Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Steinlin

Henri Plon (p. 634).
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Steinlin (Jean). Le 9 septembre 1625, Jean Steinlin mourut à Altheim, dans le diocèse de Constance. C’était un conseiller de la ville. Quelques jours après sa mort, il se fit voir pendant la nuit à un tailleur nommé Simon Bauh, sous la forme d’un homme environné de flammes de soufre, allant et venant dans la maison, mais sans parler. Bauh, que ce spectacle inquiétait, lui demanda ce qu’on pouvait faire pour son service ; et le 17 novembre suivant, comme il se reposait la nuit dans son poêle, un peu après onze heures du soir, il vit entrer le spectre par la fenêtre, lequel dit d’une voix rauque : — Ne me promettez rien, si vous n’êtes pas résolu d’exécuter vos promesses. — Je les exécuterai, si elles ne passent pas mon pouvoir, répondit le tailleur. — Je souhaite donc, reprit l’esprit, que vous fassiez dire une messe à la chapelle de la Vierge de Botembourg ; je l’ai vouée pendant ma vie, et ne l’ai pas fait acquitter ; de plus, vous ferez dire deux messes à Altheim, l’une des défunts et l’autre de la sainte Vierge ; et comme je n’ai pas toujours exactement payé mes domestiques, je souhaite qu’on distribue aux pauvres un quarteron de blé.

Le tailleur promit de satisfaire à tout. L’esprit lui tendit la main, comme pour s’assurer de sa parole, mais Simon, craignant qu’il ne lui arrivât quelque chose, présenta le banc où il était assis, et le spectre, l’ayant touché, y imprima sa main, avec les cinq doigts et les jointures, comme si le feu y avait passé et y eût laissé une impression profonde. Après cela, il s’évanouit avec un si grand bruit qu’on l’entendit à trois maisons plus loin. Ce fait est rapporté dans plusieurs recueils.