas demandé moins des quinze plus belles années de notre vie. Tous ces mots, ou anciens ou nouveaux, que la négligence ou le dédain des lexicographes avaient laissés en oubli dans les trésors de la parole, nous les avons glanés selon que l’adresse nous les faisait rencontrer, ou que le hasard pouvait nous les offrir dans le désordre et l’immensité d’une langue vivante et qui s’enrichit chaque jour de nouvelles conquêtes. Nous n’en avons rejeté volontairement aucun, par le seul motif qu’il ne serait pas d’une nécessité absolue ou qu’il serait surabondant. Notre intention n’a pas été de réformer la langue, mais de la présenter avec ses caprices, ses anomalies, ses irrégularités, ses beautés, ses défauts, en un mot, telle que la nation l’a faite.

Après la nomenclature, que nous avons tâché de faire la plus étendue possible et qui est presque illimitée, la partie à laquelle, nous avons donné tous nos soins, c’est la partie des définitions. Ici, nous avons eu beaucoup à faire encore. Presque tous les Dictionnaires, comme on sait, se répètent les uns les autres, sans avoir aucun égard à la différence des temps, aux progrès des sciences, des arts, à la mobilité des choses humaines ; ou si, par hasard, il leur arrive de vouloir introduire quelque changement pour dissimuler le larcin, ils ne jouent pas toujours de bonheur, puisque, et ce cas n’est pas rare, l’un transforme en plante ce que l’autre avait dit être un mammifère ! Le Pirée pris pour un homme ne trouve que trop souvent son application en fait de lexicographie. De tout temps l’art de définir a été considéré comme la chose la plus difficile. C’est ce qui a fait dire à Aristote qu’il fallait regarder presque comme un Dieu celui qui sait bien définir, Pro quasi Deo habendus est qui benè definire sciat. Sans doute beaucoup de personnes auront peine à concevoir comment le talent de définir rapproche un faible mortel de la Divinité. Cependant n’est-ce pas la raison qui place l’homme au-dessus des animaux et relève la dignité de son être ? Et si l’art de bien définir est le grand instrument de la raison, on peut trouver supportable la louange hyperbolique du philosophe grec. « Qui ne voit, en effet, dit Morellet, que, pour détromper les hommes de beaucoup d’erreur, il ne s’agirait le plus souvent que de leur faire attacher aux mots des idées justes et précises ? De sorte qu’un bon lexicographe est le meilleur instituteur que pût avoir le genre humain. Cette vérité est surtout sensible pour tous les genres de connaissances qui sont relatives à la morale et à la politique, et qui tiennent de plus près à la prospérité sociale et au bonheur des individus ; car les fausses notions sur cette matière sont les sources de tous les maux qui affligent l’homme en société.

Dans la crainte, bien naturelle sans doute, de nous tromper en nous abandonnant à nos propres lumières, et désirant autant que possible éviter toute erreur, toute inexactitude, c’est aux livres spéciaux que nous avons la plupart du temps demandé nos définitions. Il est rare, en effet, qu’un homme qui se livre exclusivement à tel ou tel art, à telle ou telle branche des connaissances humaines, se trompe sur le véritable sens des termes qui appartiennent à cet art ou à cette science. Son avis, écho vivant de l’expérience, doit donc être scrupuleusement recueillis, et c’est ce que nous avons fait. Quand ce précieux secours nous a manqué, nous avons cru devoir remonter à l’étymologie, qui est la raison de la langue, comme l’orthographe est la raison de l’écriture. Cette étymologie, nous l’avons prise à droite ou à gauche, selon que le mot venait lui-même d’un côté ou de l’autre ; néanmoins, sachant que le fond du français est le vieux gaulois, lequel n’est autre primordialement que le celtique, ou du moins le dialecte en celtique, c’est, à défaut de monuments écrits, aux traditions de cette langue que nous avons emprunté le plus grand nombre de nos étymologies.

L’étymologie une fois trouvée, que manque-t-il pour régler l’orthographe, et déterminer la prononciation régulière des mots ? Rien, surtout avec le secours des bons écrivains pour la langue écrite, et le tact des gens du monde pour la langue parlée. Si, parfois, dans cette partie où le caprice et l’ignorance se sont longtemps permis maintes libertés, il nous est arrivé de nous écarter de l’usage reçu, nous n’en avons pas moins fait tous nos efforts pour marcher constamment avec le respect et les ménagements que tout grammairien doit au génie de sa langue.

Mais les mots ne sont que les matériaux des langues, et ne sont pas les langues elles-mêmes. Il faut, pour former une langue, une convention plus difficile, la syntaxe, qui établit la forme dans laquelle les mots doivent être employés pour composer le discours. C’est donc la syntaxe qui constitue essentiellement une langue, qui lui donne un caractère propre. Cela étant, qui ne comprend que la grammaire et toute la grammaire, dans sa haute puissance philosophique, doit vivifier toutes les parties d’un Dictionnaire, absolument comme l’esprit anime le corps ? Car rien de plus naturel que la syntaxe d’une langue. Où était-elle avant qu’on l’ait formulée tant bien que mal en règles, avant qu’on en ait fait un corps de lois ? Et comment les grands écrivains des siècles passés, de notre beau siècle littéraire, faisaient-ils pour l’appliquer ? Elle était en eux d’instinct, ils en avaient la science infuse, ils étaient grammairiens sans le savoir. Leur style, leurs tournures, n’ont-ils pas fait, ne font-ils pas autorité ? N’est-ce pas précisément parce que ces hommes supérieurs ont composé des chefs-d’œuvre que le sens des mots se trouve précisé sous ses principales faces ? car il est impossible d’établir à cet égard une précision universelle. Et ce fait instinctif des écrivains ne devient-il pas le fait raisonné du lexicographe ? Nous avons none prodigué Je~ citations, car la toute-puissance des bonnes citations tirées de nos bons livres est trop généralement reconnue aujourd’hui pour qu’un ouvrage du genre de celui-ci puisse s’en passer. Un Dictionnaire sans exemple, a dit Voltaire, est un squelette ; et Voltaire avait raison.

Restent maintenant les acceptions et la synonymie. Le classement des acceptions est d’une importance majeure pour toute langue, et principalement pour la nôtre. Si nous avons beaucoup augmenté le Dictionnaire sous le rapport de la nomenclature, nous n’avons pas moins fait pour ce qui regarde les acceptions et les nuances infinies dans lesquelles un même mot peut être pris. La lecture attentive et réfléchie de nos meilleurs écrivains nous a procuré une multitude de richesses qu’on chercherait vainement ailleurs. Quant aux synonymes, la ligne du lexicographe est facile à tenir ; il n’y a de synonyme, dans une langue que relativement au sens général des mots, et le nombre des synonymes qu’elle possède fait l’une de ses principales richesses ; mais relativement aux nuances propres, aux significations particulières de mots, il n’y a point de synonymie ; d’où la conséquence que l’on ne peut employer un mot ou son équivalent, que lorsqu’il est question du sens général. Aux synonymes proprement dits nous avons souvent ajouté des synonymes simples, c’est-à-dire les mots qu’on peut, dans une foule de cas, employer les uns pour les autres, soit pour éviter une répétition toujours désagréable, soit pour jeter de la variété dans le discours. C’est une innovation dont les jeunes écrivains nous sauront sans doute quelque gré.

Au milieu de toutes les considérations dans lesquelles il nous serait facile d’entrer, il en est une qui nous frappe et que nous ne pouvons nous empêcher de mentionner. Un Dictionnaire, nous l’avons dit, doit être fait pour tout le monde, Mais qu’est-ce que tout le monde ? Selon nous, c’est d’un côté la troupe des écrivains, troupe qui de jour en jour devient plus importante, ne fût-ce que par le nombre ; de l’autre, c’est la masse des citoyens qui se contentent de connaitre, de parler leur langue dans les relations de la vie, on qui cherchent un délassement dans la lecture des ouvrages d’autrui. Cette remarque, toute impie qu’elle est, fait saillir la double utilité que doit offrir un Dictionnaire, relativement à la langue parlée et relativement à la langue écrite. De là cette autre question : Qu’est-ce qu’un Dictionnaire français en particulier ? D’abord, c’est tout ce que doit être un Dictionnaire de langue en général ; et, de plus, c’est un ouvrage dont le caractère distinctif, le cachet national n’est autre que le caractère, le cachet, qui distingue la langue française des autres langues, car, de même que, pour faire un Dictionnaire en général, il faut se mettre au point de vue général des langues ; de même aussi, pour faire particulièrement tel Dictionnaire, il faut se mettre au point de vue particulier de la langue qui fait l’objet de ce Dictionnaire. D’où il résulte que si tous les Dictionnaires doivent avoir les mêmes traits généraux de physionomie, ils doivent aussi se distinguer les uns des autres par des qualités spéciales, et pour le fonds et pour la méthode, qui tiennent à la nature, au génie des langues respectivement traitées dans chacun d’eux. Mais qu’est-ce que la langue française, et quels traits distinctifs un Dictionnaire français en empruntera-t-il ? Ce n’est pas une langue aux sons pleins et forts, aux inversions rapides et énergiques, aux métaphores véhémentes et hardies, aux comparaisons grandioses et sublimes, comme le sont les langues orientales ; ce n’est pas non plus une langue froide, terne, dure, peu propre à rendre l’émotion et la sensibilité, comme le sont les langues hyperboréennes. Placée dans des conditions intermédiaires, c’est une langue recherchée de tous les peuples, à cause de sa clarté élégante, de sa politesse parfaite, de ses habitudes délicates, de la précision de ses termes, de la placidité de ses mouvements, de la simplicité de ses formes ; se prêtant avec un égal bonheur aux abstractions les plus hautes de l’esprit, aux finesses les plus exquises du sentiment, aux convenances les plus fugitives de la société ; ce qui en fait, par excellence, la langue des salons, des relations sociales, des études philosophiques, et aussi la langue des affaires, sans l’empêcher d’être éminemment littéraire, comme le prouvent les mille chefs-d’oeuvre qu’elle a produits. En un mot, la langue française est, comme cela doit nécessairement être, en rapport direct, intime, avec le peuple français lui-même, à qui pas un peuple rival ne conteste la prééminence en fait de sociabilité, de politesse, de franchise dans les manières, de générosité, d’élévation dans les instincts, et de merveilleuse aptitude pour les lettres, les sciences, les arts, le commerce, l’industrie, en un mot, pour tout ce qui est du ressort de l’action humaine. Ainsi fixé sur les caractères généraux de la langue française, qui doivent se refléter dans le Dictionnaire de cette langue, si nous nous demandons quel~ rn sont les traits les plus saillants, nous les trouverons dans la finesse des nuances, ainsi que dans la variété des tours ; d’où la double obligation où nous nous sommes trouvé, non-seulement de donner, d’analogie en analogie, du sens propre au sens figuré, les nombreuses acceptions dans lesquelles la plupart des mots sont pris, en établissant, avec le plus de sagacité qu’il nous a été possible, les nuances souvent presque imperceptibles qui séparent les significations l’une de l’autre, et en tenant soigneusement compte de la diversité des styles ; mais encore de multiplier judicieusement les exemples, et de les choisir si bien, que chacun d’eux, même pour une seule acception, présentât le mot dans l’une de ces nuances mobiles, insaisissables, qui font le charme le plus envié de notre langue.

S’il existe un Dictionnaire ainsi fait, où est-il ? qu’on le nomme, qu’on le produise. Serait-ce celui de l’Académie, à choisir entre toutes les éditions qui en ont été données ? Mais sa nomenclature, tout le monde le sait, ne comprend pas la moitié de la langue ; mais on n’y trouve pas une seule étymologie, on n’y fait aucun souci des acceptions, on n’y cite pas la moindre phrase des grands modèles ; mais les sciences, la politique, l’industrie, en sont à peu près bannies ; mais on n’y voit pas la trace de ce grand mouvement intellectuel qui a emporté si loin le monde moderne, et qui recule tous les jours davantage les bornes du connu et du possible. Encore, si la docte assemblée avait pris la peine de compléter ce qu’elle nomme la langue usuelle et littéraire ; si, au moins, elle s’était servie quelque peu du tact incontestable que possèdent ses membres, alors l’étroite sphère dans laquelle elle s’est renfermée n’eût pas paru trop grande pour le peu d’action qu’elle se donne, son œuvre n’eût point été une œuvre morte, la langue ne s’y fût point trouvée à l’état de momie ou de squelette. Car enfin, les académiciens ont fait leurs preuves ; et, si tous n’ont pas monté au faîte de la littérature, la plupart se sont assis à des places honorables. Comment se fait-il donc, après cela, que l’Académie ne veuille ou ne sache pas même vivre de sa propre vie ; qu’elle ne lève dans son Dictionnaire aucune difficulté grammaticale ; qu’elle ne donne aucun aperçu philosophique ; qu’elle se mette à chaque page en contradiction avec elle-même, ce qui est, il faut l’avouer, une bien plaisante chose quand on a mission de mettre tout le monde d’accord ?

Parlerons-nous des Dictionnaires de Laveaux, de Boiste, de Raymond, de Landais, etc. ? À part l’histoire naturelle et un peu de technologie, la nomenclature de Laveaux n’est guère plus étendue que celle de l’Académie ; seulement, çà et là, l’auteur se montre ingénieux, philosophe, linguiste : ce sont des traits isolés, des lueurs éparses qui éclairent, qui relèvent certaines parties ; mais nulle philosophie générale, pas d’esprit d’ensemble, rien qui réunisse ce Dictionnaire en un tout moral et qui y fasse circuler la vie. Boiste a bien vu le mal, mais il n’a pas bien compris le remède. Sans doute, il donne une grande multitude de mots, quelques-uns même de l’ancien langage, qui, s’ils ne sont pas d’un heureux choix, servent néanmoins quelquefois à rappeler un sens perdu, à fixer une signification douteuse, à légitimer une orthographe contestée ; en outre, il a un esprit d’ordre, de méthode, constamment suivi ; les acceptions sont assez logiquement classées, et, de temps en temps, appuyées par des exemples ; cependant, on sent encore de l’hésitation, du tâtonnement ; les étymologies sont données trop légèrement ; le besoin d’économiser l’espace a fait multiplier les abréviations, les signes et les renvois ; un Français a peine à se reconnaître au milieu de ces formules algébriques, pour ainsi dire ; comment un étranger ne s’y perdrait-il pas ? Enfin, à part le défaut de la rareté, les exemples pèchent encore par leur propre qualité et par la source d’où ils découlent ; ce ne sont guère que des auteurs étrangers qui les ont fournis, et leur portée est beaucoup plus morale que littéraire. Assurément la morale est la plus parfaite des choses, et le lexicographe ne choisira jamais avec trop de scrupule les passages dont il s’autorise ; mais c’est précisément le secret d’unir la morale à la littérature ; et si Boiste eût cherché ses exemples dans nos bons écrivains, ce secret cessait d'en être un pour lui. Il est vrai qu’il y perdait le mérite de ses traductions, mais aussi nous y gagnions d’avoir des Français pour modèles. Viennent maintenant en sous-ordre les Dictionnaires de Raymond et de Landais. Nous ne dirons rien de celui de Raymond, parce que l’auteur, sentant le besoin de se faire lui-même justice, a voulu recommencer son œuvre sur un plan beaucoup moins défectueux, sur un plan supérieur peut-être à celui de Boiste ; par malheur, il s’est arrêté dès les premiers pas, et nous en exprimons ici notre regret sincère, car c’est une louable chose qu’un homme travaille pour le bien sur de nouveaux frais ; et il est fâcheux qu’après avoir pu achever un livre moins que médiocre, on soit contraint de suspendre la publication d’un bon. Nous voudrions être à même de nous taire ou de tenir le même langage à l’égard du Dictionnaire de M. Landais ; mais comme cet ouvrage a passé en faisant quelque bruit dans le monde, il est nécessaire que nous en rendions compte, quitte à troubler un peu la cendre des morts. Après tout, ce ne sera pas un sacrilége ; car M. Landais ne s’est pas toujours montré ni trop loyal, ni trop juste, dans les jugements qu’il a portés sur les travaux de ceux qui l’ont précédé. M. Landais avait sous la main l’Académie, Laveaux et Boiste. Quel but devait-il raisonnablement se proposer en publiant, après eux, un Dictionnaire ? De faire mieux ; c’est à quoi se condamne tout homme qui travaille sur le même sujet que ses devanciers. Or, pour peu qu’il eût été doué de l’esprit d’analyse, il lui eût été facile de comparer, de juger ces Dictionnaires l’un par l’autre, de signaler et de trouver les écueils, d’entrer dans la bonne route, et de l’élargir par sa propre méthode ; en un mot, de tenter avec gloire et profit une réforme urgente et généralement sentie dans le domaine de la lexicographie française. En fait, quelle œuvre a-t-il produite ? Une œuvre non pas supérieure, ni même seulement égale, mais de beaucoup inférieure à celles qu’il lui était commandé de surpasser. Abondance de mots et disette de choses, telle semble avoir été sa devise, et encore n’a-t-il été fidèle que sur le second point ; car, si les mots abondent dans ce Dictionnaire, ce sont en grand nombre des mots vieillis et passés, qui ne tiennent en rien à la langue usuelle ni au progrès des idées ; des mots extraits sans discernement du Dictionnaire de Trévoux, dans lequel on a laissé, soit dit en passant, toutes les bonnes choses qu’il y avait à prendre ; des mots, enfin, qui, semblables à des herbes nuisibles ou parasites, ont enserré et étouffé le bon grain. Voulez-vous la preuve détaillée de tout cela ? La langue française, proprement dite, occupe à peine un quart du Dictionnaire de M. Landais. Jugez de ce qu’elle a pu devenir confinée dans un si petit espace ! La mythologie, au contraire, couvre de ses inutilités plus d’un tiers de l’ouvrage, et le reste est rempli par la technologie et les sciences naturelles. Encore, si l’on avait puisé à des sources vives et limpides, au lieu de recourir à des citernes perdues ; si, préoccupé avant tout de l’importance et de l’intérêt du Dictionnaire que l’on entreprenait, on s’était mis, pour toutes choses, à la hauteur des idées actuelles, plutôt que de rétrograder d’un siècle, alors on eût mérité l’approbation ou l’indulgence publique, sinon pour la qualité de l’œuvre en elle-même, du moins pour les efforts qu’avait nécessités son accomplissement ; car, en agissant ainsi, l’auteur, à défaut de talent supérieur ou de génie, faisait preuve de conscience. Mais voici de quelle manière M. Landais a procédé, et nous en parlons sciemment. Il a pris la langue telle qu’elle était dans l’Académie ; et, comme il ne lui accordait que peu de place, il lui a fallu la mutiler sans pitié. Il a réduit, bouleversé le nombre déjà si restreint des acceptions, et retranché tous les exemples, comme chose superflue. Il n’a tiré aucun profit de la lecture de Laveaux ; il n’a emprunté à Boiste que quelques mauvais mots parmi ceux du vieux langage, sans s’apercevoir du méthodisme et de l’analyse dont était doué ce lexicographe. Pour ce qui est de la mythologie et de l’histoire naturelle, Trévoux lui a suffi, et il l’a copié servilement, à la lettre ; c’est aussi là qu’il a trouvé ces longues et fastidieuses tirades qui n’ont jamais eu de valeur pour personne et qu’on ne supporte pas aujourd’hui ; telles sont les dissertations sur les agapes, sur l’étymologie d’Afrique, etc., etc. Encore faut-il établir une large différence entre le commencement, le milieu et la fin de son ouvrage ; plus l’auteur avance, moins il a de respect pour les formes de notre belle langue, et c’est à peine si son second volume en est le simple vocabulaire. Que serait-ce si nous avions à juger la capacité littéraire de M. Landais, sa capacité de grammairien, de philosophe, de linguiste, capacité que le lexicographe doit posséder à un haut degré, et sans laquelle c’est toujours témérité, sinon sottise, d’entreprendre un Dictionnaire !

En résumé, donc le bon, le véritable Dictionnaire français n’existe pas. Existera-t-il ? et, d’abord, à quelle époque peut-il exister ? Tous les temps ne conviennent pas également pour cette lourde affaire. On ne commence ordinairement d’en sentir le besoin que lorsque la société atteint son plus haut période. Le progrès développé de la civilisation, l’importance de la nation, les grands hommes que son sein fait éclore, tout cela aide à former la langue, et c’est alors qu’ont lieu les premières ébauches d’un Dictionnaire. Qui ne comprend que, pour qu’un Dictionnaire soit à peu près complet, il faut que la civilisation, elle aussi, soit à peu près complète ; que le cycle des révolutions soit à peu près parcouru, et pour ainsi dire fermé ; que le sol social ait été remué, profondément sillonné en tout sens, retourné de fond en comble ; qu’un peuple se soit montré dans tout son jour, sous toutes ses faces, dans toutes ses gloires ; que son imagination ait abordé tous les genres ; que ses élans généreux se soient donné libre cours ; que son activité ait dévoré l’espace ? Il faut, en un mot, que la pensée et l’action sociales d’un peuple aient été tout ce que la providence de Dieu les destinait à être dans la grande évolution de l’humanité, pour que la langue de ce peuple soit entière autant que la langue humaine peut l’être. Dans ces circonstances, c’est vraiment l’histoire et la revue de la langue que le lexicographe a mission de faire ; mais c’est une histoire éminemment philosophique ; c’est une sorte de testament, ce sont comme les mémoires d’un peuple dont la tâche littéraire a été grande, glorieusement accomplie, et qui commence à vivre de ses souvenirs. Les peuples de l’antiquité n’étaient pas placés dans des conditions favorables pour faire des Dictionnaires ; aussi ne nous ont-ils rien laissé en ce genre, à part quelques essais informes qui attestent, il est vrai, l’érudition de leurs auteurs, mais qui, assurément, ne méritent pas le nom de lexiques. Chez eux, la société n’a pas ressemblé à la nôtre. Si longue qu’ait été l’existence de quelques-uns d’entre eux, elle n’a point eu de phases pleines, régulières, tranquilles. La loi fatale du combat, loi inhérente à l’humanité, surtout dans les premiers âges, semble avoir paralysé leurs qualités les plus splendides, leur organisation la plus magnifique. Depuis la fraction du genre humain en plusieurs peuples jusqu’à la pacification chrétienne, on n’entend que le cliquetis des armes, on n’assiste qu’à des catastrophes. Et puis il manquait l’imprimerie, ce grand levier avec lequel l’homme soulève ciel et terre, en prenant l’intelligence pour point d’appui. Vient le christianisme qui révolutionne, qui transfigure le monde. Sous son influence divine, les lettres et les sciences vont renaître ; mais par quels bouleversements encore ne faudra-t-il pas que passent les hommes pour arriver à l’état social où on les voit aujourd’hui ! Les barbares menaçaient de tout envahir ; il y avait urgence de sauver et besoin proportionné de connaître tout ce qui restait des littératures antiques. Aussi que faisaient ces nations modernes à l’aurore des siècles chrétiens ? Elles dressaient le catalogue, l’inventaire des langues mortes, principalement de celle des Romains et des Grecs ; mais pouvaient-elles penser à leurs propres Dictionnaires, lorsqu’elles n’avaient ni langue ni littérature encore en germe ? C’étaient des peuples tout nouveaux, des peuples enfants, des commencements de peuples, à l’abécé de la civilisation et de la parole. Il leur fallait grandir, développer leur nature matérielle et morale, parvenir à l’âge d’homme, se créer des trésors de toute espèce, mûrir et vieillir. Or, cela demande dès siècles et des siècles. Aussi n’est-ce guère qu’au quinzième siècle que les Européens sentirent le besoin de se créer des idiomes nationaux, selon les divisions du territoire. À cette époque, les migrations avaient eu lieu, la fusion des races s’était accomplie ; chaque nation, après avoir frayé avec toutes celles du continent, et s’être croisée avec des nations nouvelles, était rentrée dans de certaines limites, s’était creusé un lit avec la volonté d’y rester seule et d’avoir une existence à part. C’est de ce quinzième siècle qu’il faut dater la formation de la langue française en particulier. Jusqu’au dix-septième, cette langue prit donc un corps, si l’on peut ainsi parler ; puis l’astre de Lonis XIV se leva ; de parfaits écrivains, d’admirables génies parurent, et la langue reçut le souffle ou âme qui lui donna la vie. Sous Louis XIII, un ministre impérieux, qui avait le sentiment des grandes choses, mais qui rapetissait ces choses parce qu’il en faisait un sentiment d’ambition personnelle, Richelieu fonda l’Académie et la mit sous son superbe patronage. En 1694, l’Académie publia son Dictionnaire français. Ce Dictionnaire, nécessairement imparfait, ne pouvait être définitif. Comme nous l’avons dit, ce devait être une ébauche ; car, la langue étant en travail et appelée à grandir encore longtemps, le moment n’était pas venu de la relier, de l’habiller dans un Dictionnaire ; c’étaient des langes déjà trop étroits avant d’avoir été portés, tant la langue mettait de rapidité dans le développement et l’assouplissement de ses formes ! Cependant la grande impulsion littéraire était donnée ; l’esprit humain, émancipé de haute lutte et secondé par l’invention de la typographie, allait prendre un essor sublime, jusqu’à se brûler les ailes au soleil. Trop longtemps comprimé sous la noble pesanteur du sceptre monarchique, aux mains du grand roi, cet esprit impatient s’agite, sous la régence, et sous le lamentable règne qui la suit. Déjà, sous Louis XVI, la philosophie, cette fille aux allures cavalières et aux libres pensées, a tout envahi, tout mis en question dans l’ordre moral et politique ; les sciences, l’industrie, le commerce, marchent à pas de géant, et l’homme, animé d’une force inouïe, creuse dans les entrailles de la terre, ou lit par delà les plus hauts cieux, pour y surprendre le premier et le dernier des êtres. Enfin la monarchie tombe, et le vieil ordre de choses disparaît avec elle dans un abîme sanglant ; une jeune et ardente génération court à la gloire, s’en ressaisit, s’en accable pendant vingt ans ; puis la paix revient à la faveur d’une royauté mixte, et l’esprit scientifique, commercial, un moment retardé dans son vol, ouvre plus largement les ailes, et s’élance pour ne plus s’arrêter dans le champ infini des découvertes. Tel est le point où nous en sommes, tel est le point où se trouve le peuple français vis-à-vis de la civilisation moderne. Sans doute, ce peuple, debout depuis si longtemps, et si grand parmi les autres par la plénitude des faits qui marquent dans sa vie, n’en est pas encore, nous l’espérons du moins, à cet âge que l’on appelle déclin ou vieillesse, âge si triste pour les individus, et plus triste mille fois pour les empires ; mais on peut dire, sans préjuger témérairement de l’avenir, qu’il a fait plus qu’il ne fera pour sa gloire ; qu’il a écrit la plus grande partie de sa pensée, réalisé la plus grande somme de son action, et qu’il touche à cette maturité de l’existence où la jouissance est permise quand la propriété est légitime, et le repos honorable quand il est noblement acquis.

Aujourd’hui donc, la langue française est incomparablement plus complète que du temps de Louis XIV. Même comme langue usuelle, elle s’est considérablement développée. Comme langue scientifique, politique, etc., etc., quelle extension n’a-t-elle pas prise ! En vérité, nous ne concevons pas le dédain avec lequel de prétendus hommes de lettres, d’autant plus exclusifs qu’ils ont moins d’importance, traitent la nomenclature et les acceptions de la langue, sous le rapport des sciences, de la politique, de l’industrie, du commerce, en un mot, de l’omniprogrès social. Cette nomenclature et ces acceptions ne sont-elles pas le véritable corps de la pensée ? N’est-ce pas avec leur concours que cette pensée s’exerce sur la matière et explore la nature ? Qu’est-ce que la langue usuelle ? C’est la langue en elle-même, dans son expression morale, immatérielle. Mais la langue du travail, la langue de l’action, ne la comptez-vous pour rien ? Est-ce que l’homme, est ce que le genre humain a été jeté sur la terre pour s’y bercer mollement dans l’oisiveté contemplative de la pensée, et non pas pour y travailler simultanément des mains et de la tête, pour tirer de cette terre rebelle tout ce qu’elle est obligée de rendre, sous la fertilisation de ce riche mais bien coûteux engrais qui a nom sueur humaine ? Au dix-septième siècle, nous avons eu proprement la langue littéraire ; au dix-huitième, ç’a été la langue philosophique, tourmentée d’un instinct de réforme, et du besoin de tout raser pour tout rebâtir ; au dix-neuvième appartient la langue de la pensée et de l’action ; en d’autres termes, à ce siècle était réservé de mettre la pensée au service de l’action, et l’action au service de la pensée.

À ce titre, notre époque est tout à fait convenable pour une grande œuvre lexicographique. La langue a besoin non pas d’être bornée, mais fixée, ce qui est une tout autre chose. On borne une langue principalement par la nomenclature et l’acception générique des mots ; on la fixe surtout par la syntaxe et par la détermination figurée des nuances ; aussi entreprenons-nous de donner à la langue française toute la fixité désirable. Selon nous, l’abus des mots est la plus forte cause des mauvais raisonnements ; selon nous, encore, cet abus est étrange aujourd’hui ; ce qui est l’effet inévitable d’une liberté illimitée dans l’esprit et dans les mœurs sociales. Effleurant la question du perfectionnement et de la décadence des lettres, nous poserons en principe qu’une langue se perfectionne ou déchoit par ce qu’elle rejette et par ce qu’elle acquiert ; ce qui nous conduit à examiner quelles proscriptions on fait subir à la langue, et de quelles acquisitions on l’enrichit. Or le nombre actuel des écrivains ou de ceux qui en usurpent le nom est immense; mais combien parmi eux compte-t-on d’écrivains d’élite, ou seulement d’écrivains du second, du troisième ordre ? Certes, si l’on évaluait les auteurs par la supputation des volumes qu’ils publient, nous aurions toute une armée de grands hommes ; il en est tout autrement q nana on recherche la qualité, au lieu de la quantité des ouvrages ; ce qui n’empêche pas que nous ayons à la tête du mouvement littéraire une petite phalange, un bataillon serré d’hommes illustres dont la France s’enorgueillit à bon droit. Mais dans les régions inférieures, où nos lilliputiens foisonnent et s’agitent, il faut avouer qu’on parle de singuliers idiomes ! On dirait que Dieu, voulant punir ces écrivains de toute espèce des monstrueuses aberrations de leurs pensées et de l’orgueil toujours montant de leur cœur, les a frappés d’une nouvelle confusion des langues ; et, si nous n’avions pas une autre Babel, nous en élèverions facilement une qui toucherait de la terre au ciel, en empilant ces myriades de volumes que chaque armée voit éclore et périr : l’un, au moins, console un peu de l’autre ; il n’y a que les auteurs qui ne se consolent pas de cette fin prématurée de leurs œuvres. Ce qui précipite tant de jeunes écrivains dans la mauvaise voie, c’est le manque de précision dans les idées, de forme arrêtée sur aucune matière ; de là l’impropriété des termes, et celles des tours. On cherche à se distinguer par le langage, parce qu’on ne saurait se distinguer par l’esprit ; on assemble, on accumule forcément des figures incohérentes, et l’on donne cela pour de l’imagination ; on s’étudie à trouver des alliances de mots inusitées ; dont le moindre défaut est une prétentieuse recherche, et l’on croit faire du style. La pente est rapide, le torrent envahisseur ; quelle digue lui opposer ? Un bon, un vrai Dictionnaire.

Celui que nous avons entrepris atteindra-t-il ce but ? Répondra-t-il à toutes les exigences ? Nous ne savons. C’est au pays que nous l’offrons ; il a été entrepris pour son honneur, et avec l’intention que nous ne fussions plus réduits à céder la palme de la lexicographie aux nations étrangères. Nous n’avons certainement pas la prétention de croire que nous soyons arrivé à la perfection du premier coup ; mais, malgré son imperfection, nous croyons notre travail supérieur à tout ce qui a été fait. Rien de semblable jusqu'ici n’avait encore été tenté. Nous sommes entré dans une voie tout à fait nouvelle, et si parfois il nous est arrivé de faillir, qu’on veuille bien considérer que nous n’avons succombé que sous le faix d’une tâche qui n'a encore été achevée par aucune force humaine. Quant à ceux qui ne verraient que les omissions, les inadvertances dans lesquelles nous avons pu tomber, et oublieraient les nombreuses améliorations que nous avons essayé d’introduire, nous leur dirons ce que d’Alembert disait à propos de l’Encyclopédie : « Ceux qui ont attaqué cet ouvrage auraient été bien embarrassés pour en faire un meilleur, et il est si aisé de faire d’un excellent Dictionnaire une critique tout à la fois très-vraie et très-injuste ! Dix articles faibles qu’on relèvera contre mille excellents dont on ne dira rien, en imposeront au lecteur. »

Nous serions bien certainement coupable d’ingratitude si nous terminions ces lignes sans offrir ici le tribut de notre reconnaissance aux nombreux souscripteurs qui se sont empressés de nous honorer de leur précieux suffrage, ainsi qu’à la presse de Paris et des départements, dont les éloges sont venus dominer les quelques critiques malveillantes qui, dès le principe, cherchaient à se faire jour.


Avant la publication de notre Dictionnaire, celui de M. Landais s’intitulait tout simplement : Dictionnaire général des Dictionnaires, ce qui pouvait paraître un peu ambitieux ; mais du moins il n’y avait rien à dire sous le rapport de la correction. Depuis, on a trouvé que ce qui n’était que français n’était pas tout à fait français ; et jaloux d’une épithète qui fait partie de notre sous-titre, on a mis : Grand Dictionnaire général des Dictionnaires. Jamais emprunt ne fut plus maladroit, et il est honteux qu’un Dictionnaire français ou qui a la prétention de l’être, débuté précisément par un ridicule pléonasme. Si M. Landais est tenté de nous faire plus tard quelques emprunts, ce qui ne peut manquer d’avoir lien, nous souhaitons du moins qu’il soit plus heureux.