Dictionnaire national et anecdotique par M. De l’Épithète/ARGENT

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ARGENT, considéré comme monnoie. Parmi nos ancêtres, en 1787, 88 & 89, l’argent étoit le représentatif des denrées ; aujourd’hui il est denrée lui-même, on vend nos écus à Londres, on en exporte à Turin, en Allemagne. Ici on les emmagasine, on les enterre pour les conserver, comme si l’on craignoit que cette précieuse denrée ne subit quelqu’avarie pendant l’arriere-saison. On assure cependant qu’elle sera mise au grand air dans les premiers jours de juillet.

François ! nation libre ! mais qui n’avez pas le sou, que ces momens de pénurie dans lesquels vous allez vivre ne vous désesperent point ; ils vont vous faire pratiquer des vertus que vous n’aviez point, & qui sont nécessaires à un peuple qui se régénere. Vous connoîtrez la sobriété ; vous n’aurez plus de Laïs, & vous abandonnerez ce luxe qu’on vous reprochoit ; ce luxe qui n’est pas fait pour des hommes libres, & que vous laisserez à des Sybarites qui ont des rois & leur obéissent.

Nota. Comme on disoit autrefois marchand de grains, on dit aujourd’hui marchand d’argent.

Il y a dix-huit mois on vous disoit : M. l’intendant un tel est un marchand de grains ; aujourd’hui on crie à qui veut l’entendre, Messieurs les A… D. L. C., &c. sont des marchands d’argent. Est-ce calomnie ? Je le crois.

Négocians, négocians ! ce commerce fera tomber le vôtre.