Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Yesdhoon

Henri Plon (p. 707).
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Yesdhoon. Le missionnaire hébraïsant Wolff s’entretint, à Ispahan, avec des adorateurs du feu, sectateurs de Zoroastre ; nous leur donnons le nom de Guèbres, ils s’appellent entre eux Bedhin. Ils adorent un dieu unique qu’ils désignent par le mot d’Yesdoon-Urmuzd (Ormusd) et auquel ils attribuent, mille et un noms (ce nombre de 1,001 a toujours passé en Orient comme doué d’une vertu mystique) ; ils rendent de plus un culte à trois anges qui protègent l’un le feu, l’autre l’eau, le troisième les arbres et les moissons. Ils entretiennent, avec du bois d’aloès et de santal, un feu constamment allumé et dont ils n’approchent qu’avec une extrême vénération. Une de leurs légendes raconte que Zoroastre, entra dans un brasier ardent, s’y promena tout à son aise, y coucha, y dormit, en sortit frais comme un homme qui vient de se plonger dans les flots limpides d’un torrent.

Ces sectaires prétendent être en possession, du livre Yashd, dont voici la propriété : celui qui se sert de ce livre pour faire ses prières meurt, il est vrai, tout comme un autre, mais, après son trépas, son cadavre répand un parfum délicieux. Les exemplaires du livre Yashd sont d’une rareté insigne. Les Bedhin croient que le monde doit finir par être réduit en cendres ; ils avouent ne pas savoir quand, mais ils n’ignorent point que dès qu’il aura été détruit, Dieu en refera un autre et que cette création nouvelle se reproduira dix-huit mille fois de suite. Un Bedhin reçoit à l’âge de sept ans une ceinture qu’il ne doit jamais quitter une seule minute ; cette ceinture est garnie de quatre boutons ; c’est un emblème des quatre prières à faire par jour. Si sa maison devient la proie d’un incendie, il se garde bien de faire quoi que ce soit pour essayer d’éteindre le feu ; il se prosterne et regarde brûler[1].


  1. Mémoires et correspondance de Wolff, analysés dans le Quotidienne.