Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Sacrifices

Henri Plon (p. 590).
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Sacrifices. L’homme, partout où il a perdu les lumières de la révélation, s’est fait des dieux cruels, altérés de sang, avides de carnage. Hérodote dit que les Scythes immolaient la cinquième partie de leurs prisonniers à Mars Exterminateur. Autrefois les Sibériens se disputaient l’honneur de périr sous le couteau de leurs prêtres. — Tout cela est un mystère, sur lequel on doit lire ce qu’en a écrit Joseph de Maistre.

Il y avait un temple chez les Thraces où l’on n’immolait que des victimes humaines ; les prêtres de ce temple portaient un poignard pendu au cou, pour marquer qu’ils étaient toujours prêts à tuer. Dans le temple de Bacchus, en Arcadie, et dans celui de Minerve, à Lacédémone, on croyait honorer ces divinités en déchirant impitoyablement, à coups de verges, de jeunes filles sur leurs autels. Les Germains et les Cimbres ne sacrifiaient les hommes qu’après leur avoir fait endurer les plus cruels supplices. Il y avait dans le Pégu un temple où l’on renfermait les filles les plus belles et de la plus haute naissance ; elles étaient servies avec respect ; elles jouissaient des honneurs les plus distingués ; mais tous les ans une d’elles était solennellement sacrifiée à l’idole de la nation. C’était ordinairement la plus éclatante qui avait l’honneur d’être choisie ; et le jour de ce sacrifice était un jour de fête pour tout le peuple. Le prêtre dépouillait la victime, l’étranglait, fouillait dans son sein, en arrachait le cœur, et le jetait au nez de l’idole. Les Mexicains immolaient des milliers de victimes humaines au dieu du mal. Presque tous les peuples, hors le peuple de Dieu dans l’ère ancienne et les chrétiens dans la nouvelle, ont exercé sans scrupule de pareilles barbaries.

C’est un usage établi à Benin de sacrifier aux idoles les criminels ; on les réserve dans cette vue. Ils doivent toujours être au nombre de vingt-cinq. Lorsque ce nombre n’est pas complet, les officiers du roi se répandent dans l’obscurité de la nuit et saisissent indistinctement tous ceux qu’ils rencontrent ; mais il ne faut pas qu’ils soient éclairés par le moindre rayon de lumière. Les victimes saisies sont remises entre les mains des prêtres, qui sont maîtres de leur sort. Les riches ont la liberté de se racheter, ainsi que leurs esclaves ; les pauvres sont sacrifiés.

Ce qu’on appelait l’hécatombe était le sacrifice de cent victimes, proprement de cent bœufs, mais qui s’appliqua dans la suite aux sacrifices de cent animaux de même espèce, même de cent lions ou de cent aigles ; c’était le sacrifice impérial. Ce sacrifice se faisait en même temps sur cent autels de gazon par cent sacrificateurs.

On accusait les sorciers de sacrifier au diable, dans leurs orgies, des crapauds, des poules noires et de petits enfants non baptisés : belle assimilation !