Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Serpent

Henri Plon (p. 605).
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Serpent. C’est sous cette figure redoutée que Satan fit sa première tentation. Le serpent noir de Pensylvanie a le pouvoir de charmer ou de fasciner les oiseaux et les écureuils : s’il est couché sous un arbre et qu’il fixe ses regards sur l’oiseau ou l’écureuil qui se trouve au-dessus de lui, il le force à descendre et à se jeter directement dans sa gueule. Cette opinion est justement très-accréditée, et ceux qui la nient parce qu’elle tient du merveilleux ne connaissent pas les effets de la fascination naturelle. Il y a dans les royaumes de Juida et d’Ardra, en Afrique, des serpents très-doux, très-familiers, et qui n’ont aucun venin ; ils font une guerre continuelle aux serpents venimeux : voilà sans doute l’origine du culte qu’on commença et qu’on a continué de leur rendre dans ces contrées. Un marchand anglais, ayant trouvé un de ces serpents dans son magasin, le tua, et, n’imaginant pas avoir commis une action abominable, le jeta devant sa porte. Quelques femmes passèrent, poussèrent des cris affreux, et coururent répandre dans le canton la nouvelle de ce sacrilège. Une grande fureur s’empara des esprits : on massacra les Anglais ; on mit le feu à leurs comptoirs, et leurs marchandises furent consumées par les flammes.

 
 

Des chimistes ont soutenu que le serpent, en muant et en se dépouillant de sa peau, rajeunit, croît, acquiert de nouvelles forces, et qu’il ne meurt que par des accidents et jamais de mort naturelle. On ne peut pas prouver par des expériences la fausseté de cette opinion ; car si l’on nourrissait un serpent et qu’il vînt à mourir, les partisans de son espèce d’immortalité diraient qu’il est mort de chagrin de n’avoir pas sa liberté, ou parce que la nourriture qu’on lui donnait ne convenait point à son tempérament.

On dit qu’Ajax, roi des Locriens, avait apprivoisé un serpent de quinze pieds de long, qui le suivait comme un chien et venait manger à table. Voy. Alexandre de Paphlagonie, Âne, Harold, Haridi, etc.