Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/RÉVOLUTION

RÉVOLUTION : je n’ai pas besoin d’expliquer le mot, je n’ai que des vœux à faire pour la chose. Voyez Contre-révolution.

Louis XIV, si dans le séjour des morts le ciel réserve quelques peines à ces monarques orgueilleux, qui dirent comme toi mes sujets, & comme roi les compterent pour rien, la plus sensible sans doute que tu puisses éprouver, sera celle d’entendre le récit de notre révolution. Mais il ne faut pas que tu souffres seul, seul tu ne fis pas le mal, tu feras partager ton tourment à ce superbe Richelieu, à ce vil Mazarin, qui préparerent ton regne & te rendirent despote. Tu appelleras l’implacable Louvois, pour qu’il entende parler de la responsabilité des ministres. Tu appelleras le cruel le Tellier & ton pere la Chaise, pour que le premier sache que les enfans de ces protestans qu’il égorgea, nous allons les embrasser, qu’ils vont devenir nos freres, qu’ils vont rentrer dans l’héritage dont il les avoit spoliés. Pour que ton Jésuite apprenne que ses Jésuites ne sont plus, ni les moines qui les haïssoient, & se réjouirent charitablement de leur chute ; pour qu’il apprenne, enfin, qu’il n’est plus de Bastille ni de lettres-de-cachet. Tu feras venir aussi ton d’Antin, qu’il sache qu’il eut un successeur, & que ce vil successeur fut obligé de se dérober honteusement à la haine publique. Tu rappelleras sur-tout ton petit-fils Louis XV, qu’il vienne & soit suivi de son vieux Fleuri qui le tint si long-temps en jaquette, du Bourbon qui n’auroit jamais dû jouer le rôle de ministre ; des Belle-Isle qui l’obérerent par leurs vains projets & le déshonorerent par leur inconséquence, du présomptueux Choiseul & des caillettes politiques qui essayerent avec lui de changer la face de l’Europe. Tu n’oublieras point de Philippe qui régenta si follement ; son Dubois si digne de la lanterne ; & son Law dont l’esprit semble nous animer encore.

Oh ! Louis le Grand, que Louis XVI rend si petit, que deviendront tes bottes & ton fouet quand tu apprendras les détails du 17 juillet 1789, & ceux de la séance du 4 février 1790 ; tu te croiras au pays des fables. Richelieu, Mazarin, Fleuri & la sequelle ministérielle qui sera accourue à ta voix, ainsi que cette nombreuse comitive de ducs dont tu remplis ta cour, tout cela fuira vers le Ténare au récit de ce qui se passa dans la nuit du 4 août 1789, & le 13 février 1790.