Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Transmigration des âmes

Henri Plon (p. 664).

Transmigration des âmes. Plusieurs anciens philosophes, comme Empédocle, Pythagore et Platon, avaient imaginé que les âmes, après la mort, passaient du corps qu’elles venaient de quitter dans un autre corps, afin d’y être purifiées avant de parvenir à l’état de béatitude. Les uns pensaient que ce passage se faisait seulement d’un corps humain dans un autre de même espèce. D’autres soutenaient que certaines âmes entraient dans les corps des animaux et même dans ceux des plantes. Cette transmigration était nommée par les Grecs métempsycose et métensomatose. C’est encore aujourd’hui un des principaux articles de la croyance des Indiens. Ce dogme absurde, enfanté par le panthéisme, leur fait considérer les maux de cette vie, non comme une épreuve utile à la vertu, mais comme la punition des crimes commis dans un autre corps. N’ayant aucun souvenir de ces crimes, leur croyance ne peut servir à leur en faire éviter aucun. Elle leur inspire de l’horreur pour la caste des parias, parce qu’ils supposent que ce sont des hommes qui ont commis des forfaits affreux dans une vie précédente. Elle leur donne plus de charité pour les animaux même nuisibles que pour les hommes, et une aversion invincible pour les Européens, parce qu’ils tuent les animaux. Enfin, la multitude des transmigrations leur fait envisager les récompenses de la vertu dans un si grand éloignement qu’ils n’ont plus le courage de les mériter[1].


  1. Bergier, Dictionnaire de théologie.