Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/PAROLE

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PAROLE : dans l’ancien régime, le don de la parole étoit le don des phrases. Il y avoit des paroliers en titre d’office comme il y avoit des perruquiers. Ces ceux communautés avoient leurs jurés & leur tableau. On n’étoit retranché de celui des perruquiers qu’en cas de vente ou de décès, mais on rayoit du tableau des paroliers celui qui étoit parvenu à se rendre digne d’y être inscrit. Ce statut étoit bizarre ; cette communauté en avoit de plus bizarres encore, ne fût-ce que celui de se qualifier de corps.

Dans le nouveau régime, le don de la parole sera comme chez tous les peuples libres, le moyen qui conduira à tous les moyens ; & les François qui perfectionnent tout & n’inventent rien, à ce que disent les Anglois qui n’inventent plus, les François pousseront l’art de parler en public beaucoup plus loin que ne l’ont fait les Démosthenes & les Cicéron. Non-seulement les assemblées nationales, les communes auront les leurs ; mais encore il ne sera point de petite municipalité, de district de fauxbourg qui n’ait le sien. Autrefois nos vaudevilles couroient l’Europe, désormais ce sera nos discours qu’on exportera. Ce sera peut-être l’un & l’autre, car il n’est pas impossible de faire un discours en vaudevilles[1].

Demander la parole, avoir la parole, &c. Voyez Assemblée, Motion, &c.

  1. L’auteur de ce dictionnaire a deviné nos talens ; car il vient de paroître un discours en vaudevilles sur la liberté, qu’on attribue à M. l’abbé Chaufet ; c’est la touche de Panard ; la musique est du virtuose M. l’abbé Multo. Note fournie par un des auteurs de l’Almanach des Muses.